Le kudzu Pueraria montana
La plante du sevrage alcoolique
Kudzy et botanique
Originaire d’Asie du Sud-Est, le kudzu est présent au Japon, en Chine, au Cambodge, aux Philippines et en Inde. Il a été importé dans le sud-est des États-Unis dans les années 1930 afin de contrôler l’érosion des sols.
C’est une plante grimpante de la famille des Fabacées – la même famille botanique que le haricot –, surnommée la vigne kudzu car elle est capable de recouvrir en un temps record des arbres ou des maisons entières qui peuvent lui servir de support.
Vers la fin de l’été, le kudzu produit des grappes de petites fleurs allongées de couleur violette à pourpre, avec une tache jaune sur le pétale supérieur. Elles sont très odorantes et rappellent l’arôme du raisin. Ces fleurs se transforment ensuite en gousses brunes, velues et plates, de 3 à 10 graines. Riches en amidon, les racines d’un plant de kudzu peuvent atteindre 2 m de long et 50 cm de diamètre.
Histoire et tradition du kudzu
Le kudzu est utilisé en Chine et au Japon depuis plus de 1 000 ans. On lui reconnaît de multiples propriétés. En Chine, il est coutume de consommer des tisanes à base de racines de kudzu pour soigner toutes sortes de maux : migraine, fièvre, diarrhée, dysenterie, gastro-entérite, surdité, angine de poitrine, allergie, rougeole… Les Chinois l’emploient depuis longtemps pour soigner l’alcoolisme car il agit, entre autres, sur le stress induit lors d’une sensation de manque. Au Japon, la racine est reconnue comme décontractant musculaire et nerveux. En Orient, elle sert également à des fins alimentaires.
Les fleurs du kudzu sont aussi intéressantes en infusion pour traiter les maux d’estomac. Les tiges peuvent, quant à elles, être appliquées en cataplasmes sur des plaies et inflammations diverses.
Étymologie et légendes autour du kudzu
Le kudzu a été l’objet d’un phénomène de mode aux États-Unis au 19e siècle. Il a si bien démontré son incroyable rapidité d’expansion aux habitants de certains États que ceux-ci essaient aujourd’hui de le faire disparaître ! La ville de Tallahassee, en Floride, a récemment réussi à nettoyer 400 hectares couverts de kudzu grâce à un troupeau de plus de 1 000 chèvres, qui se régalent de ses feuilles !
Son exceptionnelle vitalité explique le nom de genre de la plante – Pueraria –, du latin puer, « enfant ». Son nom d’espèce – montana – signifie « de la montagne », et celui de sa variété – lobata – fait référence à la forme de ses feuilles (lobe).
Le kudzu est devenu si populaire aux États-Unis que son nom est même repris par certains groupes de musique ou équipes sportives.
Les deux galéniques du kudzu
• La poudre de racines, issue de la pulvérisation des racines séchées après récolte. Elles sont riches en fibres et en oligoéléments.
• La fécule, obtenue par broyage de la racine fraîche dans l’eau, filtration, puis séchage de la solution liquide recueillie. Elle intervient comme liant en cuisine. En thérapeutique, elle présente des qualités plus atténuées que la racine brute, mais un résultat plus rapide lors d’une prise. Elle est riche en bases alcalines, ce qui explique son action tampon face à des terrains en acidose.
Côté santé
Plante adaptogène renommée de la pharmacopée chinoise, le kudzu est de plus en plus utilisé dans le reste du monde. Parmi les isoflavones contenues dans sa racine, parlons de la daidzine et de la daidzéine, ainsi que de la puérarine, qui ont des facultés bien spécifiques :
• La daidzéine et la daidzine ont montré une activité significative dans l’inhibition de l’envie de boire ou de fumer. Ces deux molécules retardent et réduisent le pic d’alcool dans le sang. Les propriétés antioxydantes (qui seraient 100 fois plus puissantes que celles de la vitamine E) et hépatoprotectrices du kudzu le rendent efficace lors d’une cure de désintoxication, d’autant plus qu’il active le métabolisme et accélère ainsi l’élimination des toxines. En parallèle, le kudzu a des vertus calmantes et anti-stress qui aident à lutter contre l’effet de manque.
La daidzéine est également un phyto-oestrogène qui se lie aux récepteurs oestrogéniques et faciliterait l’ovulation. Selon certaines études effectuées sur des femmes en période de ménopause, l’ingestion de kudzu durant une période de 12 semaines a provoqué une atténuation significative des symptômes liés à cet état, et plus particulièrement les bouffées de chaleur. À plus long terme, le kudzu permettrait aussi de limiter la décalcification osseuse liée à la ménopause.
• On trouve de nombreuses publications sur les avantages de la puérarine : elle abaisserait la tension artérielle et aurait un pouvoir vasodilatateur. Elle limiterait également la coagulation sanguine. Elle aurait aussi un effet anti-pyrétique (qui fait tomber la fièvre) car elle agit sur les récepteurs à la sérotonine. Des études sur des rats ont mis en évidence que la puérarine affaiblit la glycémie en améliorant l’utilisation du glucose. Elle pourrait donc trouver des applications dans les traitements contre le diabète. La puérarine serait aussi un stimulant des fonctions intellectuelles (augmentation de la mémorisation, baisse de la durée d’apprentissage…) car elle activerait le métabolisme cérébral en favorisant la concentration d’acides aminés au niveau de l’hippocampe.
De plus, la racine de kudzu diminuerait le taux de cholestérol sanguin et aurait une action immunostimulants. De nombreux troubles intestinaux pourraient aussi être traités par des extraits de kudzu grâce à ses vertus antispasmodiques.
Des travaux sont conduits dans des universités de Caroline du Nord (États- Unis) pour prouver que les constituants du kudzu augmentent les « opioïdes » naturels du cerveau, à savoir la fameuse dopamine, et pourrait expliquer ainsi les performances de cette étonnante plante sur les comportements addictifs en général.
Côté beauté
Si l’on connaît moins ses propriétés cosmétiques, la racine de kudzu est un très bon actif antioxydant et anti-âge, grâce à sa richesse en isoflavones. Étant également hydratant et apaisant, il peut entrer dans la préparation de soins pour peaux matures, fatiguées ou sensibles. Sa teneur en minéraux en fait aussi un reminéralisant et un fortifiant des ongles efficace.