Un jour…
Un jour, j’irai vivre en théorie car, en théorie, tout se passe bien.
Comme le disait notre cher Albert Einstein, nous sommes confrontés chaque jour à des tracas, à des obstacles à nos prévisions qui font que le passage de la théorie à la pratique ne se déroule pas toujours comme prévu. Et pourtant, en théorie, tout se passait bien ! Oui, mais…
Deux attitudes s’offrent alors à nous à ce moment- là : la persévérance ou la résignation.
Deux états d’esprit s’offrent à nous à ce moment là : le pessimisme – et son cortège de rien ne va –, ou l’optimisme – qui permet de positiver.
Le Français est, à cet égard, plutôt résigné et pessimiste. Je me souviens d’une remarque que me faisait un collègue américain à l’occasion d’un groupe de travail : « vous, les Français, expliquez pendant une heure les difficultés pour arriver à la conclusion qu’on ne pourra pas faire ceci ou changer cela. Nous, les Américains, annonçons d’entrée de jeu la cible, puis expliquons pendant une heure comment nous allons y arriver. » Mieux ou pas ? Qui sait ? En tous cas, le volontarisme, fait de persévérance et d’optimisme, est plus fort justement de l’autre côté de l’Atlantique. Mais les temps changent… À notre décharge, nous avons un gros handicap qui peut expliquer cette situation : nous vivons probablement dans le plus beau et le plus confortable pays du monde ; avec son corollaire : nous n’en n’avons que trop peu conscience et pourquoi changer ?
Qui n’a pas voyagé dans des pays parfois démunis en s’étonnant de la bienveillance quotidienne, et qui rentre en France en prenant en pleine face morosité et je-m’en-foutisme ? Il est frappant de constater que chacun est centré sur sa personne sans incarner la fonction pour laquelle il est payé, comme renseigner un touriste. Nous bénéficions des infrastructures, d’un cadre juridique, d‘une culture, de la sécurité alimentaire, d’une couverture santé… Nous avons tout pour être bien.
Je suis actuellement en train de me plaindre, me direz-vous. Eh bien, non, c’est seulement pour souligner qu’il nous faut nous « ouvrir » davantage, entrer en connexion avec ceux qui nous entourent – proches et beaucoup plus éloignés – pour mieux vivre et prendre conscience que, finalement, nous avons de la chance d’être là.
Si les Afghans ou les Nigérians sont plus optimistes que les Français, c’est parce que nous ne chaussons pas les lunettes qui nous permettent de voir combien nos conditions matérielles – globalement bonnes – ne nous font plus rêver et neutralisent toute initiative de changement, toute prise de risque. Ceci dit, si nous regardons dans le rétroviseur, force est de constater combien les progrès ont été importants ces dernières années en matière d’apprentissage de l’échec, qui devient un droit et non plus une punition. La moindre anicroche est moins vécue comme une catastrophe dans un monde où il faut savoir accepter l’échec et rebondir. C’est bien là l’optimisme nécessaire pour vivre, non pas en théorie, mais en vrai !
La percée du bio, au sens large, est un signal fort qui démontre que la vision d’un monde plus harmonieux et la persévérance dans l’action militante et entrepreneuriale finissent par se concrétiser. Des conditions matérielles bonnes, mais l’oubli du respect de la Nature a poussé une poignée de personnes au changement. Le bio, avec tout ce qu’il implique, irrigue toujours plus notre vie quotidienne désormais. En théorie, l’homme qui respecte mieux l’environnement, c’est possible. En pratique, des années sont nécessaires et le parcours est semé d’embûches. Persévérance et optimisme, quand vous nous tenez… Et le champ des changements est encore vaste : remettre de l’humain dans la relation, retrouver la proximité… il y a tant à faire !
Question d’attitude ? Question de culture ? C’est surtout une question de volonté. Quel que soit le lieu où l’on se trouve, certains s’ennuieront toujours, seront résignés et prompts à se plaindre, alors que d’autres seront toujours heureux et bienveillants, acteurs du changement. Alors, posons-nous la question : faut-il plutôt trouver les moyens de réussir ou trouver des excuses pour ne rien changer ?
Et, en théorie, vous avez lu jusqu’ici et je vous en remercie !
Olivier Guilbaud
Co-dirigeant du Laboratoire
Science & Nature
Mar 11, 14:29