Nous vous proposons le regard de l’ostéopathie sur un sujet qui concerne toutes les femmes ayant eu un enfant, sportives ou non. La pratique d’un sport est une option pertinente, à condition de lever certains obstacles et modifications résultant de la grossesse et de l’accouchement.
Depuis quelque temps, vous avez des fourmis dans les jambes.
Que vous soyez une sportive régulière, la grossesse vous ayant contrainte à limiter, puis à arrêter votre activité favorite, ou que l’idée de la pratique d’un sport vienne à germer dans votre esprit afin de rapidement retrouver la forme et un corps dans lequel vous vous sentirez bien, quelques précautions sont à suivre.
Bien évidemment, l’accord de votre gynécologueobstétricien est un préalable à toute reprise d’activité sportive. Les bouleversements morphologiques et anatomiques liés à la grossesse, ainsi que l’accouchement (voie basse ou césarienne), ont durement éprouvé votre corps. Au terme de ces 9 mois de modifications progressives, la naissance intervient et votre corps doit alors se reconstruire.
Les relations anatomiques et mécaniques entre votre squelette et vos organes ont été profondément bouleversées. Les changements hormonaux ont modifié la souplesse des tissus musculaires et ligamentaires afin de faciliter ces adaptations et, au terme, l’accouchement. Un certain temps sera nécessaire à votre corps pour récupérer, et l’ostéopathie est un atout efficace dans cette démarche.
Les principales difficultés rencontrées
1. orthopédiques, concernant :
- bien évidemment, le bassin et le dos dans leur ensemble ;
- mais aussi les poignets, qui sont souvent le siège de tendinites ;
- les membres inférieurs (pieds, genoux, hanches…), qui peuvent avoir souffert de la prise de poids, contribuant à la décompensation de déséquilibres préexistants (séquelles d’entorses, hallux valgus, subluxation rotulienne, etc.) ;
2. viscérales, concernant le bassin et tous les organes qu’il contient, mais aussi l’abdomen, avec les intestins et les viscères sous-diaphragmatiques (foie et estomac, principalement) ;
3. circulatoires, au niveau des membres inférieurs (oedèmes, varices), ainsi qu’au niveau du bassin, je veux parler des hémorroïdes fréquentes. Moins fréquemment,
4. nerveuses périphériques, syndrome du canal carpien, par exemple ;
5. ORL (oreilles bouchées, vertiges).
Tous ces domaines peuvent être abordés par l’ostéopathie, précédés des précautions d’usage afin de favoriser un retour plus aisé à un équilibre confortable. Même en l’absence de pratique sportive, une consultation chez un ostéopathe est utile, voire indispensable. Se pose en réalité la question du moment opportun pour consulter.
La nature ayant bien fait les choses, le corps dispose des moyens nécessaires à son entretien et sa réparation. Laissons-les agir dans un premier temps (1 mois et demi, 2 mois environ), puis voyons ce qu’il n’a pas pu ou su faire. En cas d’inconfort majeur, nous interviendrons évidemment sans attendre, mais avec une pratique adaptée à l’état des tissus impliqués.
Quoiqu’il en soit, le préalable à toute reprise sportive passe par l’évaluation de l’état du périnée, ce plancher musculaire pelvien fortement mis à contribution pendant la grossesse et l’accouchement. Ce temps est du ressort du gynécologue, de la sage-femme et du kinésithérapeute.
Je rappellerais que le corps est un ensemble indissociable, que les interactions mécaniques entre les systèmes musculo-squelettique et viscéral sont permanentes et réciproques. En fait, la majorité des douleurs de l’axe rachidien relèvent de perturbations mécaniques concernant les organes, obligeant le squelette à modifier sa posture, ou l’empêchant de restaurer cette dernière après la naissance.
Tout au long de la grossesse, les modifications morphologiques résultant de l’augmentation de l’espace pris par l’utérus et le bébé vont bouleverser ces équilibres.
Schématiquement et progressivement…
- l’utérus bascule en arrière (rétroversion) tôt dans la grossesse ;
- le bassin se rétroverse également, effaçant peu à peu la lordose (courbure) lombaire, contrairement à ce que beaucoup pensent ! L’impression de cambrure vient de la bascule globale du buste vers l’arrière, mouvement effectué au niveau des hanches (des tensions importantes sur les muscles psoas-iliaques, qui sont fléchisseurs des hanches et s’insèrent sur les lombaires et le bassin).
- puis, les côtes sont tirées vers le bas par le poids de l’abdomen, enroulant le haut du dos, pendant que les viscères sous-diaphragmatiques remontent dans le thorax pour faire de la place au bébé (apparaît alors le fameux reflux gastrooesophagien). Il existe naturellement une différence de pression entre le thorax et l’abdomen. Un effet de ventouse s’exerce sur les viscères sousdiaphragmatiques. Ces derniers restent souvent fixés en position haute après l’accouchement, responsables des douleurs dorsales (région des omoplates), accompagnées parfois d’une gêne respiratoire qui s’accroît avec l’effort, et de troubles digestifs.
- la boîte crânienne liée au sacrum et au coccyx par la dure-mère (feuillet externe des méninges très résistant) doit lui aussi s’adapter, rencontrant parfois des difficultés aux conséquences diverses ;
- les intestins font ce qu’ils peuvent, étant refoulés en périphérie de l’abdomen ; – environ à partir de 7 mois et demi de grossesse, le bassin se prépare et s’ouvre en avant, donnant cette démarche caractéristique, pieds ouverts ;
- sans oublier le périnée et les sphincters, qui serons soumis à rude épreuve.
Vient le jour de la naissance, qui apportera tant de bonheur, mais parfois aussi son lot de complications.
Rééducation du périnée faite, feu vert donné par votre gynécologue, c’est l’heure de la reprise ou le commencement d’une carrière sportive.
L’exigence de qualité des corrections, que vous soyez sédentaire ou sportive, est la même. Le sport va cependant rapidement pousser votre organisme dans ses retranchements, vous faisant prendre conscience précocement de ce qui ne va pas. C’est un avantage certain. Les personnes sédentaires pouvant laisser évoluer longuement de tels désordres.
En première intention, le bilan sera global ; nous l’avons vu, les régions du corps concernées sont nombreuses. Cet état des lieux affichera les priorités, les perturbations dominantes seront corrigées en premier, en décalage parfois avec votre demande.
Respecter ce principe est nécessaire pour obtenir une totale adhésion de l’organisme aux corrections.
Ceci étant, il est très fréquent de devoir commencer par la restauration de la mobilité du foie, de l’estomac et du diaphragme. De nombreuses tensions sont issues de cette zone et dominent l’équilibre de la région du corps, limitée en haut par le diaphragme, en bas par le périnée, obligeant le rachis dans son ensemble à s’adapter !
Les positions prises lors de l’allaitement, les biberons, les bains, etc. ne feront qu’aggraver la situation.
Correction faite, le rééquilibrage des 2 muscles psoas devient possible, libérant les lombaires et le bassin. Les tensions présentes au niveau du diaphragme influencent considérablement ces derniers, fortement sollicités, comme vu précédemment.
Les corrections du bassin sont alors accessibles. Elles concernent, dans un premier temps, l’équilibre, la position et la mobilité des organes que sont l’utérus, le vagin, la vessie, le colon, le rectum et les culs-de-sac qui les séparent. Le cadre osseux (2 os iliaques, sacrum et coccyx) ne pourra retrouver son équilibre qu’à cette condition.
Il s’agit là d’un temps essentiel. Les contraintes mécaniques induites par les activités physiques auraient un effet très négatif avant corrections, provoquant ou amplifiant des incontinences, des troubles circulatoires (traitement à effectuer en collaboration avec les sages-femmes et les kinésithérapeutes). La persistance d’une torsion du bassin pouvant déclencher des tendinites des hanches ou des genoux, par exemple.
Les circulations veineuse et lymphatique des membres inférieurs et du petit bassin sont également dépendantes de la mobilité et de l’équilibre de cette région.
Solliciter ces systèmes avant correction ne ferait qu’intensifier les troubles.
En parallèle à ces soins indispensables sur l’axe central, il s’agira de corriger les déséquilibres articulaires au niveau des membres supérieurs et inférieurs.
Courir, jouer au tennis, nager, par exemple, et donc solliciter des articulations qui n’auront pas retrouvé leurs axes normaux de fonctionnement ne pourra qu’aboutir à des douleurs contrariant tous vos efforts. Le repos seul ou les traitements antalgiques n’apporteront pas de réponse satisfaisante à ces désordres.
Idéalement, consultez avant de débuter. Reprenez très progressivement, puis faites un contrôle au terme de 3 à 4 semaines de pratique, même si tout a l’air de bien se passer.
Vient ensuite le temps d’un suivi à la demande. Bonne reprise ou bon début sans stress !
Olivier Bouillon – Diplômé en ostéopathie
reconnu par l’État – 01 48 25 05 31