Home / / Voyage au bout d’un rêve (suite et fin)

Voici quasiment une année que j’ai eu le plaisir de commencer à collaborer avec l’écolomag pour retracer les grands chapitres du livre : La ferme bio de They « Voyage au bout d’un rêve ».

par Gérard Garcia
Auteur du livre La ferme bio de They

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, notamment sur l’histoire de l’agriculture française, avec ses hauts et ses bas, ses contradictions et ses avancées. Et surtout pour relater les différents épisodes, aussi croustillants les uns que les autres, qui ont amené cette ferme bio au niveau de ce qu’elle est et représente aujourd’hui dans le monde agricole responsable.

Aussi, je vous invite à la lecture de cet ouvrage. Mais toute bonne chose ayant une fin, nous ne saurions nous quitter sans évoquer, dans ses grandes lignes, les débuts atypiques d’Évelyne et de Michel Devillairs, pionniers de cette ferme modèle. Ils ont servi d’exemples durant 4 décennies, puis sont devenus des référents nationaux de l’agroécologie.

 

 

Toute cette étonnante et spectaculaire progression n’a été possible qu’à force d’opiniâtreté, de courage, de volonté et d’honnêteté professionnelle. Le tout dans une démarche écoresponsable.

Nombre d’anecdotes, aussi savoureuses que déterminantes, sont rapportées dans ce livre. De la difficulté de l’installation à des ruptures professionnelles, de bouleversements familiaux à des conjonctures agricoles dévastatrices, en passant par des obstacles en tous genres, rien ne les a fait faiblir.

Ce couple a traversé tout ce parcours et ces difficultés tout en restant imperturbable sur sa ligne directrice : celle du progrès au service de la biodiversité, du bien-être animal et de l’humain au service du consommateur.

De plus, cette ferme est l’une des premières en France à fonctionner en autonomie énergétique totale. Mais avant de clôturer ce chapitre et de vous parler d’Évelyne et Michel Devillairs, voici un dernier extrait du livre La ferme de bio de They.

Une succession d’inepties de politiques agricoles

Tout en allant de l’avant, l’agriculture en général s’est emballée et s’est écroulée en grande partie avec le temps. À quoi, au final, a servi cette multitude d’améliorations de cultures et d’élevages censée récompenser celles et ceux qui n’avaient qu’espoir d’être reconnus et de vivre décemment de leur travail de la terre ?

C’était sans compter sur les affres de l’histoire et de l’avidité jamais rassasiée des lobbys de l’agroalimentaire.

Les années qui firent suite aux deux dernières guerres mondiales furent celles de l’espoir pour les agriculteurs. Tout était réuni pour entreprendre, moderniser et faire évoluer le monde agricole.

Les premiers tracteurs prenaient place dans les petits villages. Une nouvelle ère prenait forme. Tout était à refaire. L’agriculture voyait l’avenir d’un bon œil, tant l’ensemble de la société poussait à produire de plus en plus.

En milieu citadin, alors que les tickets de rationnement étaient encore de mise, les gens souffraient de la faim. Aussi, tout poussait à augmenter les rendements par une agriculture moderne, loin des pratiques anciennes, par l’emploi d’engrais qui provenaient des surplus de l’armement de la Première Guerre mondiale. Plus précisément par une réorientation des matières premières comme le nitrate, l’ammonium ou les phosphates – que l’on trouve dans les explosifs –, dans le seul but de développer les grandes surfaces agricoles afin de faire baisser le coût de l’alimentation pour les ménages.

Les usines transformèrent alors leurs charges explosives en engrais. C’est la raison pour laquelle Rudolf Steiner (précurseur de la biodynamie) se leva pour prévenir l’appauvrissement des sols.

À la suite à la Seconde Guerre mondiale, les semences furent sélectionnées pour des traitements chimiques et divers contre les parasites à force de fongicides. Il en était de même pour l’élevage, par une amélioration des cheptels, plus productifs, tant en viande qu’en lait.

Ces changements n’empêchaient nullement l’exode rural car, dans les faits, les petites exploitations ne pouvaient suivre le rythme de cette course à l’expansion et se voyaient contraintes de vendre leurs terres, aussitôt rachetées par de plus gros exploitants, avides de s’agrandir à bas prix.

Malgré tout, il fallait produire de plus en plus pour compenser les coûts de production dans la mesure où les prix de vente stagnaient. Les agriculteurs se devaient alors d’emprunter de plus en plus pour se moderniser afin de produire davantage et essayer de rattraper, par le volume, ce que la vente de leurs produits ne rapportait pas assez…

(Souce principale : Histoire des paysans de France, de Claude Michelet, éditions Robert Laffont, Paris, 1996)

Partis de rien

Bien que Michel, fonctionnaire dans le domaine de l’agriculture, rien au départ ne prédisposait ce couple à épouser le métier de paysans éleveurs-agriculteurs. Encore moins à devenir des flambeaux, connus et reconnus, de l’agriculture biologique au service d’un mouvement progressiste, novateur dans sa modernité.

Qui mieux que Michel pour nous expliquer la genèse de cette aventure.

Extrait

« Tout a commencé alors que nous habitions une vieille ferme sur le plateau de Maîche, dans le Haut-Doubs, que nous avons aménagée pour pouvoir y vivre. »

Ferme qui leur était laissée gratuitement par un oncle en échange de soins de bovins.

« Dans le même temps, nous avions un statut de double actif. Moi, à la Chambre d’agriculture du Doubs, Évelyne en tant que secrétaire d’une entreprise locale. Nous partions donc le matin à 7 h 00 pour nos emplois respectifs et rentrions vers 17 h 00 pour entamer une seconde journée pour nous occuper de nos animaux. Dans mon travail de technicien agricole, j’en profitais pour acheter des petits veaux chez des éleveurs locaux, que je ramenais à la maison… dans le coffre de ma voiture. »

Et voici comment a commencé cette formidable épopée, pour en arriver, 40 ans après, à ce que la ferme actuelle, loin de la MONOCULTURE, puisse s’inscrire dans une forme de DÉVELOPPEMENT DURABLE d’un point de vue ÉCONOMIQUE, avec une ACTIVITÉ CIRCULAIRE importante pouvant NOURRIR sainement des centaines de consommateurs, SOCIALE, en faisant vivre une douzaine de personnes dans l’exploitation, et ÉCOLOGIQUE, en respectant la NATURE ET LE VIVANT, tant au niveau des sols que des animaux.

(Note de l’auteur : Nous nous rencontrerons peut-être lors de la sortie de mon prochain livre consacré à LA PLACE DE LA FEMME DANS LE MONDE AGRICOLE.)

Auto-édition – 126 pages, texte et photos format luxe 29 € – Frais de port offerts en France métropolitaine Contact : gerard.garcia770@orange.fr

La ferme bio de They

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