Sauvons le Château-la-Pompe !
Qu’elle soit douce, potable, de mer, à l’état de glace, liquide ou vapeur, l’eau reste une substance chimique synonyme de vie.
L’eau est un élément vital pour les organismes vivants et, si tout le monde connaît au moins un symbole chimique, c’est bien celui de l’eau, H2O. De symbole de vie, l’eau est malheureusement aussi parfois symbole de désolation en raison des phénomènes associés, tels que des inondations, pluies torrentielles ou raz-de-marée.
L’eau douce, ce bien unique et précieux, qui ne représente que 3 % de la quantité totale d’eau présente sur Terre, est cependant en danger…
Elle se raréfie et les experts de la Semaine mondiale de l’eau, qui se tenait à Stockholm il y a quelques mois, ne garantissent pas un accès à une eau de qualité et en quantité suffisante d’ici à 2050.
Le réchauffement de la planète, synonyme de périodes de sécheresse et de pénuries, touche dorénavant des zones jusque-là épargnées. Rome a été rationnée en eau au cours de l’été 2017. Sans parler de sécheresse, courante en Afrique, cette raréfaction de l’eau s’amplifie. Rareté et, qui plus est, dégradation de la qualité…
L’eau propre à la consommation, déjà rare, se dégrade : pollution par rejet, pollution liée au réchauffement, pollution permanente… Le sujet prend de l’ampleur.
Sans vouloir vous alarmer, les résultats d’analyse de l’eau potable sont conformes à des normes n’intégrant pas l’ensemble des paramètres qui devraient être pris en compte (perturbateurs endocriniens…). On ne trouve que ce que l’on cherche !
Et saviez-vous que la prolifération de cyanobactéries, aussi appelées algues vertes ou bleues, devient fréquente l’été même dans la vallée de la Loire. Présentes sur Terre depuis 2 à 3 milliards d’années, ces bactéries se développent en transformant l’eau de l’air en ammonium et nitrates. Ces organismes, qui ont été facteurs de vie, peuvent être facteurs de désolation avec des animaux morts pour avoir bu une eau qu’ils n’auraient pas dû, des irritations cutanées consécutives à la baignade, des problèmes gastriques suite à des pêches… Vie et mort. Qualité et rareté. Les enjeux sont majeurs compte tenu du fait que nous serons bientôt 9 milliards d’êtres humains !
Il est bien dommage que rien ne bouge sur le sujet, alors que de grandes orientations pourraient être décidées.
Encore une fois, je suis convaincu que c’est « l’atteinte au portefeuille » qui fera bouger les lignes. Entre la production, la distribution et l’assainissement, l’eau, de la source au robinet, coûte et coûtera de plus en plus cher. L’éducation sur le sujet devrait être obligatoire, au même titre que l’histoire de France, sous peine de voir prochainement l’eau courante bon marché reléguée au registre d’une réalité d’antan.
L’eau est précieuse. C’est l’or blanc du 21e siècle. Il est donc important de la préserver.
2 méthodes sont possibles et complémentaires :
a) En amont. Les cultures en bio, l’entretien des cours d’eau, leur surveillance, un moindre impact carbone de l’activité humaine sont autant de facteurs de préservation de cette ressource, tant en quantité qu’en qualité.
b) En aval. L’utilisation de l’eau doit dépasser le simple cliché de « il faut fermer le robinet lorsque l’on se brosse les dents. » Les produits économes en eau, concentrés, peuvent aussi être facteurs de préservation de l’eau. La vague de concentration des composants actifs dans les nombreux produits d’entretien et cosmétiques est un axe fort.
Pour que « aqua », perdure, une éducation est véritablement nécessaire. Des états généraux sont à organiser et il faudrait la considérer comme un bien naturel, pourquoi pas la classer au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour que le Château-la-Pompe soit toujours sur nos tables, sans être au prix d’un grand cru, à nous d’agir dans nos choix de consommation de produits, de services. À nous de choisir notre mode de vie et, après le bilan carbone, pourquoi ne pas imaginer un « aqua bilan » ?
« Aqua bon » ? À bon entendeur…
Olivier Guilbaud
Co-dirigeant du Laboratoire
Science & Nature
Mar 11, 14:29