Le cuir de raisin ? un cuir mode ? un cuir végan ? un cuir écolo ? un cuir végétal pour mettre fin à la souffrance animale ? un cuir pour anéantir les effets détestables du traitement du cuir ? Il en est « un peu beaucoup » de toutes ces bonnes raisons…
Cela reste de toute façon une alternative inventive et dans l’air du temps où l’écologie deviendra de plus en plus présente dans notre vie de tous les jours.
Le cuir de raisin, c’est quoi ?
Le cuir de raisin est un cuir végétal fabriqué à partir de l’ensemble des matières qui restent après les vendanges et qui ne peut être utilisé pour la fabrication du vin. C’est ce qu’on appelle en viticulture le marc de raisin : la peau des raisins, les pépins, les branches ou bien encore les tiges.
Quel est le process ?
Chaque année, lors des vendanges, le jus du raisin est extrait afin de procéder à la vinification.
Le marc sera alors séché dans des fours afin d’en extraire l’humidité, puis broyé en une fine poudre. La fine poudre obtenue sera ajoutée à une base constituée d’huile végétale et de PU – PU est l’abréviation du polyuréthane, un polymère antidéchirure, pouvant tout de même être très élastique – (25%) à base d’eau, l’objectif étant de solidifier la matière et assurer sa résistance dans le temps. L’épaisse pâte blanche obtenue sera teinte selon les coloris souhaités puis étalée en de grandes bandes afin de procéder au séchage. Il ne restera plus qu’à nos artisans à découper la matière à l’aide d’emporte-pièces afin de les assembler pour les transformer
Le raisin, c’est mode !
Le marc de raisin a déjà été mis à l’honneur pour ses vertus cosmétiques, médicales ou comme engrais dans la viticulture. Tels les entreprises Caudalie ou encore Vinésime…
Mais aujourd’hui, des firmes se sont lancées dans la création du cuir de raisin, dont La Société italienne Vegea afin de réaliser des produits mode, en matière de vêtements de luxe et accessoires, – les premières créations connues sont celles du créateur italien végan TIZIANO GUARDINI – pour l’automobile, végan et écolo, pour des chaussures design, – depuis septembre, c’est bien du raisin qui habille les baskets Zèta– pour combattre l’industrialisation du cuir animal.
Les jeunes Français, Julien Houssiaux et Rodolphe Mondin ont créé leur start-up sur la transformation du marc de raisin en cuir. Âgés tous deux de 21 ans et diplômés de Toulouse Business School (TBS), nous les avons interrogés :
- Écolomag: Pourquoi à 21 ans se lancer dans un projet complètement écologique ?
- «La seconde année d’études de TBS, j’ai suivi un cursus pour développer un projet à Barcelone tourné vers l’impact social, s’enthousiasme Rodolphe Mondin. C’est là que j’ai renoué avec Julien, un ami d’enfance avec lequel j’ai fondé la start-up Mondin.»
- Écolomag: Mais pourquoi ces études vous conduisent vers l’univers du vin et la transformation du marc de raisin ?
- «Cette idée est venue simplement, poursuit Rodolphe. Nous sommes tous les deux, depuis toujours, soucieux de l’environnement. La cause animale est partie prenante de ce sujet. À notre niveau, nous avons toujours essayé de respecter les bons gestes tels le recyclage. Or, porter des objets en cuir (chaussures, bracelet-montre, etc.), nous a semblé incompatible avec cet état d’esprit. Une solution était possible: le simili cuir».
- Écolomag: Le problème est que cette matière s’use rapidement, non ?
- «Absolument ! D’où notre recherche sur le marc de raisin dont nous connaissions les propriétés après plusieurs stages dans l’univers viticole».
« Les marques de luxe sont très intéressées par ce marché alternatif »
Après plusieurs années de tests, Rodophe et Julien viennent d’être approchés par quelques enseignes de luxe (Cartier, Vuitton) et une maison d’horlogerie suisse, un fabricant de petite maroquinerie de luxe, Noreve.
«Assorti aux polymères, issus du végétal, le marc de raisin donne une matière souple qui peut très bien remplacer le cuir issu de la transformation de la peau animale. Les marques de luxe sont très intéressées par ce marché alternatif. Elles savent que traçabilité et éthique sont d’actualité, aspects de plus en plus demandés par leur clientèle», conclut le duo conscient du chemin encore à parcourir pour développer, financer et donner un vrai avenir à cette belle initiative.
Le vin, c’est pour vous, et les déchets, pour nous !
C’est l’engagement de la marque Zèta. Faire le choix d’une alternative au cuir animal innovante et responsable, et de tous les matériaux peu respectueux de l’environnement, c’est aujourd’hui le pari de bons nombres d’entreprises qui se jettent à leur tour à l’aventure.
C’est quoi le cuir ?
Beaucoup de personnes qui refuseraient de porter de la fourrure achètent du cuir, pourtant le cuir est aussi le produit de la souffrance et de la mort d’animaux : vaches, veaux, moutons, agneaux et cochons sont les plus courants, mais aussi chevaux (cuir appelé « cordovan »), cerfs, pécaris, autruches, crocodiles, lézards, kangourous, chiens, certains poissons, etc.
La Chine et l’Inde – deux des trois pays produisant le plus de cuir dans le monde – ont révélé des pratiques très cruelles. En Chine, des milliers de chiens sont tués pour leur cuir, ensuite exporté sous d’autres appellations, par exemple de l’agneau. Quand on opte pour du cuir, il est quasiment impossible de savoir à qui appartenait la peau qu’on porte.
Le cuir est toujours très utilisé pour la fabrication de vêtements, de chaussures, pour tout ou partie, parfois seulement les semelles ou incrustation sur de la maille ou encore sur un bout de revêtement. Il sert également à fabriquer des accessoires : sacs à main, gants, ceintures, portefeuilles, porte-monnaie, lacets décoratifs, et aussi dans le sport – ballons, gants… – et en reliure de livres…
De nombreux produits toxiques entrent en jeu dans le processus de travail de la peau, entraînant dans le cas de certaines tanneries non encadrées et prônant plus les économies que la qualité du cuir, de véritables désastres écologiques.
Le tannage et la teinture du cuir pour empêcher la peau de se décomposer et de pourrir, en font un matériau non biodégradable et les sels minéraux, métaux lourds dont du chrome, formaldéhyde, dérivés de goudron, colorants à base de cyanure et autres substances dangereuses (parfois, plus de 300 produits) sont quotidiennement utilisés lors du processus de tannage.
Les tanneries sont désormais souvent situées dans les pays en voie de développement, où codes du travail et lois environnementales sont bien moins stricts, voire inexistants, comme au Bangladesh ou en Tunisie. Aujourd’hui, des milliers d’enfants travaillent sans aucune protection au contact de produits toxiques dans les tanneries, qui rejettent la plupart du temps leurs déchets dans les cours d’eau, sans traitement.
La littérature et le cuir Végan
Le monde de la littérature s’est également enthousiasmé pour le cuir de raisin. Jean-Charles Courcot, ancien créateur de mode, Anny Blatt, Jean-Charles Courcot Couture et Courcot Golf, journaliste et écrivain, vient de sortir un roman « Mort Théâtrale du Grand Couturier Ivan Forester » – www.jeancharlescourcot.com
On peut y lire ceci :
« Les sacs et accessoires étaient à l’honneur et jamais, de mémoire couturière, un aussi somptueux défilé n’avait été organisé pour la présentation de sacs, bagages et accessoires, chapeaux, chaussures, bijoux, par aucun créateur de mode ou couturier. La volonté de mon père était bien la mise en avant de cette nouvelle gamme de produits innovants, révolutionnaires, tout à fait écologiques, portant la griffe : « Ivan Forester, Port des Champs Élysées, Paris »,
Signifiant le voyage, et surtout, le fruit d’une nouvelle compagnie, dont le siège social était bien situé au Port des Champs Élysées, et dont « Le Bateau Ivre », amarré au quai, était aussi le siège du studio de création de cette ligne de produits. Un bateau mobile…
Le financement de cette collection de sacs et accessoires avait été obtenu grâce à l’accord passé avec le Syndicat Général des Vignerons de Champagne et le Comité interprofessionnel du vin de Champagne, qui rassemblent les vignerons et maisons de Champagne, œuvrant en faveur de la vigne et du vin, par des actions économiques, techniques, environnementales, de progrès qualitatif, d’organisation de la filière, de communication, de développement de la notoriété et de protection de l’appellation partout dans le monde. Tout un programme !
Grâce au lancement sur le marché du cuir du marc de raisin de Champagne, en compensation de la contribution à la « bonne communication » qui y serait faite par la marque, Ivan Forester, Port des Champs Élysées, Paris – Le Bateau Ivre – Cuir de Marc de Champagne
Tout le monde serait gagnant…
Accessoirement sur les conseils de ses nouveaux partenaires, Ivan Forester lança le Champagne portant son nom dont une bonne partie des recettes servirait à soutenir l’action de l’UNICEF pour les enfants du monde.
Ivan avait décliné sa gamme de sacs, bagages et accessoires dans une gamme de coloris automnaux naturels issus des campagnes champenoises…