LES HUMEURS DE LA CHOUETTE
Lettre ouverte à un copain paysan
Comment te dire ? Oui, comment te dire des trucs que tu vas pas aimer. Je sais que tu ne gagnes en moyenne que 400 euros par mois et que tu bosses comme un calu. Je sais que tu transpires dès que le facteur t’apporte un courrier du Crédit Agricole.
Je sais que les grandes surfaces te sucent la moelle mieux qu’un seigneur du Moyen Âge au temps du servage. Je sais même qu’en France, un paysan se flingue tous les 2 jours. Je sais qu’au milieu de tous tes ennuis, la valse-hésitation de la Commission européenne sur le glyphosate est pain béni. Toujours ça de gagné ! Un peu d’air. Tu es en apnée depuis si longtemps ! En plus, tu sais vraiment pas comment le remplacer, ton damné herbicide. Il faut produire ! Et pourtant, je dois te dire que cette histoire de glyphosate nous cause souci.
Aujourd’hui, nous savons que ces désherbants sont du poison, c’est périlleux, cancérigène et tout le toutim. Pourtant, tu t’en sers depuis 40 ans. Tu fais gaffe, tu lis la notice et tous tes voisins en ont, à part cet allumé dans le canton qui fait du bio. En plus, l’allumé, tu lui parles plus vu qu’il te fait la misère au moment de la chasse, et qu’il raconte à qui veut l’entendre que son métier c’est de nourrir les gens, pas de les empoisonner. Pourtant, tu fais tout bien, tu respectes la loi. Et puis, c’est pas des « bobos » qui vont t’apprendre la vie et payer tes factures. Toi aussi, c’est ton métier de nourrir les gens, pas de les empoisonner !
Mais je vais te dire un truc, ami paysan, avec tout le respect que je te dois. Aujourd’hui, tu sais pour le Roundup ! Tu sais que tous ces produits, ça fait du mal, et ça, ce n’est pas ton métier ! Je ne connais pas la solution à ton problème, copain. Je sais simplement que c’est pas toi le méchant, mais que tu dois changer des pratiques dans ton travail. En plus, personne ne t’aide. Pas facile !
Écoute, demande à ton voisin l’allumé qui fait du bio comment il s’en sort. Et puis, tranquille, à la fraîche, fais-toi une opinion et fonce. Tu vas t’en sortir… Tu vas nous en sortir, mon pote ! Je crois que tu es même un des seuls à pouvoir le faire !
Naturellement vôtre,
La Chouette
Mar 11, 14:29