Opinions
Dans le port d’Amsterdam…
Il y a 49 ans, sur mon premier petit voilier en acier de 9 m 33 exactement, construit au nord des Pays-Bas, je traversais Amsterdam pour me rendre en Méditerranée par les canaux et rivières via la Belgique et la France. J’attendais mon premier bébé. Et partais pour un premier tour du monde à la voile. Je partais à la découverte, vers l’inconnu. Le but essentiel était de vivre avec des enfants loin de la pollution, loin des nuisances sonores, loin des rythmes imposés et effrénés des villes. J’aurais pu choisir plus simple, rester, comme ma famille, en Polynésie ! Mais je voulais tout à la fois ! J’avais besoin de voyager, de rencontrer des êtres humains différents, de me plonger dans la foule des vivants, de parler d’autres langues, de partager avec les autres les progrès techniques les plus avancés, tout en gardant les deux pieds dans la nature. Tout en gardant la mer, la montagne, la forêt accessibles à tout moment. Le voilier pour maison était un très bon choix pour de nombreuses années. Puis, j’ai fini par comprendre que tout cela était aussi possible même en habitant une grande ville. Nous avons des jambes et un cerveau ! Un cerveau que nous partageons – restons modestes – avec toute la nature : insectes, plantes, animaux. Et, comme les fourmis, nous sommes grégaires, nous avons besoin d’unir nos moyens de subsistance pour vivre bien. Pour évoluer. Pour partager. Nous entraider. Pour progresser, surtout. Nous enrichir au plan humain. Alors, je suis retournée à Amsterdam. Et j’ai vu dans ce port un exemple possible de grande ville où l’on se déplace presque sans bruit, à vélo essentiellement, où les voitures roulent très lentement sans klaxonner, où aucun véhicule ne projette de fumées noires. Une ville où il est possible de laisser son vélo 10 minutes devant un magasin pour faire ses courses sans être obligé de l’attacher. Une ville à la pointe du développement culturel, et scientifique aussi. Et j’ai pensé à la COP21 ! Notre COP21 mondiale. J’ai pensé aussi à tous ces gens qui se font élire un peu partout dans le monde pour veiller au bien-être de chacun ! Tous, partout, ne parlent que d’améliorations matérielles exclusivement. Moins de carbone, bien sûr ; plus de logements, évidemment ; plus de nourriture, cela va de soi. Comme si le confort matériel, indispensable – nous le savons tous –, suffisait à rendre la vie plus agréable. Comme si la culture, la musique, le chant, la capacité à faire du vélo, la délicatesse, la courtoisie, la gentillesse allaient de soi dès que les conditions matérielles sont bonnes. Ce fut la très grande illusion du siècle passé ! Et cette illusion a cultivé l’idée que plus chacun possède, plus le monde est heureux. Que le bonheur était lié à la richesse. Il serait peut-être temps d’essayer de prendre nos difficultés par un autre bout ! Mettre des vélos dans toutes les villes, c’est bien. Mais donner des cours pour apprendre à tout le monde à faire du vélo, ce serait mieux ! Apprendre à tout le monde à chanter, en commençant par les écoles – où l’on chante si peu –, mais aussi au travail, tout simplement dans la vie de tous les jours, chasserait bien des ruminations ! Et même si, comme le matérialisme à tout prix, ce n’était qu’une grande illusion, ce serait au moins une illusion joyeuse !
Que 2016 soit pour nous tous un pas franchi vers plus de moments partagés, de plaisirs gratuits ; par exemple, à vélo, comme dans le port d’Amsterdam ! Ça ne donne pas envie de chanter, ça ?
Et plus on suit les conseils de l’écolomag, plus notre voix est claire ! Vive 2016 !!!
France Guillain
www.bainsderivatifs.fr
Facebook : France Guillain
Mar 11, 14:29