Chute du nombre d’oiseaux, mais aussi de chauves-souris ou encore de saumons : l’Agence française pour la biodiversité (AFB) a récemment alerté sur les menaces pesant sur le vivant, accusant notamment les pesticides.
Une étude choc du CNRS et du Muséum national d’Histoire naturelle avait révélé en mars le déclin « vertigineux » des oiseaux des campagnes (- 60 % de moineaux friquet depuis 10 ans, 1/3 d’alouettes des champs disparues en 15 ans…), qui, de plus, s’accélère ces dernières années.
Le bilan 2018 de l’Office national pour la biodiversité (ONB) – projet participatif piloté par l’AFB qui agrège les données sur le vivant récoltées par des dizaines d’organismes en métropole et outre-mer – reprend ce constat alarmant. « Les espèces d’oiseaux des milieux agricoles ont disparu à un rythme assez effarant depuis 30 ans », commente Julien Massetti, chef de projet à l’AFB, indiquant une baisse de ces espèces de 30 % entre 1989 et 2017.
Cette décroissance touche aussi les oiseaux des villes, comme les moineaux parisiens, et même depuis 2005 les oiseaux « généralistes » (qui vivent dans tous types de milieux), qui, auparavant, contrebalançaient la disparition des autres, poursuit-il, décrivant un « phénomène en train de changer d’ampleur ».
Et les oiseaux ne sont pas les seuls menacés.
Les effectifs de chauves-souris, mammifères insectivores, ont diminué de près de 40 % en métropole en 10 ans, toujours d’après l’ONB, qui rappelle que « métropole et outremer confondus, près d’une espèce vivante sur trois est en danger de disparition ».
L’Office fait état de plusieurs menaces pesant sur les 180 000 espèces présentes sur le territoire français, citant en premier lieu l’utilisation des pesticides par l’agriculture.
Mais aussi le rythme « élevé » de l’artificialisation des sols : entre 2006 et 2015, la métropole a perdu près de 600 000 hectares de terres agricoles et d’espaces naturels – soit l’équivalent d’un département comme la Seine-et- Marne –, remplacés principalement par des surfaces goudronnées.
L’AFB s’inquiète aussi du sort de poissons qui vivent entre mer et eau douce, comme l’anguille et le saumon atlantique. Pour ce dernier, qui se reproduit dans une cinquantaine de fleuves et rivières français (Rhin, Loire, Garonne, Dordogne…), le linéaire de cours d’eau qu’ils fréquentent a régressé de 70 % depuis 1900, selon l’AFB.
Sur la Loire, le nombre de saumons par an est passé de 100 000 au 19e siècle à moins de 1 000 aujourd’hui.