Des polluants au plus près de l’intimité féminine
Concurrence oblige, les fabricants de protections hygiéniques ont redoublé de créativité pour proposer aux consommatrices des solutions de plus en plus performantes, rallongeant malheureusement au passage la liste des ingrédients toxiques présents dans ces produits. Désormais, on retrouve fréquemment des pesticides, des parfums synthétiques irritants, de l’aluminium, des alcools divers ou encore des résidus de dioxine (dus à la réaction du chlore, utilisé pour blanchir tampons et serviettes hygiéniques, avec la viscose). L’OMS classe d’ailleurs la dioxine parmi les substances cancérigènes.
Comme la paroi vaginale est très fine, toutes ces substances n’ont aucune difficulté à pénétrer dans l’organisme, mais beaucoup plus de mal à être évacuées. Mais ce n’est pas tout… Les tampons hygiéniques conventionnels sont composés d’un mélange de coton – cultivé à grands coups de pesticides – et de rayonne, qui a une fâcheuse tendance à se déliter très facilement. Pour s’en convaincre, il suffit de faire le test suivant : plongez un tampon dans un verre d’eau et vous constaterez que les fibres de rayonne se séparent les unes des autres. Par conséquent, elles sont susceptibles de se répandre dans le vagin pendant son usage. Le problème est loin d’être récent, puisque, dans les années 1990, des infirmières effectuant des frottis ont déclaré avoir dû retirer les fibres de tampon autour du col de l’utérus avant de pouvoir obtenir un échantillon de cellules clair.
Les fabricants, qui ont d’abord nié le problème de la perte de fibres, ont rapidement placé un matériau de suremballage synthétique autour de leurs tampons pour éviter que le noyau absorbant interne des fibres ne tombe. Cette matière – un plastique appelé polypropylène – est chauffée pour faire fondre le suremballage et former un joint sur le noyau du tampon. Cela a réduit une partie de la perte de fibres, mais ne l’a pas éradiquée.
La rayonne dans les tampons a également été liée au syndrome du choc toxique (SCT)*.
Fait regrettable pour nous, les fabricants ne sont pas tenus de mentionner la composition de ces produits d’hygiène intime sur les emballages, cultivant ainsi un flou artistique auprès des consommatrices. Pas simple, dans ces conditions, de s’y retrouver.
Au-delà des conséquences sanitaires, les 10 000 à 15 000 produits menstruels auxquels une femme a recours dans sa vie ont un impact non négligeable sur l’environnement étant donné qu’ils sont, en réalité, très peu biodégradables, notamment en raison de la présence de plastique pouvant mettre jusqu’à 500 ans pour se décomposer, ou de polypropylène, qui est fabriqué à partir de pétrole brut et qui ne se biodégrade pas.
Pour les femmes qui ne sont pas prêtes, ou ne souhaitent pas se servir de protections lavables, il existe des protections écologiques qui ne contiennent pas de plastique, sont fabriquées à partir de coton 100 % biologique, sont totalement exemptes de chlore, ne présentent aucune perte de fibres et dont la particularité est d’employer une fibre de construction ondulée, qui ne se délite pas lors de l’utilisation.
* Infection provoquée par la libération de toxines provenant de bactéries de type staphylocoque doré, pouvant engendrer de graves séquelles ou même être fatale. Depuis les années 2000, les cas de SCT sont réapparus en France. Ils restent rares mais sont en augmentation.
Mar 11, 14:29