Conférencier international, expert en santé naturelle promouvant une approche holistique, Jérémie Mercier est issu d’une formation scientifique de haut niveau (normalien en chimie et docteur en recherche environnementale). Jour après jour, son objectif est d’amener un maximum de personnes à découvrir, simplement et avec pragmatisme, les techniques efficaces de santé naturelle, les bases de l’alimentation saine et de « l’hygiène émotionnelle ». Nous lui avons posé quelques questions sur ce terme quelque peu surprenant.
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Hygiène et émotions sont deux termes qui sont rarement associés. Pourquoi les avoir mis en relation ?
Effectivement, il paraît incongru pour beaucoup de personnes d’associer ces deux termes… et pourtant !
Voici une analogie que j’aime bien faire et qui permet de mieux comprendre cette notion d’hygiène émotionnelle.
On a tous appris les bases de l’hygiène corporelle. Par exemple, quand on a envie de faire pipi, on va aux toilettes, on fait pipi, ça fait du bien tout de suite et, quand on y réfléchit, même si cet acte est archi banal, il est vital !
À l’opposé, quand on ressent une émotion, la plupart du temps, on n’en fait rien ; ou plutôt, si, on la retient. Au bout d’un moment, ça fait mal, voire très mal, et cette douleur peut alors nous pousser à vider nos émotions sur d’autres personnes, alors qu’il nous suffirait d’extérioriser nos émotions pour relâcher la pression, sans faire de mal à qui que ce soit. En extériorisant ses émotions, on ressent très rapidement un soulagement, on se fait du bien. De même que l’on ne fait pas pipi devant les autres, sur les autres, ni sur soi et qu’on ne garde pas non plus indéfiniment son urine, l’idée est que l’on n’extériorise pas ses émotions en pleine rue (nos codes sociaux l’interdisent), on ne lâche pas ses émotions sur les autres (sinon, on leur fait du mal), ni sur soi (on se fait du mal) et on ne retient pas trop longtemps ses émotions non plus (sinon, on se crée soi-même des problèmes de santé).
Aussi, je considère que l’hygiène émotionnelle est une composante fondamentale de la pleine santé, au même titre que l’hygiène du corps !
Pourquoi est-il si important d’extérioriser ses émotions ?
L’extériorisation des émotions est la façon naturelle de vivre les émotions chez les petits enfants (jusque 1 ou 2 ans), les animaux (en particulier les animaux sauvages) et certains peuples dits premiers. L’extériorisation des émotions se fait avec des cris, des gesticulations, des pleurs, mais sans mots (les mots sont, par essence, intellectuels).
Le mot émotion vient du verbe émouvoir, provenant lui-même du verbe latin emovere : mouvoir hors de, chasser, dissiper. Je vois l’émotion comme une énergie qui, pour être vécue correctement, a besoin de traverser le corps et d’en sortir.
L’émotion est un indicateur qui doit nous aider à passer à l’action. Dans le cas d’un vrai danger immédiat, comme chez nos ancêtres qui vivaient dans les cavernes, c’est grâce à la peur que nous nous enfuyons et échappons au danger. Les émotions sont des indicateurs forts et indispensables.
Aujourd’hui, nous sommes moins souvent en contact avec des dangers qui menacent notre survie, mais plus avec des éléments qui nous « stressent » (relations au travail, difficultés avec nos enfants, nouvelles anxiogènes dans les médias, peur de l’avenir, de la mort, etc.) et sur lesquels nous n’avons pas forcément beaucoup de pouvoir. C’est là que l’extériorisation des émotions prend tout son sens.
Pour revenir à l’analogie de départ : avec leur tout petit réservoir émotionnel, les petits enfants n’ont pas la capacité de retenir leurs émotions et ils les extériorisent naturellement sous forme de pleurs, de cris, de gesticulations, etc.
En tant qu’adultes, notre réservoir émotionnel est un peu plus gros, et nous avons la possibilité de les contenir. Mais, comme pour l’urine, notre vessie émotionnelle a besoin d’être vidée régulièrement ; sinon, les émotions retenues créent des dégâts ! J’estime que les émotions non exprimées sont des poisons, au même titre que des aliments néfastes ou des polluants. Leur répression et leur retenue génèrent de nombreux maux, alors que la pratique de l’extériorisation des émotions est une façon simple et agréable de les évacuer !
Pourquoi avons-nous tant de mal à extérioriser nos émotions ou le faisons-nous maladroitement ?
Nous sommes en fait des « handicapés » émotionnels dans le sens où nous n’avons pas appris l’hygiène émotionnelle. Nous avons appris au contraire – dès notre plus jeune âge – à retenir nos émotions. Des injonctions du type « tu n’es pas belle quand tu es en colère », ou « les garçons, ça ne pleure pas » sont encore couramment prononcées en 2017.
De ce fait, nous sommes devenus des champions du contrôle des émotions ! Et, ainsi, nous utilisons beaucoup d’énergie pour réprimer ces émotions, et les rares moments où elles sortent, on les lâche sur les autres, ce qui peut être parfois violent et inutile. Nous n’avons pas compris que nos émotions nous appartiennent et qu’elles sont juste une information qui est là pour nous inviter à passer à l’action.
Nous avons aussi beaucoup trop tendance à intellectualiser nos émotions et nos états d’âme quand, la plupart du temps, juste extérioriser ses émotions nous permet de revenir à une légèreté bien appréciable. Pour moi, le bonheur est juste de l’autre côté du brouillard créé par le blocage de nos émotions !
vous avez identifié 7 règles pour bien extérioriser ses émotions. Quelles sont-elles ?
1ère règle : extériorisez vos émotions dans un lieu où personne ne vous voit (sinon, on va vous prendre pour un fou/une folle !).
2e règle : mettez de l’intensité dans l’extériorisation des émotions.
3e règle : l’extériorisation des émotions doit se faire au maximum d’intensité agréable (en deçà , ce n’est pas assez fort et vous ne ressentirez pas grand-chose ; au-delà , ce sera trop fort et vous vous ferez mal inutilement). Extérioriser ses émotions, ça ne fait pas mal et c’est bon !
4e règle : mettez du son dans votre extériorisation. Sans le son, l’extériorisation des émotions est moins puissante
5e règle : ouvrez vos yeux quand vous extériorisez vos émotions ; sinon, c’est comme si vous vous cachiez, comme si vous aviez honte, alors que c’est bon et normal d’extérioriser ses émotions !
6e règle : quand on extériorise ses émotions, on n’entre pas dans la répétition, ni dans l’immobilité, on bouge de manière aléatoire. L’extériorisation des émotions se fait de manière « brute », sans artifice. L’immobilité, comme la répétition, sont des fonctionnements intellectuels, pas émotionnels.
7e règle : faites-vous du bien ! C’est bon de libérer toutes les émotions (colère, peur, joie, tristesse). Il n’y a pas d’émotions négatives. Le seul problème, c’est quand les émotions sont retenues ou lâchées sur d’autres personnes.
Quels conseils pratiques donneriez-vous à nos lecteurs pour optimiser cette extériorisation ?
Quand on commence à apprendre l’hygiène émotionnelle, le mieux est de pratiquer des exercices d’extériorisation des émotions tous les jours, voire plusieurs fois par jour, histoire de créer de nouvelles habitudes !
Il n’est pas nécessaire de prendre beaucoup de temps, et cela redonne un bon paquet d’énergie très rapidement. Je veux aussi ré-insister sur le fait qu’il n’y a aucune « émotion négative ». Les émotions sont là pour quelque chose. Elles sont. Et il est important de les vivre pleinement en suivant les règles précédemment citées régulièrement. Cela rend la vie plus fun, plus légère, plus facile et cela ouvre des portes !
Écouter ses émotions et les vivre pleinement redonnera de l’intensité à votre vie. Vous verrez comme c’est bon !
Un exercice à reproduire chez soi ?
L’exercice du cheval !
J’ai créé cet exercice en m’inspirant du renâclement du cheval, c’est-à -dire quand un cheval souffle fortement par ses naseaux.
Comme un cheval, en cas de tension de quelque ordre que ce soit, vous pouvez libérer ces tensions en soufflant par la bouche (en émettant un peu de son également) avec les lèvres détendues. Faites ainsi bouger vos lèvres grâce à l’air expiré fortement. Profitez- en aussi pour agrémenter l’exercice de grimaces, de tremblements et de gestes plus forts au niveau de votre corps.
Évidemment, on fait cet exercice seul, sans déranger qui que ce soit. L’exercice va durer entre 30 secondes et 1 minute. Et il est extra pour extérioriser la colère notamment !
En résumé :
1) Mettez-vous debout et faites quelques respirations pour revenir à votre corps.
2) Inspirez profondément, puis soufflez fortement par la bouche, avec les lèvres entrouvertes afin de faire passer de l’air qui va faire vibrer vos lèvres. Émettez en même temps un son et secouez la tête de gauche à droite avec intensité.
3) Faites des grimaces et bougez également vos bras lors de l’expiration.
4) Inspirez à nouveau et répétez ce souffle à travers votre bouche, en pensant bien à émettre du son et à remuer les bras en même temps.
5) Répétez ce renâclement du cheval 4 ou 5 fois (toujours au maximum d’intensité agréable), puis faites une dernière inspiration et savourez les sensations de détente qui se propagent dans votre corps.
En quelques dizaines de secondes, vous sentirez un changement notable de votre niveau d’énergie. Vous aurez probablement envie de bâiller, et les émotions présentes avant l’exercice vous paraîtront soudainement beaucoup plus lointaines. Bravo ! Vous venez de goûter à l’extériorisation des émotions. Répétez souvent l’exercice du cheval et sentez comme la vie est plus fun et plus intense avec ce simple exercice, qui peut même faire partie de votre routine matinale !
Pour télécharger l’ebook gratuit de Jéremie Mercier et suivre ses challenges, rendez-vous sur son site :
www.jeremie-mercier.com
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