Savez-vous que nos émotions peuvent avoir un impact considérable sur notre cycle menstruel et la bonne santé de notre utérus ? L’utérus est, en effet, le deuxième cœur des femmes. Il possède ses propres pulsations et réagit à nos émotions. Dans cet autre cœur résident notre identité, nos inquiétudes autant que nos joies.
À l’occasion de la sortie de son livre Habiter son utérus, aux éditions Tana, Maud Renard nous en dit plus sur cette gynécologie inattendue.
avec Maud Renard
auteure
Qu’est-ce que la gynécologie émotionnelle ?
La gynécologie émotionnelle est une manière d’aborder les déséquilibres et les maladies de la sphère gynécologique par le prisme des émotions et non pas seulement du physique. J’ai développé ma propre méthode, que j’ai nommée la gyn’émotion. C’est un accompagnement qui intègre la parole, la libération des émotions, le mouvement, le décodage biologique et la compréhension des traumatismes pour être en paix avec sa sphère gynécologique.
Pourquoi est-elle méconnue en France ?
J’ai découvert la gynécologie émotionnelle alors que je vivais en Colombie. J’ai appris là -bas l’impact que peuvent avoir les émotions sur le cycle menstruel et les maladies gynécologiques. C’est un état d’esprit particulier d’admettre que ce que je vis de joyeux ou de désagréable a un impact sur mon corps et sur mon utérus. J’ai moi-même été perturbée au début ! En France, la santé est assimilée en général à une « réparation » physique du corps ; la médecine institutionnelle va soigner le corps et c’est tout à son honneur. Mais elle ne répare que les conséquences, pas la cause du problème qui est relié à l’esprit. Nous, les Occidentaux, n’avons pas été habitués à avoir le réflexe d’aller chercher d’où vient le mal. Cela commence à changer et, doucement, certaines pratiques alternatives sont tolérées pour aller voir où se cache la cause de la douleur ou du déséquilibre, et non plus se contenter de réparer le corps.
Comment vous y êtes-vous intéressée ?
Tout simplement parce que j’avais moi-même des douleurs menstruelles !
Lorsque je suis arrivée en Colombie, je n’avais plus les mêmes repères. La médecine institutionnelle peut être très loin de certains territoires et, surtout, j’avais envie de trouver d’autres solutions que de gober des substances chimiques. J’avais envie que la solution vienne de moi, pas des autres. Je me suis rapprochée des herboristes et des médecines dites ancestrales, c’est-à -dire natives de Colombie. J’ai découvert une manière différente de penser la sphère gynécologique. Je me suis plongée dans la discipline appelée la gynécologie naturelle, c’est-à -dire se soigner avec les plantes, pour me spécialiser ensuite dans la gynécologie émotionnelle.
Que permet-elle de soigner ou de soulager ?
L’idée de la gynécologie émotionnelle n’est pas de soigner, bien que cela puisse être une conséquence de la pratique. L’idée est surtout d’être en paix avec son utérus, son vagin et/ou sa vulve, avec ou sans maladie. Des personnes viennent me voir, par exemple pour des aménorrhées, des dysménorrhées, des symptômes en périménopause, de l’endométriose, des syndromes prémenstruels forts ou des mycoses à répétition. En réalité, tout ce qui est inconfortable et quand les personnes commencent à détester leur sphère gynécologique, ou bien à s’en déconnecter car cela est trop lourd pour elles. La gynécologie émotionnelle amène à mettre des mots sur les douleurs ou les déséquilibres, elle permet de comprendre ce qu’il se passe, pourquoi cela arrive à cet endroit du corps. Lorsque l’on comprend ce qu’il nous arrive, il y a déjà 50 % du travail de fait et, très vite, nous nous sentons soulagées. En accompagnement, je vais plus loin ensuite pour se libérer des émotions qui s’étaient cachées et qui bouillaient de l’intérieur, provoquant les douleurs.
Est-il possible de la pratiquer chez soi, sans l’aide d’un praticien ? Si oui, comment ?
J’aspire à ce que la gynécologie émotionnelle soit vue comme de la prévention et non comme une résolution. Cependant, lorsque la maladie ou le déséquilibre est bien installé, il me semble judicieux de se faire accompagner. Toutefois, la pratique par soi-même est la meilleure des solutions pour, justement, prévenir les déséquilibres et les douleurs. Les deux bases fondamentales pour moi sont de prendre soin de sa santé émotionnelle et de se connecter à sa sphère gynécologique. Sa santé émotionnelle passe par ressentir ses émotions quand elles arrivent, les autoriser à sortir, à les exprimer au moment juste et à la personne juste. Les émotions sont souvent mises de côté dans notre société et donc elles explosent parfois à des moments inopportuns sur les personnes qui ne sont pas concernées par ces émotions. Pour la connexion à la sphère gynécologique, cela passe déjà par se souvenir que vous en avez une ! Plusieurs choses existent pour y arriver, par exemple regarder sa vulve physiquement avec un miroir ou bien parler à son utérus. Dans le livre Habiter son utérus, je propose justement plusieurs pratiques pour permettre cela.
Quels conseils donneriez-vous à nos lectrices qui souhaiteraient s’y intéresser ?
Le premier conseil que je donnerais est, d’abord, de se faire confiance. Je ne le répéterai jamais assez : nous sommes la meilleure soignante pour nous-même. Sentez ce qui est juste pour vous et ce qui ne l’est pas. Allez vers ce qui vous fait du bien.
Le second conseil serait de regarder ce qui impacte votre cycle menstruel. Cela passe par une observation durant tout le cycle des liens entre ce que vous vivez comme émotions et ce que vous vivez comme douleur ou déséquilibre menstruel. Par exemple, les mois où vous êtes plus stressée, est-ce que vos menstruations sont plus douloureuses ? Ou les mois où vous êtes plus tranquille, est-ce que les symptômes prémenstruels sont adoucis ? Ce sont déjà des premiers liens entre gynécologie et émotion !
Et, enfin, je conseille de lire mon livre, où j’explique quelles émotions peuvent impacter la sphère gynécologique, comment libérer ces émotions pour apaiser les maux gynécologiques.
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