L’usage médicinal des champignons se perd dans la nuit des temps, lié à de nombreuses traditions chamaniques, druidiques et magiques, qui ont souvent mêlé les champignons médicinaux et les champignons hallucinogènes. Aujourd’hui, en Occident, nous voyons renaître l’usage thérapeutique des champignons au travers de ce qu’on appelle la mycothérapie.
Une histoire des champignons thérapeutiques
Vers l’an 199 après Jésus Christ, les chinois offrirent du shiitake en cadeau à l’Empereur japonais Ch?ai pour marquer l’estime qu’ils avaient pour ce noble visiteur. Le shiitake était déjà alors considéré comme un aliment de longue vie.
Ce simple exemple montre que l’usage des champignons pour la santé remonte à la plus Haute Antiquité.
Bien choisir la qualité des champignons
Actuellement, il existe de nombreuses marques proposant des champignons sous forme de compléments alimentaires. Mais attention à la qualité des produits consommés. Tout d’abord, veillez à ce que les champignons soient certifiés bio, pour éviter les pesticides et les résidus de métaux toxiques. Un médecin chinois signale des cas d’intoxication au plomb due à la consommation de cordyceps chinois sauvage non bio. Par ailleurs, préférez utiliser des produits utilisant les extraits de carpophore plutôt que de mycélium, pour avoir plus de principes actifs.
Les principales espèces dites japonaises
Revenons au shiitake, qui est l’un des champignons thérapeutiques les plus reconnus actuellement.
C’est un champignon qui contient du beta 1-3 d glucane, un glucide complexe aux remarquables propriétés immunostimulantes. Il contient aussi du lentinane, qui a fait l’objet à elle seule de près de 500 études scientifiques, que l’on peut retrouver sur le site Pubmed.
Selon une étude taiwanaise parue dans la revue « carbohydrate polymers » ref 138: 259-64. doi: 10.1016 / j.carbpol.2015.11.061. En ligne du 26 nov.2015, le chitosan du shiitake a montré un fort pouvoir antibiotique.
Enfin, le shiitake contient de l’éritadénine, qui possède un effet hypocholestérolémiant.

Maitake
Le maitake est une autre espèce très populaire au Japon. On raconte que lorsque des japonais trouvaient du maitake, ils dansaient de joie. Le nom japonais signifie d’ailleurs, le champignon danse. Cette espèce, que l’on trouve aussi en France, possède des propriétés assez similaires au shiitake, contenant également du beta 1-3 d glucane, ainsi que d’autres sucres complexes comme le grifolane, qui renforcent les effets du beta 1-3 d glucane.
Le champignon le plus riche en beta 1-3 d glucane est l’agaricus blazei, qui croit au Brésil et qui est connu chez les amérindiens sous le nom de champignon du soleil ou champignon des dieux. On l’emploie surtout comme un puissant immunostimulant.

Cordyceps
Nous n’éluderons pas l’usage du cordyceps, qui a acquis une solide réputation de champignon stimulant. Ce champignon est un parasite d’une larve d’insecte, que l’on retrouve à l’état sauvage en Himalaya et au Tibet.
Cette espèce remarquable sera employée chez les personnes fatiguées, convalescentes, ou encore en cas d’allergie respiratoire et de problèmes pulmonaires, ou enfin pour renforcer le foie, les reins, les muscles et la tonicité sexuelle. On comprend pourquoi les chinois en faisaient un champignon de longue vie, réservé à l’Empereur de Chine et à sa cour, et cuisiné avec le ver parasité dans des plats impériaux de canard laqué.
Les Chinois et les Japonais utilisent enfin couramment une autre espèce que l’on retrouve aussi en Europe, le reishi, connu aussi sous le nom de ganoderme. Il a été montré par près de 1000 études sur ce champignon que ses principales substances étaient de puissants protecteurs hépatiques, comparables au desmodium. Mais c’est également un excellent antiviral.

Chaga (Inonotus obliquus)
Et les espèces occidentales ?
En Europe, on trouve également des champignons médicinaux remarquables.
Nous citerons en premier lieu le chaga (Inonotus obliquus). Cette espèce est également appelée le champignon de Soljenitsyne, car le célèbre écrivain russe, à la fin de sa déportation dans les goulags de Staline, contracta un cancer de l’estomac. Il rapporta qu’il fut guéri grâce à l’administration du chaga à l’hôpital de Tachkent par le professeur Maslennikov.
Ce champignon est également un très puissant antioxydant. Effectivement, selon le classement ORAC des substances antioxydantes, il occupe de très loin la première marche du podium. Cet indice ORAC pour 100 grammes de chaga est de 36000 unités. La baie de gogi, qui vient en second, possède un indice ORAC de 25000, et un antioxydant bien connu comme le jus de grenade, se situe seulement à 3300 ! Le chaga est donc plus de dix fois antioxydant que le jus de grenade. C’est dire la puissance de ce champignon comme substance anti radicaux libres.

Pleurotes
Autre espèces médicinale européenne remarquable, le pleurote. Ce champignon régule le taux de cholestérol et de glucose sanguin. On m’a rapporté des cas où la glycémie et le taux de cholestérol se sont régulées au bout de deux mois de traitement.

Hericium erinaceus
Nous citerons enfin comme champignon remarquable le héricium, qu’on appelle aussi crinière de lion en raison de sa morphologie. Ce champignon, rare en France, est fort heureusement cultivable. Il est tout d’abord remarquable comme protecteur stomacal.
Cette espèce contient aussi des substances neurotrophiques, l’érinacine et l’héricénone, qui favorisent la croissance et la protection des neurones. Ce champignon peut être utilisé pour renforcer la mémoire, mais aussi pour limiter le vieillissement cérébral. On notera aussi un effet protecteur de la rétine, qui est un tissu nerveux.
Quel avenir pour la mycothérapie ?
Si le célèbre docteur Kousmine affirmait que près de 700 espèces de champignons contiennent du beta 1-3 d glucane, ce qui en font de potentiels immunostimulants, on constate aujourd’hui que près d’une centaine d’espèces ont été étudiées assez sérieusement pour établir un répertoire solide de traitements à base de champignons. Le grand avantage par rapport à beaucoup d’autres traitements, c’est que bon nombre de ces champignons sont aisément cultivables.
Mais la mycothérapie elle-même n’est qu’un petit aperçu de ce que peuvent nous apporter les champignons. Actuellement, on en utilise pour créer des tissus, des bétons naturels, des objets décoratifs, des teintures naturelles, et ils servent également à la dépollution des sols.
Ainsi, les champignons peuvent soigner notre corps comme il peut soigner la terre des déchets qu’on a pu y répandre, ce qui contribue donc également à éviter les maladies de civilisation liées aux polluants les plus divers, comme les hydrocarbures, les plastiques ou les métaux toxiques.
Alain tardif, naturopathe, président de l’académie européenne des médecines naturelles (école de naturopathie, www.aemn.org ), titulaire d’un PhD de l’université de Moscou en médecine complémentaire, auteur du traité de mycothérapie, créateur de la chaine youtube de la naturopathie et d’un blog sur les champignons et plantes médicinales (www.mycobota.fr)
Il a créé une gamme de mycothérapie en concentré buvable sous la marque Mycostim.