LES HUMEURS DE LA CHOUETTE
« Le plaisir de la critique nous ôte celui d’être vivement touchés de très belles choses. »
Jean de La Bruyère
Lettre à Marion
A priori, je n’avais aucune raison de t’écrire. Mais bon, c’est quand j’ai vu qu’ils étaient pleins à se moquer de toi que je me suis fendue d’une plume. J’ai bien vu qu’ils n’étaient pas très gentils, comme quoi tu faisais de la pub pour un marchand de sacs, et qu’en plus, tu n’avais pas bien lu ton texte pour changer le monde et que c’était « moyen » pour l’écologie. C’est vrai que, pour le coup du texte, tu nous l’as fait un peu scolaire pour une « oscarisée ». T’étais mieux dans la peau de la môme Piaf. À propos de piaf, c’est à ça que tu m’as fait penser pendant ce discours, un petit piaf, aux yeux baissés, en panique devant tous ces gens « importants » qui étaient venus à Manille et t’écoutaient avec plus ou moins d’attention. Bizarre, surtout venant d’une courageuse comme toi. Après tout, il fallait avoir le cran de s’enfermer dans une cage pour attirer l’attention sur des militants de Greenpeace détenus en Russie. Ta sincérité m’avait attendri avec ta pancarte « I’m a climate defender » (« Je suis un défenseur du climat ») accrochée autour du cou. Et puis les procès en « légitimité » me fatiguent un peu. Comme si tu avais besoin de publicité pour remplir les salles de cinéma. Je sais que la plupart des « critiqueurs » sont des gens sincères et qu’ils veulent la même chose que moi, ou à peu près. Je sais qu’ils veulent un monde meilleur. Je sais que, comme moi, ils sont morts de rage devant tous ces salopards qui nous gâchent la planète. Mais je sais aussi que nous devons être les plus nombreux possible pour y arriver. Ce n’est pas en se moquant des maladresses d’une comédienne engagée, en jetant des ordures sur un Nicolas candidat dans un parti écolo, ou en conspuant une ritournelle chantée pour une association qui donne du manger aux nécessiteux que les choses vont s’arranger.
Alors, ce message s’adresse à vous, ceux de mes amis écolos, à la dent un peu dure : moi, je vous aime. Alors, laissez-moi continuer à le faire et ne soyez pas trop méchants avec les gens qui ne sont pas aussi parfaits que vous… Vous verrez, ils seront très utiles !
Naturellement vôtre,
La Chouette
Mar 11, 14:29