avec Nicola Bölling
de Jeûne et Randonnée
www.jeune-et-randonnee.com et www.Ffjr.com
Le jeûne est pratiqué depuis la nuit des temps. La nature jeûne, les animaux jeûnent et l’homme aussi. La médecine a toujours intégré le jeûne dans ses approches thérapeutiques, et les religions préconisent, à différents moments de la vie et de l’année, des pauses alimentaires.
Vous connaissez peut-être déjà l’histoire des médecins suédois qui ont voulu démontrer, au début des années 60, que jeûner était bon pour la santé et qu’il était possible de pratiquer le jeûne parallèlement à une activité physique légère : la marche. Ils traversèrent une partie de la Suède à pied, en buvant de l’eau, et arrivèrent à destination en forme et acclamés par la foule. Cette démarche séduisit le public et l’idée fut reprise en Allemagne quelques années plus tard : le concept de Jeûne et Randonnée – Fastenwandern – était né. En 1990, cette approche du jeûne fut importée en France par Gertrud et Gisbert Bölling, qui ont été des pionniers pour faire connaître et transmettre leur savoir sur le jeûne accompagné de marches régulières. Dans les années 2000, ils ont mis en place des formations avec l’aide de spécialistes venus d’Allemagne pour former d’autres accompagnateurs au Jeûne et Randonnée ; s’ensuivit la création de la Fédération Française de Jeûne et Randonnée.
Que garantit le label Agréé FFJR Jeûne et Randonnée ?
Aujourd’hui, le mouvement se développe et se démocratise en France. La FFJR assure une formation complète aux futurs organisateurs, une formation continue pour les centres en place et veille au professionnalisme et à l’approche bienveillante de ses accompagnateurs. Dans la situation actuelle, la Fédération a un rôle d’information pour ses centres et pour les personnes qui souhaitent pratiquer un jeûne dans les meilleures conditions.
Quelle est la valeur ajoutée de la randonnée dans le cadre d’un jeûne ?
Dans le cadre d’un jeûne, la randonnée vient apporter le mouvement, la grande bouffée d’air dont nous avons tant besoin : cela nous permet d’entretenir les muscles, d’avoir une meilleure oxygénation. Lorsque l’on jeûne, le corps a besoin de plus d’oxygène, et passer plusieurs heures au coeur de la nature est vraiment adapté. Le bonheur de découvrir de beaux paysages nous fait oublier la cuisine !
Lorsque l’on entre en jeûne, il est important de boire plus d’eau et, en pratiquant la marche, on boit avec plus de plaisir. Grâce à la randonnée, le sommeil du jeûneur est amélioré. Il faut savoir que, lors d’un jeûne, le sommeil devient plus léger ; le fait d’avoir cette activité physique journalière nous permet de dormir d’une fatigue saine.
Recommanderiez un jeûne randonnée à une personne qui souhaite perdre du poids ?
Le jeûne est un formidable catalyseur pour amorcer une perte de poids. Mais, attention, ce n’est pas un remède miracle. Si l’objectif est de perdre du poids, c’est au moment de la reprise alimentaire qu’il sera primordial de renforcer son attention aux changements que le jeûne aura apportés : perte de kilos, mais aussi diminution de la taille de l’estomac, disparition de certaines habitudes alimentaires – saler ses plats –, voire de certaines addictions – au sucre, par exemple. Par le phénomène du jeûne, notre organisme met le tube digestif au repos et l’autorestauration prend le relais : nous passons en mode autolyse ou autophagie, l’énergie nous étant essentiellement apportée par nos réserves lipidiques. L’organisme se sert, à la carte et dans ses réserves, l’équivalent de plusieurs bons repas par jour. Par ce nettoyage en profondeur, le jeûne nous libère d’éventuelles mauvaises habitudes alimentaires ou d’autres addictions, comme le café, la cigarette… Ces changements sont subtils et il est de notre responsabilité d’y être attentifs afin que de nouvelles habitudes prennent le relais ; si nous n’en prenons pas soin, les anciennes habitudes reviennent rapidement, avec les kilos que vous aviez perdus ! La reprise alimentaire est un moment-clé pour le renforcement et les prolongations des bienfaits du jeûne.
Adaptez-vous la distance des randonnées au niveau des participants ?
Nous veillons au niveau et aux besoins de chaque jeûneur-randonneur chaque jour et adaptons la distance et le dénivelé suivant ces besoins. Nous sommes toujours deux accompagnateurs pour offrir la possibilité d’une marche plus courte à ceux qui le désirent. La randonnée est là pour embellir et améliorer le vécu du jeûne, pas pour réaliser des performances physiques. La performance du corps, c’est de jeûner et de vivre pleinement ce que l’état de jeûne nous amène à vivre. Et le travail de réharmonisation et de rééquilibrage qui se fait de manière autonome au niveau de notre organisme, grâce au jeûne, nécessite des moments de grand repos, de silence, de siestes l’après-midi, de petites marches parfois et, peut-être même, une journée sans randonnée. Et nous veillons à ce que chacun se sente libre d’être à l’écoute de ses vrais besoins.
Est-ce qu’une personne en surpoids ou qui ne fait jamais de sport peut supporter et accepter un tel effort ?
Oui, dans la mesure où l’essentiel est de jeûner ; ensuite, nous trouvons l’activité physique adaptée en temps, distance et dénivelé. Notre corps est fait pour bouger, à chacun de s’écouter et d’y aller à son rythme. Le jeûne est un moment propice pour cela.
Nous avons d’autres activités à proposer en plus de la randonnée, lorsque la situation générale le permet : chant, yoga, yoga du rire, méditation – deux dates à venir, les semaines du 1er mai et du 30 octobre ; consultez le site www.jeune-et-randonnee.com
Quelle est la durée du jeûnerandonnée ?
En moyenne, les séjours sont proposés sur 6 jours, avec quelques jours de préparation en amont, à faire chez soi : c’est la descente alimentaire, qui consiste à diminuer d’abord les protéines animales, le café et l’alcool, pour préparer le corps à entrer progressivement dans une simplification de l’alimentation, et ainsi arriver en douceur au premier jour de jeûne. Au bout des 6 jours de jeûne et randonnée, un repas léger est partagé, qui signifie la fin du jeûne et le début d’un retour vers une alimentation d’abord très facile à digérer, pour réintroduire peu à peu des aliments plus variés mais de grande qualité : un organisme qui a jeûné mérite toute notre attention et ce qu’il y a de meilleur en matière de nourriture vitalisante. C’est la garantie d’une reprise réussie.
En moyenne, quelle perte de poids est possible ?
Entre 8 et 10 % chez les hommes, les femmes perdant un peu moins, c’est la loi de la nature ! Suivant le dénivelé des randonnées, on peut relever des différences minimes. Tout dépend de l’état et du déroulement du jeûne, mais nous avons observé une moyenne de 7 %, hommes et femmes confondus. Pour le moment, nous notons la présence d’une majorité de femmes dans nos séjours de jeûne. Les hommes les laissent tester et, peu à peu, osent venir aussi… pour leur plus grand bien-être !
Quels conseils donnez-vous aux participants en surpoids pour ne pas reprendre tous leurs kilos à l’issue de la retraite ?
De bien structurer la reprise alimentaire et de se faire suivre par un professionnel sur le long terme, ainsi que de trouver l’activité physique qui leur plaît, et de la pratiquer de manière ciblée.
Le mot de la fin ?
Jeûner pour se requinquer et retrouver le moral, nous en avons tellement besoin en ce moment ! Et, si vous n’avez pas le temps de vous libérer une semaine, les jeûnes hebdomadaires et intermittents sont un excellent moyen de s’alléger régulièrement, pour un soulagement immédiat tant sur le plan physique que mental. C’est bon pour le moral !