Pierre Venel est membre de la LPO et du groupe local Pays Sainte-Baume. Agriculteur à La Roquebrussanne (Var), il est soucieux de la préservation de la biodiversité et pratique la culture biologique.
par Pierre Venel
La lutte biologique,
une alternative aux pesticides
Du fait de son activité toujours plus dévorante d’espace, l’Homme appauvrit la planète d’une manière considérable. Si la disparition d’espèces fait partie d’une évolution normale de l’histoire de la Terre, notre activité a accéléré le rythme d’extinction d’une manière exponentielle. En France, les terres agricoles disparaissent. Elles perdent en 10 ans l’équivalent en superficie d’un département, au profit de l’urbanisation et des infrastructures qui vont avec : routes, zones industrielles, etc. Les plus graves menaces qui pèsent sur la diversité biologique sont la destruction et la fragmentation des habitats. Cette dernière, notamment, limite la capacité de dispersion et de colonisation des espèces, conduit à leur isolement, puis à l’effondrement de leurs effectifs. Dans ce contexte, l’agriculture a aussi sa part de responsabilité, avec l’utilisation des pesticides et la mécanisation qui a conduit à la destruction des haies, et donc des continuités écologiques. Une structure paysagère composée de haies, lisières et vergers est un milieu d’une grande richesse faunistique. C’est l’interface entre la forêt et les milieux ouverts. Beaucoup d’espèces animales répugnent à quitter le couvert végétal car les risques de prédation à découvert sont grands. Les ressources alimentaires y sont importantes.
Face à ce constat, il est urgent de sensibiliser les agriculteurs, les collectivités et les particuliers à prendre en compte l’importance que peut revêtir la diversité végétale dans l’équilibre des biotopes.
Dans le contexte d’une pratique culturale qui n’utilise pas de pesticides, il faut favoriser les insectes auxiliaires, qui ont une action très favorable pour la protection des cultures. En effet, les insectes auxiliaires sont présents partout spontanément ; il s’agit donc de favoriser leur développement. Or, chacun d’entre nous, à son échelle, peut agir dans ce sens. Comment ?
– En préservant ou en créant des zones riches en plantes diverses, qui peuvent fournir de la nourriture. Beaucoup de prédateurs sont carnivores au stade larvaire (syrphe, chrysope, coccinelle, etc.) et se nourrissent de pollen au stade adulte ; d’où l’intérêt d’une présence continue de fleurs. Il faut aussi, bien sûr, limiter les interventions pour préserver les cycles de reproduction et accepter aussi parfois des invasions massives, qui finissent par être jugulées. Un équilibre restauré maintient les dégâts sous un seuil de nuisibilité économique.
– En installant des nichoirs, qui facilitent la reproduction des oiseaux en l’absence de cavité, car ils contribuent à limiter les populations de lépidoptères. Les passereaux et chauves-souris ont un rôle très utile.
– En ménageant des zones refuge, où les insectes peuvent s’abriter et hiverner, les populations pourront mieux se maintenir. Les haies, par exemple, participent à la lutte contre l’érosion des sols et les inondations. Elles favorisent la protection et la qualité des eaux. Elles constituent un abri et un lieu de vie pour la faune et la flore.
– D’une manière générale, en laissant aboutir le cycle végétatif des plantes, car, à chaque stade, différents insectes y sont inféodés. Par exemple, la chenille mange la feuille et le papillon butine la fleur.
– En laissant la tondeuse et la débroussailleuse au repos jusqu’a la fin du printemps. Ce sont des petits gestes, à la mesure de chacun, qui participeront à la conservation de l’extraordinaire diversité végétale et animale qui existe encore sur cette planète et qui est essentielle à notre survie.
Mar 11, 14:29