Tolérance
Si le voyage apprend la tolérance, comme le dit un proverbe tibétain, nous devrions tous voyager régulièrement ! Accepter des cultures différentes, des opinions divergentes, des nourritures nouvelles, bref, considérer la différence comme possible, sans chercher à la contraindre ou la réprimer. Voilà bien une définition universelle de cette vertu, qui m’a personnellement été inculquée dès l’enfance, sans m’en rendre compte. Cette tolérance serait même le propre de l’Homme, qui accepte le droit à l’erreur. Pour autant, celui-ci fait parfois preuve d’étroitesse d’esprit en plaçant le monde autour de lui, comme l’univers pouvait tourner autour de la Terre, y compris le soleil, voilà quelques siècles… Il en viendrait même à mettre en péril sa propre vie en refusant de voir l’évidence qui conditionne sa survie : le besoin de respect de notre mère à tous, la Nature. Cette intolérance, qui relevait plutôt de l’insouciance au départ, lui faisant oublier l’importance des forêts, des cours d’eau, de la qualité de l’air, s’est muée en démarche consciente et délibérée. En diminuant l’espace pris par la Nature et sa biodiversité, en la détruisant, en cassant ses cycles naturels, il a progressivement réduit sa capacité d’expression, qui n’allait pas toujours dans son propre sens.
L’intolérance s’apprécie bien envers l’autre, mais n’oublions pas que cet « autre » peut ne pas être Homme mais bien montagne ou arbre. Si nous avons déjà progressé ensemble, sur Terre, s’il y a globalement moins de conflits, c’est bien grâce à ce respect de la différence, qu’elle soit religieuse ou culturelle. Et même si des efforts sont toujours à faire entre les hommes, il nous faut maintenant nous concentrer sur ce qui nous entoure, sur le vivant dans son intégralité. La reconnaissance légale de certaines rivières ou montagnes comme des personnes juridiques y contribue, mais la tolérance sera complète et entière lorsque nous aurons compris qu’il faut cohabiter en paix avec une Nature qui ne se laissera pas contraindre, de toute façon. Alors, oui, soyons tolérants, mais n’oublions pas d’élargir le concept à ce qui nous entoure. Apprenons, nous-mêmes et à nos enfants, que cette vertu ne se conjugue pas qu’au temps de l’humain.
Olivier Guilbaud
Co-dirigeant du Laboratoire
Science & Nature