L’aubépine Crataegus spp.
Aubépine et botanique
L’aubépine – appelée dans nos campagnes « épine blanche » – pousse dans les haies et les sous-bois des zones tempérées d’Europe, d’Afrique du Nord, d’Asie de l’Est et d’Amérique du Nord.
Cet arbuste épineux, de 3 à 7 m de hauteur, densément ramifié, porte des feuilles lobées d’un vert brillant. Le nombre de lobes diffère en fonction des espèces botaniques : 3 à 7 lobes profonds pour l’espèce monogyna et seulement 3 à 5 lobes pour l’espèce laevigata. Groupées en corymbes très parfumés, les nombreuses petites fleurs sont munies de 5 pétales blancs et de 5 sépales triangulaires. Les « fruits » d’aubépine sont en réalité des pseudo-fruits ayant l’aspect de petites drupes ovoïdes rouges à chair jaune. L’aubépine possède une longévité remarquable : on dénombre plusieurs spécimens dépassant 600 ans !
Histoire et tradition de l’aubépine
Au début de notre ère, Dioscoride cite déjà le sirop de fruits d’aubépine comme « modérateur » cardiaque censé lutter contre la vieillesse. Vers l’an 1000, on réserve ce breuvage aux rois francs. Cependant, l’aubépine reste très peu utilisée pour ses propriétés médicinales jusqu’à la Renaissance : on recourt alors à l’écorce des jeunes rameaux pour faire passer les fièvres et aux fruits pour soigner les maux de gorge. Les sommités fleuries ne sont reconnues en thérapeutique qu’au début du 20e siècle. Elles sont alors employées pour améliorer la circulation coronarienne.
Les archéologues ont découvert des noyaux d’aubépine en grande quantité dans les cités lacustres d’Europe centrale et orientale, ce qui atteste de leur application alimentaire précoce. Des recueils culinaires datés des 13e et 14e siècles ont également mis en évidence l’usage fréquent de la fleur d’aubépine. Les jeunes feuilles peuvent également être cueillies et consommées en salade.
Le bois, très résistant, est employé en menuiserie, en particulier pour certaines pièces mécaniques.
Autrefois, on s’en servait pour la fabrication d’armes.
Étymologie et légende autour de l’aubépine
Le nom aubépine vient du latin alba – blanc – et spina – épine. La plante est d’ailleurs aussi souvent appelée épine blanche. Son nom de genre Crataegus viendrait du grec krataios – fort –, par allusion à la dureté de son bois.
Depuis la christianisation de l’Europe, l’aubépine est associée à la Vierge Marie, ses fleurs blanches étant le symbole de la pureté et de l’innocence. La couronne d’épines du Christ aurait été tressée avec des rameaux d’aubépine ; on dit d’ailleurs que les étamines tiendraient leur couleur rouge du sang du Christ, blessé par les épines.
Dans les campagnes, la branche d’aubépine était un talisman censé protéger de l’orage et des bêtes venimeuses, tels les serpents, d’où son utilisation pour former des haies autour des maisons.
Dans le langage des fleurs, l’aubépine est symbole d’espoir et s’offre aux mariés comme voeu de prospérité.
Côté santé
Les sommités fleuries d’aubépine sont douées de propriétés cardiotoniques intéressantes pour traiter les insuffisances cardiaques et coronariennes légères, en particulier chez les personnes âgées, et dans le traitement de l’artériosclérose. L’administration prolongée de préparation à base d’aubépine améliore l’irrigation du myocarde et le débit coronarien. Les sommités fleuries d’aubépine possèdent aussi un effet régulateur des arythmies cardiaques en renforçant et ralentissant les contractions. Elles ont, de plus, une activité hypotensive par vasodilatation et une fonction d’antiagrégant plaquettaire. Toutes ces vertus font de l’aubépine un actif intéressant pour prévenir les risques d’infarctus.
Les sommités fleuries d’aubépine ont un effet sédatif sur le système nerveux central. Elles sont prescrites pour calmer la nervosité, notamment en cas de palpitations, d’insomnies et d’impression d’essoufflement.
Enfin, les sommités fleuries d’aubépine sont reconnues anti-inflammatoires, antispasmodiques et diurétiques.
Elles peuvent entrer dans la composition de compléments alimentaires destinés à favoriser la détente face aux anxiétés de la vie quotidienne.
Les fruits d’aubépine sont doués de vertus médicinales très proches de celles des sommités fleuries, quoique moins puissantes. Les fruits sont donc utilisés le plus souvent en association avec des extraits de sommités fleuries.
Le saviez-vous ?
L’aubépine est fortement recommandée pour soulager les troubles de la ménopause, tels que l’anxiété, les palpitations et l’insomnie.
Sous quelle forme la consommer ?
En tisane : 1 c. à c. de sommités fleuries dans 15 cl d’eau de source frémissante. Boire 3 à 4 tasses par jour.
Elle peut par ailleurs être consommée sous forme d’extrait de plante fraîche, obtenu en faisant macérer les parties de la plante les plus actives – racine, tige, feuilles, fleurs ou bourgeons – dans un mélange d’eau et d’alcool, pour en extraire les principes actifs.
Posologie recommandée : 20 à 25 gouttes diluées dans une boisson (eau, jus de fruit ou tisane), 3 fois par jour pendant 3 semaines.
Côté beauté
Les sommités fleuries sont recommandées pour leur activité antioxydante et reminéralisante. Elles sont idéales dans le soin des peaux matures et stressées, ainsi que celui des mains et des cheveux dévitalisés. Ces propriétés servent de même dans des produits de protection solaire.
Apaisantes et activatrices de la microcirculation, les sommités fleuries d’aubépine atténuent les rougeurs diffuses et les tiraillements des peaux irritées.
Astuce beauté
Une infusion de sommités fleuries d’aubépine est parfaite comme lotion apaisante.
Les fruits d’aubépine sont utilisés, quant à eux, dans des produits adoucissants et hydratants. Ils sont particulièrement appréciés des peaux sèches et irritées, et des cheveux secs et rêches. Antioxydants et tonifiants, ils sont précieux dans la préparation de soins pour peaux fatiguées et stressées. Enfin, de par leur teneur en saponines, ils peuvent être conseillés dans des produits nettoyants pour peaux grasses.