Pour célébrer le toucher, je souhaitais vous parler de deux plantes qui ont un rapport tout particulier avec le toucher, pour des raisons bien distinctes : l’ortie pour son pouvoir urticant sur la peau, et la sensitive, plante réactive au toucher.
La sensitive (Mimosa pudica)
Si certaines fleurs sont sensibles à la lumière, telles que la fleur du souci des champs (Calendula arvensis) qui se ferme la nuit et s’ouvre en milieu de matinée, ou la dame d’onze heures (Ornithogalum umbellatum), dont les fleurs s’ouvrent vers 11 h 00 et se referment au soir, d’autres sont réactives au toucher.
La plus célèbre est la sensitive – ou mimosa pudique –, une plante à feuillage persistant de la famille des Fabacées, rampante et ascendante, originaire d’Amérique du Sud. Elle se cultive aujourd’hui dans presque toutes les régions du monde.
Les Mayas mettaient ses feuilles à profit pour soigner la dépression et se relaxer, ce qui en faisait une plante magique à leurs yeux.
Si la plante se rétracte au toucher, c’est pour échapper à ses prédateurs. À peine effleurées, ses feuilles se replient en quelques secondes. Ainsi, quand un herbivore commence à la brouter, la plante se replie. Ce phénomène s’appelle la thigmonastie. Ceci est censé la protéger, éviter que ses feuilles ne s’abîment trop rapidement et qu’elles soient suffisamment repoussantes pour les animaux herbivores, qui vont la délaisser et trouver d’autres feuilles à manger. Lorsque le calme revient, les feuilles s’ouvrent à nouveau.
Ainsi, la sensitive perçoit l’espace, ressent le contact, mais aussi le vent, qui représente également un danger pour elle. Capable de s’adapter à son environnement, elle peut alors s’endurcir face aux rafales.
Comment est-ce possible ? Tout le long de la feuille et du pétiole (sorte de tige qui relie la feuille à la branche) se trouvent des cellules que l’on appelle cellules motrices, gorgées d’eau. Lorsque la plante veut se replier, ces cellules vont expulser leur eau, entraînant ce mouvement si rapide.
À noter que les graines de cette plante sont utilisées sous forme de complément alimentaire. Elles fournissent un soutien immunitaire, digestif et intestinal.
Il est possible de prendre 2 gélules par jour en fonction des recommandations données par la marque.
L’ortie (Urtica dioica)
DESCRIPTION BOTANIQUE
L’ortie est une plante herbacée cosmopolite, probablement originaire d’Europe de l’Est. Affectionnant les sols riches en azote, cette plante rudérale (qui se développe dans les décombres) envahit les haies, les jardins, les bords de rivières et les fossés.
Deux espèces d’ortie sont couramment sélectionnées pour leurs intérêts thérapeutiques : Urtica dioica, l’ortie piquante – la plus courante –, et Urtica urens, l’ortie brûlante.
Vivace, l’ortie piquante, encore appelée ortie dioïque, présente une racine pivotante émettant des tiges souterraines rampantes, d’où partent des racines secondaires et de nombreuses radicules brunâtres et chevelues. Robuste et dressée, sa tige a une section quadrangulaire et peut mesurer jusqu’à 1,50 m de haut. L’ortie brûlante est une espèce annuelle plus petite, dont la tige quadrangulaire et rameuse dès la base peut atteindre 1 m de hauteur.
HISTOIRE ET TRADITION DE L’ORTIE
Les atouts médicaux de l’ortie sont connus depuis très longtemps. Dans l’Antiquité, les Grecs et les Romains en tiraient avantage pour soigner la toux, la tuberculose, ainsi que pour stimuler la pousse des cheveux. La flagellation thérapeutique aux tiges d’orties était réputée salutaire contre les rhumatismes et l’arthrite. Dioscoride et Galien ont rapporté les effets diurétiques, emménagogues et laxatifs de ses feuilles, tandis que Pline vantait ses vertus contre les hémorragies. Le célèbre médecin Nicholas Culpeper la recommandait également pour remédier aux troubles des vaisseaux sanguins et des voies respiratoires. Au Moyen Âge, l’ortie était considérée comme une panacée, préconisée contre les angines et les maux de tête. Sainte Hildegarde conseillait ses graines pour soulager les maux d’estomac.
En médecine ayurvédique, l’ortie est utilisée en association avec d’autres plantes dans le traitement des hémorragies utérines, des saignements de nez, de l’eczéma et des éruptions cutanées. Les Amérindiens s’en servent pour calmer les douleurs rhumatismales, ainsi que pour soulager les femmes durant l’accouchement. Au Maroc, elle est employée pour traiter l’hypertension. Les racines d’ortie servent traditionnellement à lutter contre les diarrhées et les infections parasitaires.
ÉTYMOLOGIE ET LÉGENDES
Le nom de genre Urtica vient du latin urere – brûler –, faisant allusion aux sensations de brûlure que provoquent les poils urticants des feuilles d’ortie. Les noms d’espèce dioica et urens dérivent du latin et signifient respectivement dioïque (se disant d’une espèce végétale aux pieds mâles et femelles séparés) et brûlant.
L’ortie favoriserait la luxure. Ovide, dans son récit L’Art d’aimer, évoquait un philtre d’amour à base d’ortie, et l’écrivain Pétrone racontait qu’une prêtresse faisait fouetter les hommes impuissants avec un bouquet d’orties.
On dit qu’une botte d’orties fraîchement coupées glissée sous le lit d’un malade peut hâter sa guérison. En Inde, l’ortie symbolise le vasuki, un serpent aux mêmes pouvoirs urticants. En Occident, elle figure le courage.
LES PROPRIÉTÉS SANTÉ DE L’ORTIE
Les parties aériennes de l’ortie présentent des vertus analgésiques et anti-inflammatoires reconnues pour soulager les douleurs articulaires liées aux rhumatismes, à l’arthrite et à la sciatique. Légèrement cholagogues et diurétiques, elles facilitent l’excrétion rénale d’acide urique et permettent d’éviter la formation de calculs biliaires. Elles sont, en outre, choisies comme antiinflammatoire de l’urètre et de la vessie.
Les parties aériennes de l’ortie favoriseraient les fonctions digestives en augmentant les secrétions gastriques, intestinales et pancréatiques. Elles auraient une action hypotensive et hypoglycémiante. En effet, permettant d’augmenter la sécrétion d’insuline par les îlots de Langerhans dans le pancréas, elles peuvent servir de traitement contre le diabète. De récentes études révèlent une activité hypocholestérolémiante et antiplaquettaire des feuilles d’ortie, intéressantes en prévention des maladies cardio- et cérébrovasculaires.
Localement, elles remédient aux troubles dermatologiques de types acné, eczéma et séborrhée. Elles sont efficaces comme antipelliculaire et pour traiter la chute des cheveux. Elles possèdent également des qualités antivirales et antibactériennes.
Les parties aériennes d’ortie sont utilisées pour leurs vertus hémostatiques, en cataplasme, sur les plaies, brûlures, ulcères et hémorroïdes. Leurs propriétés révulsives provoquent, d’autre part, un afflux sanguin calmant localement la douleur.
Leur effet anti-histaminique est efficace en cas de rhinite allergique.
De récentes études fournissent des résultats encourageants quant à l’usage de l’ortie dans des traitements alternatifs et complémentaires contre le cancer.
LES PROPRIÉTÉS BEAUTÉ DE L’ORTIE CÔTÉ CHEVEUX
L’ortie piquante apporte les minéraux et vitamines nécessaires pour renforcer les cheveux et leur rendre leur beauté naturelle, aide à combattre leur chute, régule le sébum pour les cheveux gras et apaise les états pelliculaires. Elle est idéale pour les cheveux fatigués, ternes, dévitalisés, les cheveux gras et mous, les pellicules, la chute de cheveux et les ongles cassants.
LES PROPRIÉTÉS BEAUTÉ DE L’ORTIE CÔTÉ PEAU
Riche en sels minéraux et oligoéléments (soufre, zinc, cuivre…), elle est reminéralisante et apaise les peaux sujettes à démangeaisons.
Riche en silice, elle tonifie et raffermit la peau. Riche en vitamines (A, C, B), elle est régénérante et vitalisante.
En poudre, elle pourra être utilisée en masque ou enveloppement reminéralisant, en bain revitalisant ou en lotion tonique du visage.