Depuis quelques années, il y a des « bizarres » qui veulent faire pousser des légumes dans les villes. Des gens qui ont décidé de planter des poireaux au milieu des terre-pleins et, encore plus cocasse, de laisser tout ça à la disposition des autres. Les « Incroyables Comestibles », comme ils aiment à s’appeler, ont décidé que l’espace public pouvait aussi servir à faire pousser du basilic et de la ciboulette à la place des crottes de chiens et des canettes vides au milieu des cités. Des barjos, je vous dis. Ce qui est incroyable dans ce mouvement, c’est qu’on cultive les légumes, fruits, fines herbes pour ensuite les partager gratuitement avec tout le monde. Mais où va le monde, mon gars, si on laisse ces saugrenus continuer à se développer ! Genre potager sauvage, quoi ! Et tout ça avec la complicité des écoles, des mairies, des associations et tout le toutime. Mais tu sais que, si on les laisse faire, y en a même qui n’auront plus le temps de regarder la télé ni de jouer au loto. Moi, je te le dis, on est mal ! Manquerait plus qu’ils nous fassent du bio, ces excités. Je ne parle même pas des « bombes végétales », ce procédé qui consiste à balancer des boules d’argile et de graines par-dessus les palissades pour semer du « vert » dans nos jolis terrains vagues. Je t’ai pas dit la meilleure ? On m’a affirmé que les légumes qui poussent en ville seraient moins pollués que ceux des linéaires des grandes surfaces. Un comble ! Ils vont finir par apprendre à manger ce qui est bon, ces ostrogoths. En plus, cette histoire de réunir plein de gens, jeunes, vieux, des gentils avec d’autres gentils, ça va nous faire des histoires. Tous ces efforts pour construire une planète bien rangée, où tout est bien normé, avec tous ces jolis patrons de l’univers que sont Monsanto, Google et leurs potes… pour en arriver là . Voir des gens qui discutent en bas de l’immeuble en faisant de la tomate. Imagine un monde où les gens se parlent, je sais pas, mais ça va leur faire peur…Ça c’est bien, ils vont encore nous faire une loi sur mesure, comme pour la vente des graines, et ça c’est beaucoup moins bien. Allez, joyeux Noël. Naturellement vôtre,
La Chouette