avec Simon Assoun
Spécialiste de la coloration végétale
Le début de l’année 2018 aura vu fleurir plusieurs gammes de colorations capillaires végétales sur le marché français. La fin de l’année aura été marquée, quant à elle, par un fait peu réjouissant : une jeune femme de 19 ans a mis sa santé en péril suite à l’application d’une coloration conventionnelle (donc chimique) et s’est retrouvée avec le visage déformé de façon très impressionnante en raison d’une allergie à l’un des produits de la composition… Cet incident, relaté utilement par les médias, doit nous faire réfléchir, car se colorer les cheveux est loin d’être un acte anodin.
Il est grand temps de changer nos habitudes de consommation et de donner le meilleur à nos cheveux dans le seul but de veiller sur notre santé. Pour vous apporter des éléments de réponse, nous avons posé quelques questions à Simon Assoun, spécialiste de la coloration végétale.
Les colorations conventionnelles, donc chimiques, peuvent provoquer des allergies : sous quelle(s) forme(s) se manifestent-elles ?
Une réaction allergique aux colorations chimiques peut être plus ou moins forte et peut se manifester sous différentes formes. Il peut s’agir d’une légère sensation de chaleur localisée, d’un picotement, ou de fortes démangeaisons et de gonflements, ou encore de l’apparition de plaques sur tout le corps. Si les premières peuvent s’apaiser en quelques minutes, les dernières peuvent être plus graves et nécessiter des traitements. On pense au cas de la jeune fille qui a fait le tour des réseaux dernièrement. Sa vie était même en danger.
À quelles substances sont-elles dues ?
Les substances les plus « connues » – celles ayant été identifiées comme à risque et médiatisées – sont le PPD, ou paraphénylènediamine, le resorcinol, le p-aminophénol…
Zoom sur le PPD Le paraphénylènediamine est un constituant à éviter absolument : il est pourtant déjà interdit dans tous les produits cosmétiques, mais encore toléré dans les colorations capillaires, comme révélateur, à hauteur de 6 %. Les fabricants de colorations chimiques qui l’utilisent encore ont « seulement » l’obligation d’informer les consommateurs sur ses risques. Le PPD traverse la barrière cutanée, passe dans le sang et peut atteindre les organes. Il est allergisant, mutagène, agit tel un poison au niveau du foie et des reins, perturbe le système immunitaire et peut aussi toucher les systèmes respiratoire et nerveux. Rappelons par ailleurs que, depuis le 1er décembre 2006, 22 substances encore présentes dans certaines teintures sont interdites à la commercialisation : 6-Methoxy-2,3-Pyridinediamine et son sel HCI ; 2,3-Naphthalenediol ; 2,4-Diaminodiphenylamine ; 2,6-Bis (2-Hydroxyethoxy)-3,5-Pyridinediamine ; 2-Methoxymethyl-p-Aminophenol ; 4,5-Diamino-1-Methylpyrazole et son sel HCI ; 4,5-Diamino-1-((4-Chlorophenyl)Methyl)-1H-Pyrazole Sulfate ; 4-Chloro-2-Aminophenol ; 4-Hydroxyindole ; 4-Methoxytoluene-2,5-Diamine et son sel HCI ; 5-Amino-4-Fluoro-2-Methylphenol Sulfate ; N,N-Diethyl-m-Aminophenol ; N,N-Dimethyl-2,6-Pyridinediamine et son sel HCI ; N-Cyclopentyl-m-Aminophenol ; N-(2- Methoxyethyl)-p-phenylenediamine et son sel HCI ; 2,4-Diamino-5-methylphenetol et son sel HCI ; 1,7-Naphthalenediol ; 3,4-Acide diaminobenzoïque ; 2-Aminomethyl-p-aminophenol et son sel HCI ; Solvent Red 1 (CI 12150) ; Acid Orange 24 (CI 20170) ; Acid Red 73 (CI 27290) (Source : Commission européenne) |
Comment expliquer que ces produits soient encore présents dans des colorations alors qu’ils sont si toxiques ?
Ils sont encore présents car aujourd’hui, dans le monde de la chimie, il est difficile de procéder autrement. Dans les années 70, l’industrie a éliminé quelques-unes des substances qui étaient considérées comme cancérigènes, mais les molécules employées actuellement sont encore à risque, que ce soit en matière d’allergie ou encore de risques liés au cancer.
Quand une substance est identifiée comme étant allergène ou cancérigène, elle est remplacée par une substance « cousine », qui aura probablement les mêmes effets. Mais le temps de la preuve et de la démonstration d’un lien direct est toujours long. Le principe de précaution est rarement appliqué.
Je pense que c’est aux marques elles-mêmes de se remettre en question, de supprimer des ingrédients douteux de leurs compositions et d’évoluer vers d’autres méthodes.
Quelles alternatives propose le végétal ?
Chez Biocoiff’, nous proposons une alternative claire : des colorations 100 % végétales et certifiées bio. Nous maîtrisons en effet la coloration par les plantes et uniquement par les plantes. Ce sont des protocoles que nous avons mis au point et que nos équipes connaissent parfaitement. Nous formons même les professionnels de la coiffure de toute la France. C’est une toute autre méthode de coloration, qui ne modifie pas la structure du cheveu pour la colorer mais s’enroule autour et s’y fixe fortement et de façon durable.
Sont-elles totalement sûres ?
Oui. L’absence d’ingrédients chimiques est une garantie de sûreté. Cependant, certaines personnes sont allergiques à des fruits ; et, pour des terrains allergiques très sensibles, il est préférable, avant de faire une couleur, de faire un test de peau pour évaluer une éventuelle réaction.
Zoom sur le PPD Comment agissent les colorations conventionnelles ? Leur action se déroule en 3 temps, qui agressent et fragilisent fortement les cheveux : 1. La peroxydation Elle a pour objectif d’ouvrir les écailles des cheveux afin que les colorants chimiques pénètrent au sein de la fibre capillaire, puis de la décolorer. Cette réaction chimique se nomme ainsi car elle utilise un peroxyde, autrement dit un dérivé de l’eau oxygénée. 2. La dépigmentation Elle fait disparaître la couleur naturelle d’origine et dépigmente le cheveu. Il va alors s’éclaircir et peut même devenir tout blanc. Ce processus est extrêmement agressif car le cheveu doit perdre sa structure pour que la réaction chimique puisse se faire. Il est de cette façon totalement dénaturé. 3. La repigmentation Enfin, cette dernière réaction chimique se produit à l’intérieur de la fibre capillaire. Elle va redonner une couleur aux cheveux en insérant les pigments colorants artificiels. Elle n’a donc rien de naturel non plus. |
À qui s’adressent-elles ?
Les colorations végétales s’adressent à tous et à toutes. D’abord, aux personnes qui ont un mode de vie bio, celles qui ont le sentiment d’avoir des cheveux abîmées et souhaitent les soigner et les réparer, et celles qui, justement, ont des sensibilités particulières : allergies, traitements chimio ou encore des femmes enceintes.
Le mot de la fin ? Pensez-vous que l’avenir soit au végétal après l’ère du tout chimique ?
Absolument ! Le végétal est le futur de la coiffure. Les consommateurs et les professionnels de la coiffure sont de plus en plus nombreux à prendre le virage du végétal. Que ce soit pour des raisons de santé, d’écologie ou de beauté du cheveu.
La chimie a été une révolution, mais le végétal sera la « rébiolution ». Une rébiolution basée sur le pouvoir des plantes, qui se révélera encore plus grand que celui de la chimie car il soigne et protège le cheveu, et la planète.
Pour en savoir plus : www.biocoiff.com