La peau est notre premier mode de communication et la plus efficace de nos protections. Le sens du toucher est celui qui est le plus étroitement associé à la peau et le premier à se développer de l’embryon humain. Savez-vous que la peau provient de l’ectoderme, la plus externe des trois couches cellulaires de l’embryon ? La croissance de la peau, son développement qui se poursuit tout au long de la vie et l’épanouissement de sa sensibilité dépendent, en grande partie, des stimulations qu’elle reçoit de l’environnement.
La peau constitue l’organe le plus grand du corps humain. Elle représente 16 % de son poids total et forme une frontière entre notre environnement et nous. Elle est sillonnée par une myriade de terminaisons nerveuses (17 000 par main, dont 1 650 à la pointe de chacun de nos doigts), qui captent les stimulations venant de l’extérieur, qu’elles soient mécaniques, thermiques ou douloureuses. Mais ces stimulus peuvent aussi provenir de l’intérieur, donnant lieu à nos capacités de proprioception (sensibilité du système nerveux aux informations provenant des muscles, des articulations et des os) et de kinesthésie (perception des déplacements des différentes parties du corps).
On estime qu’il existe environ 50 récepteurs sur 1 cm2. Le nombre de points tactiles varie de 7 à 135 par cm2. Celui des fibres sensorielles allant de la peau à la moelle épinière par les racines nerveuses dépasse largement le demi-million.
Ainsi, en tant que système sensoriel, la peau est de loin l’ensemble d’organes le plus important du corps. Un être humain peut vivre aveugle, sourd et manquer de goût et d’odorat, mais il ne peut pas survivre un instant sans les fonctions assurées par la peau. Nous avons d’ailleurs tous fait le constat que, dans le noir, le toucher prend une tout autre dimension et c’est d’ailleurs un sens très développé chez les personnes aveugles ou visuellement déficientes.
La stimulation permanente de la peau par l’environnement sert à maintenir son tonus, à la fois sensoriel et moteur. Les réactions sont différentes d’un individu à l’autre, elles dépendent de la zone du corps stimulé et de la sensibilité de chacun.
Considéré comme un système d’alarme naturel, le toucher sert également à évaluer la dangerosité de l’environnement. Les capteurs ont chacun une tâche particulière. Ils répondent aux stimulus de la chaleur, du froid, de la pression et de la douleur. Dans l’alimentation, ils nous permettent de définir :
- la texture d’un aliment (lisse, rugueux…), par caresse ;
- la consistance (dur, mou, moelleux…), par pression ;
- la température (chaud, froid, tiède) ;
- la maturité d’un végétal.
Un tri bien ordonné !
Comment le cerveau fait-il donc le tri dans cette omniprésence de sensations reconnaissant une punaise qui a piqué le gros orteil d’une main posée sur l’épaule ? C’est que toutes les fibres nerveuses lui parviennent de façon ordonnée. À leur arrivée dans l’aire dédiée au toucher, le cortex somatosensoriel, les fibres nerveuses forment un plan en miniature – certes déformé – de la surface de la peau, où débute l’analyse des sensations. Un plan déformé ! Les pieds, les mains et le visage y sont surreprésentés, traduisant leur plus grande sensibilité au toucher, comme nous l’avons vu précédemment. Il existe une seule exception : les fibres nerveuses, qui véhiculent les sensations de plaisir dues aux caresses.