Fermons la parenthèse !
Olivier Guilbaud
Jusqu’à l’avènement du pétrole à la fin du 19e siècle, notre civilisation était essentiellement renouvelable.
Les circuits courts et la règle des 3R – Recycler/Réutiliser/Réparer – étaient une norme séculaire.
Le développement de la chimie moderne, avec le pétrole, les énergies, a été un formidable facteur de progrès : espérance de vie en hausse, qualité de vie profondément améliorée…
L’homme a créé, façonné son époque, en prenant une place prépondérante sur Terre et en ayant des impacts liés à son activité tellement importants (émission de carbone, perturbation de la biodiversité, urbanisation…) que certains scientifiques parlent aujourd’hui de l’anthropocène (une ère géologique à part entière en raison de l’influence globale de l’homme sur la planète). Comme son nom l’indique, c’est l’âge de l’homme !
Un âge qui sonne certainement le glas d’un mode de consommation où le jetable est en fait durable pour la Nature, pollue les océans et encombre les déchetteries. Nous arrivons en effet à la limite du système, en particulier pour les générations futures. Les fameux « signaux faibles » de cette prise de conscience ont démarré il y a bien longtemps, en restant très localisés et l’apanage de quelques soidisant « illuminés », ou en étant très globaux et sans effet immédiat (création du Club de Rome en 1968 pour réfléchir aux impacts du développement humain).
La bonne nouvelle, c’est que nous arrivons à un point de bascule : ces idées, qui étaient « décalées » ou en contradiction avec la pensée ultra-majoritaire, deviennent une tendance à la mode. Je suis convaincu que cette mode sera bientôt une norme et un formidable renouveau de notre société, qui se reconnectera au bon sens. La redécouverte de la biomasse, les nouvelles bioressources et autres biomatériaux n’en sont que les émergences….
Je suis convaincu que les ressources, avec au 1er rang le pétrole et le gaz – gaspillés comme jamais –, seront des parenthèses bien courtes à l’échelle de l’histoire humaine.
Les préoccupations qui ont émergé autour du carbone seront vite complétées par celles sur la biodiversité, puis d’autres. Une biodiversité capitale qui est peu enseignée à l’école, sauf à parler de l’ours polaire sur la banquise…
Saviez-vous qu’il y a 2 à 3 tonnes de vers de terre par hectare de terre ? Indispensables auxiliaires pour un beau jardin et des cultures productives.
Saviez-vous que de petits éléments insignifiants sont à la base de notre confort de vie ? Les abeilles et les insectes pollinisateurs qui nous permettent de manger de bons fruits et légumes.
Nous vivons hors-sol, parfois ne sachant plus comment pousse un radis. Il est temps de se reconnecter, de vivre dans notre Maison en la respectant pour qu’elle retrouve solidité et capacité à résister au temps : ouvrons-la sur l’extérieur en intégrant les grands principes naturels, que nous commençons heureusement à retrouver.
Le soleil est une source d’énergie inépuisable. Le végétal, les bioressources, les produits usagés sont des réserves inépuisables, pour manger, se chauffer, se laver, se déplacer. Le frémissement est général. La question n’est plus d’y aller ou pas, mais de comment et à quelle vitesse : le bâtiment intègre du ciment recyclé, des toitures solaires, des isolants biosourcés ; les vêtements peuvent être à base de fibres recyclées et un marché de l’occasion se développe ; nos poubelles se transforment en véritables supermarchés quand elles sont bien triées ; les grandes marques de cosmétiques proposent désormais des labels écologiques crédibles, de même que les grands lessiviers…
Il est temps de fermer la parenthèse, d’inventer ce nouveau monde dans lequel les déchetteries sont des centres de ressources, dans lequel les écoles sont ouvertes sur les centres de tri, les entreprises et les parcs naturels.
Et, en plus, ces nouveaux secteurs sont créateurs d’emplois ! Donnons un sens à notre consommation et à notre travail, nous le pouvons bien.
Alors, oui, fermons cette parenthèse et entrons pleinement dans un monde plus respectueux des ressources disponibles.
Olivier Guilbaud
Co-dirigeant du Laboratoire
Science & Nature
Mar 11, 14:29