À Langouët (Ille-et-Vilaine), 603 habitants, l’équipe municipale s’emploie depuis 20 ans à faire de l’écologie sociale une réalité, et ambitionne aujourd’hui de réduire son empreinte sur la planète grâce à une politique d’urbanisme fondée sur l’économie circulaire.
Sous l’impulsion du maire, Daniel Cueff – un écologiste convaincu qui a fait ses armes contre le projet de centrale nucléaire de Plogoff, à la fin des années 70 –, le village s’est forgé une réputation de laboratoire. Il fait figure de cheville ouvrière de l’association BRUDED, un réseau d’échanges d’expériences en urbanisme durable, qui regroupe 160 collectivités de la région.
Dotée d’une cantine 100 % bio locale depuis 2004, Langouët a dit non au désherbage chimique dès 1999 et produit aujourd’hui plus d’électricité solaire que n’en consomment ses bâtiments publics, chauffés au bois. En matière de logement, « nous étions dans une démarche de développement durable avec des bâtiments basse consommation. Aujourd’hui, nous travaillons sur des logements bénéfiques pour l’environnement, ce qui nous amène à choisir des matériaux de construction capteurs de carbone et 100 % récupérables », explique à l’AFP le maire de la commune, qui a réalisé son premier écohameau en 2005, le second en 2015.
Maisons en bois, bientôt en terre, isolants naturels, chauffe-eau solaire, récupération des eaux de pluie, poêle à granulés, Langouët met un point d’honneur à améliorer les performances énergétique des bâtiments. Selon Daniel Cueff, les deux prochains écohameaux devraient dépasser la réglementation thermique applicable en 2020, avec des maisons qui produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment. Il a ainsi fait entrer en 2017 sa commune dans une démarche d’urbanisme « circulaire », accompagnée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Selon cette logique, les nouvelles maisons devraient pouvoir être démontées et leurs matériaux réutilisés. Ce qu’a confirmé l’architecte Sarah Fruit, chargée de concevoir 7 maisons dans le centre-bourg. Le prochain plan local d’urbanisme réservera aussi une parcelle à l’habitat léger, mobile ou démontable (yourtes, tiny houses), afin de répondre à la nouvelle demande « d’habiter autrement », que ce soit pour des raisons budgétaires, de mobilité ou par désir de nature.
De fait, les projets, aussi ambitieux soient-ils, font l’objet d’une mise en oeuvre prudente, donnant parfois lieu à des renoncements. Ainsi, l’idée de reproduire le prototype de maison bioclimatique, testé à Langouët par des ingénieurs, a était abandonnée au motif qu’elle nécessitait trop d’espace. Ce qui n’empêche pas le village de continuer à innover. Dernière initiative en date : la mise à disposition d’un véhicule électrique en autopartage pour essayer de « décarboner » la mobilité des Langouëtiens.
Photo © CH. V. Ouest France