Le millepertuie Hypericum perforatum
Millepertuis et botanique
De la famille des Clusiacées, le millepertuis est une plante très commune des régions tempérées, qui pousse dans les décombres, les friches, les bords de chemins et les prairies du monde entier.
Le millepertuis est une plante herbacée vivace de taille moyenne (30 à 90 cm), un peu ligneuse à la base. Ses feuilles vert clair à vert brun peuvent atteindre 3,5 cm de long et sont ponctuées de glandes translucides renfermant de l’huile essentielle et donnant l’aspect de petits trous. Elles sont bordées de petits points noirs (des amas de pigments).
Ses fleurs nombreuses sont composées de 5 pétales jaune d’or et dégagent une odeur balsamique caractéristique. Leur goût est aromatique, amer et astringent. Le fruit est une capsule ovoïde à 3 loges renfermant de nombreuses graines minuscules.
Ingénieux, le millepertuis a développé une stratégie de défense contre les insectes « brouteurs » en produisant des substances photosensibilisantes qui leur sont fatales. Cependant, certains insectes se sont adaptés en se mettant à l’abri du soleil sous les feuilles du millepertuis.
Histoire et tradition du millepertuis
Le millepertuis fut pour la première fois mentionné par le physicien et médecin grec Hippocrate, au 1er siècle de notre ère. Dioscoride, Pline et Galien citaient aussi la plante dans leurs ouvrages et la recommandaient particulièrement pour le traitement de la sciatique. Vers la fin du Moyen Âge, on considérait le millepertuis comme capable de « chasser les mauvais esprits ». Sa réputation d’excellent vulnéraire voit le jour au 16e siècle avec Leclerc (un médecin), qui s’en servit avec succès pendant plus de 20 ans dans le traitement des brûlures. Par la suite, Cazin (un médecin) l’employa sous forme d’infusions, dans le cas d’affections pulmonaires et d’asthme.
Le millepertuis entre dans la composition du baume tranquille (élaboré au 16e siècle), utilisé en frictions dans le cas de rhumatismes chroniques douloureux et la goutte.
En médecine traditionnelle, cette plante est également anti-diarrhéique, diurétique et emménagogue (qui favorise la menstruation).
Enfin, le millepertuis peut servir à aromatiser et à colorer des liqueurs, dans lesquelles on fait macérer un rameau fleuri.
Saviez-vous que le millepertuis représentait autrefois un fléau pour les troupeaux de bétail qui en broutaient abondamment et pouvaient, alors, suite à un fort ensoleillement, souffrir de graves brûlures, parfois mortelles, dues à l’effet photosensibilisant de la plante ? Au début du 20e siècle, les paysans australiens et américains résolurent ce problème en éradiquant les populations de millepertuis dans les zones d’élevage.
Légendes autour du millepertuis
Millepertuis signifie mille trous, de même que le nom d’espèce, perforatum, fait référence aux multiples ponctuations dont les feuilles semblent percées. Son nom de genre, Hypericum, viendrait du grec hypo (sous) et ereikè (bruyère) car le millepertuis pousse souvent à proximité des bruyères. Une autre étymologie possible serait le nom du dieu Hypérion, père du soleil dans la mythologie grecque, en référence au jaune éclatant de ses fleurs. Le millepertuis est aussi appelé herbe de la Saint-Jean car il s’épanouit pleinement au moment du solstice d’été, à la Saint-Jean, le 24 juin.
Cette plante est liée à de nombreuses superstitions, surtout en Europe centrale. Elle aurait notamment le pouvoir de chasser les fantômes et autres manifestations diaboliques. Jadis, on en suspendait au plafond des maisons pour se protéger de l’esprit malin.
Le millepertuis symbolise l’oubli du passé et des tourments, ainsi que la patience envers les libertés prochaines.
Côté santé bien-être
Les sommités fleuries de millepertuis sont reconnues actives dans le traitement des manifestations dépressives légères et transitoires. Le millepertuis est par conséquent préconisé pour ses propriétés calmantes dans le traitement de l’insomnie, des fatigues nerveuses, des troubles de l’humeur, de l’anxiété et autres perturbations nerveuses. Bien que son mécanisme d’action ne soit pas encore établi avec précision, on sait que le millepertuis contribue à augmenter la quantité de neuromédiateurs, tels que la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine, comme la plupart des antidépresseurs connus. De plus, l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), présent dans la plante, est un neurotransmetteur reconnu pour ses effets sédatifs.
Le millepertuis est par ailleurs antibactérien, antifongique et antiviral. Il possède notamment une activité potentiellement intéressante contre le VIH. Et l’hypéricine, l’un des principes actifs du millepertuis, a montré un potentiel hépatoprotecteur (protection du foie).
Enfin, de récentes études mettent en avant un potentiel intéressant du millepertuis, en particulier de l’hypericine, dans la détection et le traitement du cancer.
Recommandation : l’hypéricine contenue dans le millepertuis étant photosensibilisante, il convient d’éviter le soleil lors de traitements à base de millepertuis. De plus, la plante pouvant interagir avec d’autres médicaments, elle est susceptible d’inhiber l’activité de certains traitements. Il est donc impératif de notifier à son médecin la prise de produits à base de millepertuis.
Le macérât de millepertuis, reconnaissable à sa couleur rouge intense, est obtenu par macération des fleurs dans de l’huile végétale. Anti-inflammatoire et antalgique, il est un allié précieux pour les douleurs articulaires et rhumatismales.
Recette express : huile de massage articulaire
Mélangez soigneusement 50 ml de macérât de millepertuis avec 40 gouttes d’HE d’hélichryse italienne et 70 gouttes de gaulthérie couchée. Appliquez en massant sur les zones douloureuses.
L’huile essentielle de millepertuis, obtenue par hydrodistillation des parties aériennes fleuries, a la particularité de ne contenir ni hypéricine, ni hyperforine, et ne pose donc aucun souci de photosensibilisation, contrairement à la plante sèche. Elle est reconnue pour ses puissantes propriétés anti-inflammatoires, antitraumatiques (idéales pour soigner les coups, bleus et bosses) et cicatrisantes. Côté bien-être, elle apaise les troubles du sommeil (insomnies, décalage horaire) et répare les bleus de l’âme, en cas de traumatisme, par exemple.
Recette express pour les coups, bleus, bosses
Mélangez 2 gouttes d’HE de millepertuis avec 2 gouttes d’HV de votre choix. Appliquez ensuite sur la zone concernée.
Recette express pour soulager les troubles du sommeil
Dans le creux de la main, mélangez 2-3 gouttes d’HE de millepertuis dans 10 gouttes d’HV de votre choix. Utilisez cette huile en frictions localisées sur le plexus solaire, la plante des pieds et la face interne des poignets. Amenez les poignets au niveau du visage et inspirez profondément.
Côté beauté
Les sommités fleuries de millepertuis jouissent d’activités adoucissantes, apaisantes et régénérantes. Elles sont recommandées dans le soin des peaux abîmées, sensibles et irritées, tout particulièrement pour les mains et les lèvres gercées.
Elles bénéficient également de propriétés astringentes et purifiantes, qui peuvent être mises à profit dans des soins pour peaux grasses à tendance acnéique, ainsi que dans des shampooings pour cheveux gras.
En cosmétique, on fait appel au macérât de millepertuis, réputé pour ses vertus hydratantes, émollientes et restructurantes idéales pour formuler des produits après-soleil. Du fait de son pouvoir photosensibilisant, attention toutefois à ne pas l’appliquer avant toute exposition au soleil.
Recette express : huile après-solaire
Mélangez 30 gouttes d’HE de lavande avec 50 ml de macérât de millepertuis. Transférez dans un flacon et appliquez par massages légers après l’exposition au soleil sur les zones concernées. L’huile essentielle de millepertuis pourra, en outre, être utilisée en dilution dans une huile végétale pour le soin de la peau (cicatrisation, psoriasis).
Recette express : huile cicatrisante
Mélangez 30 gouttes d’HE de millepertuis dans 10 ml d’HV d’amande douce. Transférez dans un flacon et appliquez à l’aide d’un linge propre sur les zones concernées.
Nota HE : huile essentielle. HV : huile végétale