Pierre Venel est membre de la LPO et du groupe local Pays Sainte-Baume. Agriculteur à La Roquebrussanne (Var), il est soucieux de la préservation de la biodiversité et pratique la culture biologique.
par Pierre Venel
Jardin en partage Lasagnes à la façon de François Hannequart
C’est un très joli jardin, qui remplit plusieurs fonctions : le recyclage et le jardinage dans la convivialité et, bien sûr, la production de légumes. L’aspect paysager est recherché afin de favoriser l’accueil de publics divers et servir, à terme, de support pédagogique.
Produire, consommer, recycler, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. C’est le sol qui recycle, et il le fait depuis 500 millions d’années. L’idée de départ est de récupérer des matériaux qui, bien souvent, finissent à l’enfouissement. Ceci représente un coût exponentiel pour la collectivité :
> du bois de palettes forme les cadres des bacs, qui contiennent l’ensemble du substrat ;
> des cartons, qui servent de sous-couche aux cultures et empêchent les herbes de pousser
– les cartons favorisent les échanges entre le sol et le contenu des bacs ; les vers de terre sont très friands de carton ;
> des déchets verts (tonte de gazon, toutes les herbes vertes coupées) alternent avec des matières carbonées ;
> du bois, issu de l’élagage, broyé et fragmenté ;
> pour finir, du compost qui se fait sur place grâce à l’apport de matière fermentescible issue des déchets ménager apportés par les jardiniers.
Le principe est clair : plus je nourris en carbone, plus j’ai de l’azote à terme. Bref, tout ce que nous jetons tous les jours et qui, ici, va permettre cette culture hors-sol. Il est important de respecter le principe d’alternance des couches : déchets verts, bois fragmenté et compost pour finir.
Les avantages sont nombreux : déjà, l’on peut commencer chez soi avec une jardinière, en recyclant ses propres déchets et en faisant abstraction de la nature du sol. En milieu urbain, par exemple, ou sur des sols dégradés ou stériles après construction.
De plus, avec ces jardinières, la terre prend de la hauteur (le dos ne s’en plaindra pas). Enfin, le fait d’utiliser ses propres déchets pour produire de la nourriture est une vraie satisfaction et à la portée de tout un chacun.
Une autre technique est aussi employée : la culture sur butte permanente, ou permaculture. Du bois préalablement immergé est enfoui dans un sillon, puis recouvert de terre. Il va être envahi par des bactéries et des champignons, qui vont lancer un processus d’humification. Une bonne couche de végétaux (paille) viendra recouvrir le sol pour éviter l’évaporation, et aussi participer à son enrichissement et éviter la levée des adventices. Ce processus est plus long pour obtenir une fertilité, mais aussi plus durable, car le principe est de ne plus travailler le sol mais simplement d’apporter régulièrement du compost en surface pour nourrir la vie microbienne.
Cette expérience de jardin est pleine bon sens. Elle nous montre que le citoyen peut, par sa volonté, créer du lien, agir bénévolement pour la collectivité et redécouvrir des gestes simples pour s’alimenter avec des bons produits.