La notion de circuit court dérive aujourd’hui peu à peu de son sens d’origine. La définition des circuits courts, admise par l’administration, correspond à une vente présentant un intermédiaire au plus. Que ce soient les sites d’e-commerce, les revendeurs des marchés, la distribution spécialisée ou la GMS… Tous peuvent donc prétendre être en circuit court. Nombre de campagnes de communication en attestent.
Or, dans l’esprit du consommateur, le circuit court est un moyen plus direct et vertueux de consommer. Pourtant, dans les faits, il y a un écart entre cette perception et la réalité des pratiques de certains acteurs des circuits courts. Depuis quelques années, le circuit court est devenu un concept tarte à la crème très bien maîtrisé par les communicants des enseignes qui en jouent et en abusent.
Greenwashing, quand tu nous tiens !
La notion de marge en question
Il s’agit bien de comparer ce qui est comparable et à commencer par les pratiques en matière de marges. Avec un intermédiaire, le circuit court ne rime pas avec tarifs ajustés pour le consommateur et juste rémunération pour celui qui produit ou transforme. C’est l’intermédiaire qui fixe les prix, et ajoute ainsi la marge qu’il estime nécessaire (a minima 20 % quel que soit le type de circuit et souvent bien plus).
Les changements de comportements alimentaires amplifiés par la crise du covid ne font que confirmer une tendance de fond qui veut rebattre les cartes de la distribution alimentaire.
Selon une étude de l’INRAE, les motivations pour fréquenter les circuits-courts sont variées, liées à la notion de développement durable.
Le circuit très court : la version upgradée du circuit-court !
Les principes :
- pas d’intermédiaire, le producteur fixe le prix de vente et donc sa juste rémunération ;
- le consommateur achète le plus près possible de chez lui et participe au développement de son territoire ;
- le lien entre producteur et consommateur est maintenu ;
- un label atteste de l’engagement sur la qualité (a minima AB, ou mieux Nature & Progrès ou Demeter) ;
- une information sur la provenance et le nombre de km parcourus par le produit ;
- une démarche zéro déchet (vrac et reprise des contenants) ;
- une démarche zéro gaspillage avec une pré-commande qui garantit la livraison des justes quantités. En termes d’impact CO2, la vente des produits de proximité en Circuit Très Court implique un transport et une logistique optimisés. Impensable de demander au consommateur de faire le tour de tous les exploitants de son secteur. Pas plus que d’imaginer qu’un camion et un livreur viennent jusque dans votre cuisine. Dans cette configuration, l’impact CO2 est proche de 474g de CO2 produit / kg d’aliment transporté ! (source Sustainability portant sur 7 pays). La solution, la livraison et la réception groupée des commandes de plusieurs producteurs. Soit sur l’exploitation ou en points relais. Ce format permet de réduire l’impact à 80gCO2/kg, soit 2 fois moins qu’en circuit long!
Le circuit très court revient aux valeurs initiales du circuit court. Il permet à celui qui produit de retrouver la maîtrise de sa marge et reconnecte les consommateurs à leur territoire.
Près d’un tiers des agriculteurs ont plus de 55 ans. En l’état actuel des circuits de distribution et des faibles marges obtenues, le métier manque de candidatures.
Avec le Circuit Très Court, il va redevenir attractif !