édito
Écologie : la voie du plaisir
Loin de nous l’idée de tuer nos pères fondateurs et de dilapider l’héritage, mais il faut bien le reconnaître, l’image de l’écolo dans l’inconscient collectif ne respire pas vraiment la joie de vivre et souffre d’une succession de clichés comme autant de perles grises enfilées au collier d’un choix de vie mésestimé.
C’est vrai qu’entre le résistant du Larzac vêtu de peaux de bêtes et nourri au fromage de brebis – je n’ai rien contre le Larzac et le fromage de brebis, pour les peaux de bêtes je suis plus réservé -, donc, entre les adeptes de la décroissance cromagnonesque, les prédicateurs de l’apocalypse, les théoriciens du déclinisme, grands donneurs de leçons, et tous les autres intégristes de la « Doctrine », khmers verts d’un nouvel ordre plus brun qu’émeraude, l’écologie apparaît plus comme une austère contrainte que comme un art du mieux vivre.
Et pourtant, à y regarder de plus près, l’écologie est une attitude fortement pourvoyeuse de satisfaction personnelle et de plaisir.
Plaisir du geste, celui que l’on fait et qui fait du bien à la planète. Plaisir d’imaginer une société durable et solidaire et d’y contribuer, sans fausse modestie. Plaisir de promouvoir, débattre et partager convictions et espoirs d’un monde meilleur, ici, maintenant et sans attendre. Plaisir de (re)découvrir odeurs et saveurs en choisissant des produits éco-compatibles, souvent moins chers que d’autres. Plaisirs de ces petits riens qui résonnent comme des petits mieux et qui vont à l’encontre des idées reçues.
Et tant pis – j’allais dire tant mieux -, si les grincheux, les sceptiques et autres jusqu’auboutistes trouvent que notre démarche manque d’épaisseur ; je vous l’annonce sans ambages, ni plus de verbiage : notre credo sera celui de la rhétorique du plaisir. Halte à la morosité !
Et comme dirait notre mascotte : si notre ramage se rapporte bien à notre plumage, nous serons les « chouettes » hôtes de ces lieux aux frontières d’une écologie ludique, joyeuse et de simple bon sens.
Bref, avec ses bons plans dans les rubrik’à trucs, ses bonnes nouvelles dans l’écolonews, un papier de société pour démasquer les imposteurs et tout plein d’artistes formidables, l’écolomag de ce mois-ci se positionne bien comme la voix d’une écologie du plaisir.
Michel Moreau