« C’est dans l’acceptation de notre vulnérabilité que réside notre guérison. » Bernie Siegel (chirurgien et enseignant américain, un des pionniers de la médecine corps/esprit, praticien notamment aux côtés de patients atteints d’un cancer ou du sida)
L’addiction est une relation pathologique à une substance ou un comportement qui modifie l’humeur et dont les effets sont destructeurs. Celui qui souffre d’addiction est un être profondément blessé, isolé chaque jour davantage, prisonnier d’une geôle qu’il a contribué à construire et dont il a jeté la clé. Les conséquences sur son psychisme, mais aussi sa santé, sont désastreuses. Pour se libérer de ses addictions, encore faut-il en comprendre les rouages. Décryptage avec plusieurs experts en la matière.
Le dossier du mois
Les mécanismes de l’addiction
Saviez-vous que différents facteurs jouent un rôle-clé dans la vulnérabilité à l’addiction ?
- les facteurs génétiques, qui représentent environ 50 % du risque de développer une addiction,
- les facteurs développementaux (vie intra-utérine, enfance, adolescence),
- les facteurs environnementaux (culturels, stress, drogue, sociaux et familiaux).
Par ailleurs, les circuits cérébraux impliqués sont ceux qui le sont dans les fonctions exécutives (notamment la prise de décision), la récompense*, la motivation, l’humeur, ainsi que l’intéroception (perception des signaux qui proviennent du corps).
Il faut bien comprendre que le chemin qui mène du plaisir à l’addiction passe très probablement par des phénomènes liés à la fois à l’automatisme dans lequel le comportement initialement motivé devient, par la suite, une habitude et à une amplification progressive de la motivation à consommer.
La transition de l’abus vers l’addiction implique ainsi une augmentation de la motivation à consommer, un état émotionnel négatif et une diminution de la capacité à inhiber certains comportements. Au niveau cérébral, on constate une hypoactivation des régions corticales frontales qui entretiennent des liens étroits avec les systèmes limbiques, moteurs et sensoriels et contribuent à leur régulation, et une hyperactivation des zones impliquées dans la motivation, la mémoire, le conditionnement et les émotions. À l’heure actuelle, il n’est pas clairement établi si cette dérégulation fonctionnelle observée chez les personnes dépendantes précède le développement de l’addiction ou si elle est induite par la consommation chronique.
* Le circuit de la récompense est le système fonctionnel fondamental des mammifères, situé le long du faisceau médian du télencéphale. Il est indispensable à la survie, car il fournit la motivation nécessaire à la réalisation d’actions ou de comportements adaptés, préservant ainsi l’individu et l’espèce (évitement des dangers, reproduction, nourriture). Les différentes structures du circuit des récompenses sont formées de l’aire tegmentale ventrale, l’amygdale, du noyau accumbens, du septum et du cortex préfontal.
Source : Inserm
À lire…