Les constats sont nombreux autour des signaux de danger sur notre mode de vie et notre planète. Il en est un en particulier, celui des abeilles, qui n’émeut plus personne… Ou, plutôt, qui ne fait plus réagir ! Les abeilles sont des insectes remarquables et remarqués. Elles sont directement à l’origine de 35 % de la production mondiale de nourriture, une valeur estimée à 153 milliards d’euros (source Inra/CNRS) ! La production de miel français était de 35 000 tonnes dans les années 90 et atteint péniblement les 10 000 en 2017.
Y aurait-il moins de fleurs ? Peut-être. Moins d’apiculteurs ? Certainement pas, mais les amateurs ne compensent pas le découragement des professionnels, qui cherchent d’autres sources de revenus. Il n’est plus l’heure de s’attacher à débattre des causes de cette catastrophe, qui sont aujourd’hui identifiées – pour ne parler que des pesticides, du varroa (un acarien parasite de l’abeille), du frelon asiatique, de la pollution des écosystèmes ou des cultures OGM. Le constat est clair. Et pourtant, rien ne se passe, ou si peu. Il manque aux politiques un axe simple, clair, qui ne pourra faire l’unanimité à court terme mais qui est nécessaire à long terme : favoriser les abeilles et la biodiversité. Une vision, peut-être simpliste mais qui aura le mérite de se concentrer sur l’essentiel, le vital, car ce qui est gratuit aujourd’hui coûtera bien cher demain et sera d’autant plus réservé à certains privilégiés.
Le courage de reconnaître notre responsabilité doit laisser la place au courage de prendre nos responsabilités pour les générations futures.
Placer l’écologie au sens large comme un axe de développement majeur et profitable pour tous devient primordial, avec des objectifs simples et des avancées mesurables, dont les abeilles sont un symbole.
Les ruches du Domaine Body Nature ont été mises en place il y a 5 ans, avec des hauts lors de belles récoltes de miel, et des bas en constatant la mort de toute une ruche. Ce qui se passe à l’échelle locale doit être mis en oeuvre à grande échelle !
Je refuse les visions négatives et pessimistes pour rester résolument optimiste et constructif. Et c’est bien par l’exemple et le collectif d’une vision partagée que nous trouverons la voie, pas dans l’espoir d’une solution providentielle ou immédiate. Les abeilles nous le disent chaque jour : la réussite est collective et non pas individuelle.
Le bourdonnement de colère doit vite céder à une belle danse des abeilles, qui nous montre le chemin. Il ne sera certainement pas aisé à suivre, mais il est indispensable à l’équilibre des écosystèmes, pour assurer la reproduction des végétaux et toujours prendre plaisir à déguster le miel des ruches, la saveur de la vie.
Olivier Guilbaud
Co-dirigeant du Laboratoire
Science & Nature