par Aurélie Chevalier
Dans une première vie, Aurélie Chevalier a notamment été confrontée à la mondialisation dans l’industrie automobile. Aujourd’hui, elle distribue les chaussures pieds nus leguano, des vêtements en chanvre et en coton bio, et lance sa marque irisens’ de vêtements en lin fabriqués en France. L’objectif de ce projet est de réaliser son idéal de vêtements légers pour la planète et le corps, qu’ils laissent libre de ses mouvements.
www.pieds-nus-sur-la-terre.fr – www.irisens.fr
Chacun de nos actes sur cette Terre a un impact. Beaucoup de pédagogie a été faite en ce qui concerne les conséquences écologiques de notre alimentation, notamment au travers des réseaux de magasins biologiques. Si nous mangeons pour la plupart 3 fois par jour, nous nous habillons tous les matins. La nécessité de se vêtir s’est, au cours des siècles, transformée en signe extérieur de richesse avant que l’habillement ne devienne une mode.
Relocaliser
Pour vendre toujours plus, cette mode se renouvelle rapidement. Pour diminuer les prix de revient, nombre d’industriels sont partis produire très loin de chez nous, en Inde, au Bengladesh, en Chine… là où les contraintes environnementales et sociales sont moindres. L’effondrement en 2013 du Rana Plaza ayant causé plus de 1 000 morts a fait la une sans pour autant que les industriels de la mode modifient fondamentalement leurs pratiques. Alors que l’exploitation sévit loin de chez nous, l’industrie textile est en perte de vitesse depuis des années en France. La première action est de relocaliser la fabrication de nos vêtements. Avant de le passer sur vos épaules, le T-shirt lambda a fait plus d’une fois le tour de la planète ! Il est fréquent que la matière première soit produite dans un pays, filée, tissée et cousue dans d’autres. Certains tissus sont même composés d’une trame venant d’un endroit et d’une chaîne venant d’un autre. 50 à 60 % de la production mondiale de lin textile sont cultivés en France, mais 95 % sont exportés, majoritairement vers la Chine, car c’est dans ce pays que se trouvent actuellement les usines de transformation ! En 1920, Gandhi appelait au boycott des tissus britanniques et invitait les indiens à filer eux-mêmes leurs vêtements. Simplicité volontaire et écologie, déjà. Les circuits courts doivent aussi s’appliquer au textile. En achetant des vêtements fabriqués en France, vous êtes assurés qu’ils ont été cousus dans des conditions sociales et environnementales selon nos standards et que les transports sont limités. Mais, faites attention : certaines mentions sont trompeuses. Un drapeau français ne signifie absolument pas que le produit a été cousu dans notre pays.
Sélectionner les matières premières
Beaucoup de vêtements sont fabriqués dans des matières synthétiques, plus économiques et présentant des avantages techniques indéniables. Savez-vous cependant qu’aux États-Unis, il a été observé des pluies contenant des microparticules de plastique ; elles proviennent des eaux de lavage de nos vêtements en fibres synthétiques. Ces particules rémanentes s’accumulent dans la nature, nos maisons, nos corps.
Parmi les matières naturelles, le coton est le plus utilisé, mais, ne se cultivant pas sous nos latitudes, il vient forcément de loin. Sa culture engloutit 24 % des insecticides pulvérisés dans le monde et est donc loin d’être écologique. La teinture des vêtements est responsable de presque 20 % des eaux polluées dans le monde. Le coton bio est un moindre mal. L’idéal serait d’utiliser des fibres locales, telles que le lin et le chanvre. Malheureusement, depuis 30 ans, ce domaine n’a pas été suffisamment encouragé. Comme on l’a vu, la majorité du lin produit en France est exporté, ce qui crée une forte tension sur le marché. La filière chanvre est en plein renouveau. Beaucoup de filatures et de savoir-faire sont partis à l’étranger. Tellement de choses sont à reconstruire.
Éviter le gaspillage
Acheter moins mais en conscience, limiter sa garde-robe façon Marie Kondo, donner une seconde vie à ses vêtements par le don, le recyclage ou l’upcycling se positionne à l’inverse de la pratique de certaines marques, qui jettent ou détruisent leurs invendus : des vêtements neufs qui n’ont jamais été portés.
Ces éléments font de l’industrie du textile, devenue délirante, la 2e la plus polluante après celle du pétrole. Il nous faut simplement retrouver du bon sens.
Proposer le vêtement idéal reste compliqué actuellement. Pour le consommateur, le trouver l’est aussi. Unissons-nous pour que nos achats et nos productions aient du sens. Comme le colibri, faisons chacun notre part.