Après des études de biologie, une pratique hospitalière en microbiologie et des études de kinésithérapie, Philippe Chartier a exercé durant 25 ans dans l’industrie pharmaceutique. Il est l’auteur de l’ouvrage Bien vieillir, c’est un choix !, aux éditions Médicis. Nous n’avons pas pu résister à l’envie de lui poser quelques questions.
avec Philippe Chartier
Biologiste et auteur
Décider de rester jeune ou de bien vieillir, un choix cornélien ?
Décider de rester jeune et donc de bien vieillir positionne chacune et chacun d’entre nous face à un dilemme. Il s’agit d’un choix parfois difficile entre se faire plaisir à tout moment face aux tentations culinaires excessives, sans aucun discernement du bon pour la santé ou du mauvais, et, au contraire, faire le choix d’avoir une hygiène de vie scrupuleuse de façon à éviter les soucis du vieillissement en général : problèmes liés au diabète, au cholestérol, aux carences de toutes sortes… Bien vieillir, c’est tout d’abord décider soi-même de l’avenir que l’on souhaite offrir à son corps et à sa santé, à son apparence physique.
En France, l’espérance de vie en bonne santé semble nettement moins importante que l’espérance de vie en mauvaise santé. La médecine allopathique aurait-elle tout intérêt à nous maintenir le plus longtemps possible en mauvaise santé ? Bref, sommes-nous surmédicamentés ?
L’espérance de vie en bonne santé chez la femme est de 64,1 ans et chez l’homme de 62,6 ans. Nous pouvons déjà constater que cette espérance de vie en bonne santé baisse chez la femme par rapport à 2005, conséquence sans doute d’une hygiène de vie dégradée, en relation, en particulier, avec le tabac, l’alcool, les drogues.
De plus, la médecine allopathique – qui soigne avec la chimie – fait tout ce qu’elle peut pour vendre toujours plus de médicaments chers et engranger des chiffres d’affaires insolents. La preuve la plus fragrante est la polymédicamentation des personnes à partir de 65 ans. Pas moins de 13 médicaments sont pris chaque jour en moyenne, entraînant 130 000 hospitalisations par an, et, parmi elles, 20 000 personnes décéderont ; c’est ce que l’on appelle la « iatrogénie », ou le trouble ou la maladie consécutifs à la prise d’un médicament ou à un traitement médical.
En conclusion, moins vous prendrez de médicaments, mieux vous vous porterez !
Quels sont les mécanismes essentiels qui interviennent dans le vieillissement ?
Le vieillissement n’est pas monofactoriel, ce serait bien entendu trop simple !
Une multitude de mécanismes interviennent dans ce processus, dont les plus connus sont les suivants :
- L’oxydation, avec la formation de radicaux libres à l’origine du vieillissement de la peau en particulier, raison pour laquelle il est conseillé de prendre régulièrement des antioxydants.
- La glycation, faisant intervenir le sucre et les protéines (protéines glyquées).
- La diminution de l’efficacité des synapses (ralentissement de l’influx nerveux).
- La diminution de la quantité de neurotransmetteurs (au niveau des synapses en particulier).
- La génétique, l’épigénétique.
- La diminution de la longueur des télomères (ce sont des régions hautement répétitives de l’ADN, située à l’extrémité de chaque chromosome).
- La prise excessive de médicaments.
- Le « laisser-aller », le manque d’anticipation du vieillissement.
Vous dites, dans votre ouvrage, que le vieillissement est : une part de chance, une part de génétique et beaucoup d’anticipation. Pourriez-vous développer ?
Oui, c’est une formule qui m’est propre et qui illustre bien le fait que nous avons entre nos mains la plus grande partie de la maîtrise de notre vieillissement, puisque l’anticipation représente plus de 70 % de cette formule. Anticiper, c’est donc se préoccuper précocement de son bien vieillir, c’est-à-dire bien avant 50 ans, et qui comportera différentes actions bénéfiques à notre organisme. Après 60 ans, d’autres actions sont plus adaptées à l’âge (alimentation, activité physique en relation avec l’objectif recherché, supplémentations, exercices bénéfiques pour le cerveau, spiritualité, relations, modes de vie, état d’esprit…).
La médecine anti-âge, médecine spécifique du vieillissement, n’est pas suffisamment développée en France, hélas ! Enfin, la génétique joue un rôle précieux dans le vieillissement. Nous aurons la chance – ou pas – d’hériter des gènes favorables au bien vieillir en relation avec notre famille ; si nous descendons de parents ou grands-parents ayant vécu jusqu’à un âge très avancé, il y a de fortes probabilités qu’il en soit de même pour nous, à moins que la nature vous ait infligé une désagréable sentence avec une maladie grave et, là, c’est malheureusement la chance qui n’était pas au rendez-vous pour vous octroyer les meilleures conditions pour bien vieillir.
Quels sont les effets de l’âge sur l’immunité ?
Notre microbiote se compose de 100 000 milliards de bactéries pour un poids, si nous les isolions, de 1,5 kg. Au fil des années, ce microbiote a tendance à se déséquilibrer en raison d’une mauvaise alimentation, de la consommation de pesticides dans les fruits et les légumes, des désinfectants, du chlore contenu dans l’eau que nous buvons… Certaines mauvaises bactéries vont donc se développer au détriment des bonnes bactéries et perturber l’équilibre bactérien. Or, un bon microbiote met l’organisme dans des conditions optimales de défense contre les agresseurs (bactéries pathogènes, virus, champignons, parasites).
L’âge a donc une influence sur le microbiote, lui-même garant d’une bonne immunité. Il conviendra par conséquent d’être vigilant quant à toute perturbation de cette flore, se traduisant bien souvent par des désagréments intestinaux, ballonnements, des infections à répétition… La solution ? Les probiotiques, à condition qu’ils soient dosés correctement, que le nombre de souches soit optimal, qu’ils soient enrobés d’une substance gastro-résistante et accompagnés de prébiotiques (ou fibres sur lesquelles se fixent les bactéries).
Toute maladie naît du microbiote.
La supplémentation, une nécessité pour bien vieillir ?
Se supplémenter en étant en pleine santé n’est pas nécessaire. Se supplémenter en période hivernale, de pandémie, de carence supposée chez la personne âgée en raison d’une alimentation déséquilibrée s’avère souvent nécessaire. En ce qui concerne la prévention du vieillissement, certaines supplémentations sont conseillées, notamment les antioxydants, le magnésium, la vitamine D3, la coenzyme Q10, qui, lorsqu’elle est prise sur le long terme, peut générer jusqu’à 9 années de vie supplémentaires !
Pendant des périodes comme ces deux années de folie et contrairement à tout ce qui a pu être dit dans les médias le zinc, la vitamine D3, la N- acétylcystéine, puis le glutathion étaient et sont encore aujourd’hui des supplémentations indispensables, notamment pour renforcer le système immunitaire.
ATTENTION cependant ! Vous êtes dans le domaine impitoyable des abus et tromperies possibles des laboratoires, en raison des chiffres d’affaires engendrés. Renseignez-vous donc sur le sérieux des produits commercialisés avant de sombrer dans des sous-produits qui n’apporteront pas les effets escomptés.
Quelle place tient la sexualité dans la prévention du vieillissement ?
La sexualité n’est pas réservée au sujet jeune, bien heureusement ! Le code de la santé publique retient également la notion de santé sexuelle, synonyme de bien-être physique, mental et émotionnel, social. Le vieillissement peut parfois entraver la pratique de la sexualité aussi bien chez l’homme que chez la femme en raison de modifications hormonales, liées en particulier à la prise de certains médicaments. La pratique d’une activité sexuelle 3 fois par semaine peut être à l’origine d’un allongement de la durée de vie de plus de 7 ans ! Alors, le traitement n’est pas si difficile à appliquer !
Vos 10 principaux conseils pour bien vieillir ?
Il y a lieu de s’appuyer sur les résultats des 5 « zones bleues » dans le monde, où le taux de centenaires est le plus élevé, et d’en choisir ce modèle :
- Une activité physique modérée mais régulière.
- Une alimentation d’origine végétale.
- Une bonne maîtrise du stress.
- Une consommation modérée d’alcool.
- Pas de tabac.
- Avoir un but, des objectifs de vie.
- Avoir un engagement spirituel ou religieux.
- Avoir un cercle familial, un cercle d’amis avec qui échanger, partager.
- Anticiper le vieillissement (suivis, médecine anti-âge, surveiller les différents paramètres biologiques, prévention, prédiction, participation, personnalisation).
- Supplémentations suffisamment réfléchies et cohérentes.
- Le moins de médicaments chimiques possible !
Le mot de la fin ?
Bien vieillir, c’est un choix à la portée de chacune et de chacun, à condition de l’anticiper en adoptant les bonnes attitudes, les bonnes habitudes, les bons réflexes. Les médecines naturelles sont les mieux placées pour répondre à cet objectif, permettant d’éviter toute pollution par la chimie. Le recours aux nouvelles technologies sera également très utile afin d’éviter certaines pathologies traumatisantes venant polluer le bon déroulement des années au cours desquelles le bonheur doit avoir toujours sa place (exosquelette, par exemple, pour éviter les pathologies traumatiques).