avec Yaël Catherinet-Buk Auteure |
Le regard sur la femme ménopausée est en pleine évolution et c’est une excellente nouvelle ! Car la fin du cycle n’est pas la fin de la femme, bien au contraire ! Dans son magnifique ouvrage Femme sage aux éditions Véga, l’auteur Yaël Catherinet-Buk nous délivre un message fort et poignant. Accompagnante du féminin en chemin, poétesse, doula, formée à la naturopathie, Yaël accompagne les femmes selon leurs besoins par des soins, des consultations, des stages, des cercles et des temps individuels. Nous sommes ravis d’avoir pu lui poser quelques questions sur ce sujet encore si tabou.
En tant que femmes, sommes-nous suffisamment préparées pour accueillir avec bienveillance la ménopause ?
Il me semble que le mot préparer est inadéquat, car la ménopause n’est pas comme la grossesse avec la notion de kit de préparation.
Le passage de la ménopause doit être un accompagnement, une transition, un regard.
On peut plutôt s’interroger sur les ressources dont les femmes disposent pendant ce passage : des modèles inspirants, la parole des unes et des autres et pas qu’un suivi gynécologique qui pose le fatal diagnostic.
La complexité de la ménopause est qu’il y a des manifestations physiques et émotionnelles, mais aussi une question autour de notre place en tant que femme ménopausée.
L’accompagnement doit se faire à la fois sur la transformation physique, psychologique et surtout sur le chemin qui, au contraire, débute et non se termine.
Beaucoup de femmes vivent cette transition dans une détresse physique et psychologique. Quels conseils leur donneriez-vous ?
Comme je l’évoquais ci-dessus, il est nécessaire de s’interroger sur la transition elle-même, celle qui nous est proposée en France. Au Japon, les femmes n’abordent pas et ne vivent pas la ménopause de la même manière et n’ont, du coup, pas les mêmes symptômes liés à ce passage.
Le conseil qui me semble opportun à donner, c’est que si notre corps, notre esprit « parle » et « s’exprime » par une manifestation physique ou émotionnelle, c’est qu’il a un ou des besoins, une demande de soutien, de reconnaissance, de mise en lumière.
Ce soutien peut venir d’une professionnelle, d’un rituel ou de toute manifestation festive qui rend ce passage non comme une fatalité mais comme une célébration.
Enfin, la détresse peut être apaisée et s’accompagner de ressources naturelles et non chimiques.
Cependant, si l’une d’entre nous emprunte la voix plus classique pour ce passage, il me semble aussi important de ne pas la stigmatiser mais, au contraire, d’ouvrir un espace d’écoute aux peurs, aux besoins… et qu’elle trouve ce qui est le plus approprié pour elle. Il n’y a pas qu’un modèle, mais diverses possibilités pour chacune !
Selon vous, pourquoi ce moment si singulier dans la vie d’une femme est-il non pas une fin, mais un commencement ?
La ménopause est la fin de notre cycle menstruel et, pour certaines, il y a une crainte inconsciente liée au désir, à la sexualité, à la créativité.
Comme un deuil renvoyant à une petite mort, au vieillissement et cela effraie. Car nous possédons toutes une image archétypale d’une femme vieillissante qui, après la ménopause, passe déjà dans le 3e âge !
Or, à la ménopause, nous n’avons pas 80 ans, mais 45, 50, 55 ans… Nous ne sommes plus confrontées au risque de grossesse. Nous constatons que nous avons plus de temps pour nous-même ! Nous avons plus d’expérience, de connaissance sur qui nous sommes, sur nos désirs, nos rêves. C’est un nouveau printemps qui s’ouvre à nous.
Nous nous allégeons des modèles de réussite, de performance, du « faire », nous plongeons dans « l’être ». Nous ne sommes plus au service des autres, mais au service de la femme que nous sommes !
Comment définiriez-vous cette femme sage dont vous parlez dans votre ouvrage ?
La femme sage nous montre une femme qui, comme un fruit mûr, incarne la plénitude. Elle n’est pas que sagesse parce qu’elle possède la sagesse de l’expérience et la connaissance.
Elle devient la sagesse car elle s’est libérée des modèles de perfection et, sûrement, de ce qu’elle-même avait comme attentes sur sa féminité et sa place de femme.
Elle n’a plus rien à prouver, gagner, juste à goûter !
La femme sage, après avoir réuni toutes ses aspérités, devient une femme solaire !
Ce passage clé n’est-il pas encore plus compliqué lorsque l’on n’a pas été mère alors qu’on le souhaitait et que la vie en a décidé autrement ?
Idem, la réalisation d’une femme ne passe pas par la case maternité.
Nous sommes toutes mères de divers projets, créations, relations aux autres… La « mère » est une figure en nous toutes, que nous portons si nous souhaitons prendre soin, créer, être en lien avec ce qui germe ; l’amour qui se diffuse…
Bien sûr, certaines femmes, à ce passage, peuvent éprouver des regrets d’une non-maternité de chair, renvoyant à elles un vide, un questionnement.
Mais, là encore, c’est une histoire d’affranchissement du regard des autres.
Surtout, il me semble que le diktat de la société nous a trop répétés qu’une femme – pour être pleinement épanouie – se devait d’être mère. Être femme n’est pas une fonction, c’est une rencontre avec sa féminité. Une féminité à se créer, à s’affranchir de tout modèle inféodant et donnant du pouvoir aux « sachants ».
Comment devenir cette femme sage dont vous parlez ? Quels conseils donneriez-vous à nos lectrices ?
Soyez-vous ! La sagesse, ce n’est pas d’être sage comme une image ou une petite fille. C’est ce que propose Clarissa Pinkola Estés dans Femmes qui courent avec les loups, de courir, de gagner toute sa souveraineté.
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