Tchernobyl, théâtre de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire, transformé en gigantesque parc solaire ? C’est le pari des autorités ukrainiennes, qui misent sur ce symbole fort pour attirer les investisseurs étrangers.
Le projet peut sembler surréaliste à ceux qui ont gardé le souvenir du drame de Tchernobyl et des conséquences désastreuses qu’il avait entraînées pour toute forme de vie. « Bien sûr que ce territoire n’est pas convenable pour un usage agricole, mais la zone est adaptée pour des projets d’innovation et de recherche », justifie le ministre de l’Écologie, Ostap Semerak, dans un entretien à l’AFP.
D’ici à la fin de l’année, 2 compagnies privées doivent construire 2 centrales solaires d’une puissance allant jusqu’à 3 mégawatts chacune. Elles seront installées sur une superficie d’environ 6 hectares.
C’est peu comparé aux quelque 4 000 mégawatts produits par Tchernobyl à l’époque soviétique ; mais il est prévu d’installer d’autres panneaux solaires dès 2017.
Les autorités ont indiqué qu’en tout, 6 000 hectares situés dans la « zone d’exclusion », qui se situe dans un rayon de 30 kilomètres autour du site accidenté, étaient disponibles pour construire le parc solaire, sans préciser combien d’énergie elles espéraient fournir.
Actuellement, environ 50 % de l’électricité est produite en Ukraine par des centrales nucléaires et près de 40 % par des centrales thermiques, alimentées principalement en charbon. Les installations hydroélectriques fournissent, quant à elles, près de 7 % de l’électricité et les panneaux solaires moins de 1 %.
« De nombreuses compagnies internationales sont intéressées par ce projet. Je pense qu’en cas de négociations fructueuses, les projets pourront êtres lancés l’année prochaine », se réjouit M. Semerak.
Il estime que les sociétés étrangères seront attirées par la main d’oeuvre qualifiée et par le fait que les terres situées dans la zone de Tchernobyl restent très peu chères, étant donné qu’elles ne peuvent pas être utilisées pour l’agriculture. 30 ans après la catastrophe, la zone, qui a été abandonnée par ses habitants, si ce n’est une centaine de personnes âgées revenues après le drame, s’est d’ailleurs transformée en une réserve unique où prospèrent animaux et flore sauvages.
Le ministre de l’Écologie a déjà présenté le projet à la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD). Fin juillet, cette dernière a indiqué qu’elle pourrait « envisager de participer au projet à partir du moment où des propositions d’investissements viables sont faites » et des réponses apportées concernant les risques environnementaux.
Pour les analystes, le projet paraît techniquement viable. De plus, les infrastructures héritées de la centrale accidentée, notamment les lignes à haute tension, sont encore sur place et utilisables, ce qui représente un atout non négligeable.