avec Claudia Rainville
Fondatrice de la métamédecine, microbiologiste médicale de formation
Encore bien trop confidentielle, la métamédecine gagne à être connue. Elle peut se révéler être particulièrement efficace là où la médecine conventionnelle devient impuissante, à savoir chercher au-delà des symptômes. À l’occasion de la nouvelle édition de son ouvrage Métamédecine 2.0 aux éditions Guy Trédaniel, Claudia Rainville nous éclaire sur cette médecine encore trop peu connue.
Comment pourriez-vous définir la métamédecine
à nos lecteurs ?
La métamédecine est une discipline où la psychologie tient une place essentielle. Tout son art repose sur l’écoute de la personne qui consulte. Écoute des pensées, des sentiments et des émotions qui ont donné naissance à des affections ou à des mal-être.
En quoi se distingue-t-elle de la médecine ?
La métamédecine est le pendant féminin de la médecine, qui ne se soustrait en aucun cas à la consultation d’un médecin. Si une personne se fracture le poignet, elle aura besoin d’un praticien de la médecine allopathique, mais si une personne souffre de reflux gastrique qu’aucun médicament n’arrive à soulager, la médecine féminine pourra l’aider à en découvrir la cause, qui, dans la majorité des cas, est inconsciente. C’est en prenant conscience que la personne affectée pourra s’en libérer. Médecine et métamédecine sont complémentaires comme nos deux hémisphères cérébraux.
Pourquoi traiter les symptômes n’est-il pas suffisant ?
Faire disparaître un symptôme, une douleur ou une manifestation n’est pas nécessairement synonyme de guérison. Voici un exemple : en 2005, Éliane subit une mammectomie pour une tumeur cancéreuse au sein droit. En 2010, elle fait ce que l’on appelle en médecine classique une récidive. Une nouvelle tumeur s’est formée au niveau de la cicatrice de son sein droit. Les médecins lui disent que c’est parce que les tissus n’avaient pas été suffisamment nettoyés lors de sa précédente intervention. On l’opère de nouveau.
Voilà qu’en 2017 on lui diagnostique de nouveau une tumeur au même endroit. Éliane est découragée, elle se demande s’il elle ne devrait pas aller chercher ailleurs les causes de sa maladie et opte pour des consultations en métamédecine.
En métamédecine, une douleur ou une affection à une cicatrice peut être l’indice d’un résidu de souffrance qui n’a pas été libéré. C’est à partir de cette possibilité que j’interrogeai Éliane. Cela lui permit de réaliser que sa tumeur primaire était liée à la souffrance de son fils vis-à-vis de laquelle elle s’était sentie impuissante. Cette histoire la ramenait à celle de son frère quand elle était enfant. Étant l’aînée, elle s’était vu confier par sa mère la responsabilité de son frère, qui faisait continuellement des bêtises pour avoir de l’attention, ce qui lui valait les coups de son père. Éliane souffrait de voir son frère battu et se sentait tellement impuissante, au point de ne pas se donner le droit d’être heureuse et c’est ce qu’elle revivait avec son fils. C’est précisément cette blessure de son passé qu’elle devait résoudre pour parvenir à une véritable guérison.
Comment la métamédecine intervient-elle
vis-à-vis des allergies ?
Une allergie est une réaction qui mobilise le système immunitaire. La question à se poser sera donc : « À quoi est-ce que je réagis ? »
Nous pouvons réagir par nos 5 sens (ce que l’on voit, ce que l’on entend, ce que l’on sent, ce que l’on touche ou ce que l’on goûte), mais nous pouvons également réagir à ce que l’on pressent. Beaucoup de personnes souffrent d’affection lors des changements de saison. Par exemple, à la fin du mois de juin, nombreux sont ceux atteints de rhinites allergiques, qu’ils traduisent par la fièvre des foins.
Lors d’une conférence, une maman s’approcha de moi pour me demander quelle pouvait être la cause des allergies saisonnières de son fils. Je pensai aux grandes vacances et demandai au gamin : « Se pourrait-il que, lorsque les grandes vacances arrivent, tu trouves difficile d’être séparé de tes copains pendant deux mois ? » J’avais touché juste. Ce garçon était pensionnaire dans un collège privé. Lorsqu’arrivaient les grandes vacances, il perdait ses amis jusqu’à la rentrée. C’est ce qui lui faisait ressentir de la tristesse et qu’il rejetait – les yeux et le nez qui coulent. Je l’aidai à trouver des solutions pour qu’il ne se sente plus séparé d’eux. Ce fut la fin de ses allergies saisonnières.
Un homme souffrait d’un prurit eczémateux aux mains, qui cessait quand arrivait l’automne. Cet eczéma avait débuté après que ses parents eurent déménagé. « J’avais perdu tous mes copains avec lesquels j’aimais jouer au football », me dit-il. L’été réveillait dans sa mémoire émotionnelle cette tristesse d’avoir perdu ses copains. Il se rappela qu’au début, il en avait aussi à un pied, celui qui frappait le ballon. Ayant compris, il put retourner dans ses souvenirs, aider le jeune garçon qu’il était à se libérer de sa tristesse. Ce symptôme ne revint pas. Une participante m’interrogea au sujet d’une allergie au soleil. Cette allergie survenait lorsqu’elle se mettait en maillot de bain. Lorsqu’elle prit conscience qu’elle avait honte de son corps et qu’elle cessa de s’imposer d’être parfaite, l’allergie disparut.
Quand on pense à l’allergie au froid, on est porté à penser à l’hiver. Pourtant, même en Afrique, il y a des gens qui souffrent d’allergies au froid. Dans la majorité des cas, ces personnes n’ont pas accepté le décès d’un proche. En les aidant à faire leur deuil, elles s’en libèrent. Il est fréquent que les sujets allergiques aux poils d’animaux aiment le type d’animal auquel ils sont allergiques. Une participante, m’écoutant donner l’exemple d’un garçon dans ce cas, me dit : « J’ai compris mon allergie au chat ! Je n’ai pas fait le deuil du chat que j’aimais ! » Marine était allergique à la poussière, aux acariens, aux poils d’animaux… qui provoquaient les symptômes d’une rhinite allergique et de l’asthme. En cherchant avec elle un événement concret où s’étaient manifestés ses symptômes, elle se rappela qu’elle était allée chercher des boîtes de vêtements d’hiver, qui étaient recouvertes de poussière.
Qu’est-ce que ces boîtes pleines de poussière pouvaient lui rappeler ?
Il lui revint qu’enfant, sa mère conservait également des vêtements pour la saison suivante dans des boîtes. Ces boîtes avaient réveillé chez elle le souvenir de l’époque où on lui donnait les vêtements portés par sa soeur la saison précédente. Elle avait honte de porter ces vêtements usagés, qui ne lui plaisaient pas. De plus, elle se sentait inférieure à sa soeur, qui était très brillante à l’école. En aidant Marine à retrouver la petite fille qu’elle était, elle a pu lui dire que, désormais, elle allait pouvoir porter des vêtements neufs de son choix, qu’elle avait autant de potentiel que sa soeur, sur un mode différent, qu’elle pouvait s’autoriser à être elle-même et à respirer à pleins poumons.
Quelques semaines après, Marine n’eut plus de crises d’asthme et fut étonnée de ne plus présenter de symptômes d’allergies.
Le mot de la fin
Mieux se comprendre, apprendre à écouter ce que les symptômes cherchent à nous dire, c’est tendre vers l’auto-guérison ou, du moins, vers l’apaisement de certains de nos maux, qui sont presque tous la conséquence de situations non réglées, dont il « suffit » de prendre conscience ; et c’est là tout l’art de l’écoute en profondeur qu’offre la métamédecine.
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