Ce pays d’Asie du Sud-Est est un des plus gros exportateurs mondiaux de riz et de sucre, mais aussi un des plus gros consommateurs de pesticides, de plus en plus souvent interdits ou progressivement éliminés à travers le monde à cause de leur toxicité. Bonne nouvelle, la Thaïlande a récemment décidé d’interdire le glyphosate et deux autres pesticides dangereux à compter du 1er décembre, malgré les protestations des agriculteurs locaux. La commission thaïlandaise des substances dangereuses a ainsi voté l’interdiction du glyphosate, du chlorpyrifos-éthyl et du paraquat. Ce dernier, un herbicide jugé « hautement toxique » par les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies, est interdit dans l’Union européenne depuis 2007. Quant au chlorpyrifos-éthyl, des études ont établi un lien entre ce pesticide et des retards de développement chez des enfants. Le glyphosate, lui, est jugé cancérigène. Pour rappel, des associations d’agriculteurs et l’industrie chimique militent encore pour que le glyphosate, vendu sous le nom Roundup par Monsanto, filiale de Bayer, continue d’être utilisé, alors qu’il est accusé d’être à l’origine de cancers. Plus de 13 000 procès sont en cours aux États-Unis, où le produit est largement employé. Le groupe Bayer en a déjà perdu plusieurs. L’Autriche fut le premier membre de l’Union européenne à interdire toute utilisation du glyphosate, en juillet. Des restrictions ont été décidées en République tchèque, en Italie, aux Pays-Bas et en France. Le Vietnam a interdit tous les herbicides contenant du glyphosate peu après les procès aux États-Unis. Cette décision a été vivement dénoncée par le Département américain de l’Agriculture, selon qui elle va diminuer la production agricole mondiale.
Les agriculteurs thaïlandais sont pour leur part très critiques, évoquant des augmentations de leurs coûts de production. « Si nous n’avons pas de produits chimiques pour éliminer les mauvaises herbes, nous devrons employer plus d’ouvriers », a déclaré Charat Narunchron, d’une association de fermiers de la province de Chanthaburi (est), qualifiant l’interdiction d’« injuste ». Le Réseau de vigilance sur les pesticides de Thaïlande, qui militait de longue date pour l’interdiction, a remercié le gouvernement et indiqué qu’il allait aider les agriculteurs à apprendre d’autres méthodes pour leurs cultures.