Véritable fléau du 21e siècle, les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité dans le monde : selon l’OMS, on estime à 17,5 millions le nombre de décès imputables aux maladies cardiovasculaires, soit 31 % de la mortalité mondiale totale. Ce sujet méritait donc bien que l’on s’y attarde quelques instants et que l’on rétablisse quelques vérités.
Notre expert :
Le Dr Laurent Uzan, cardiologue du sport, membre de la Société Française de Cardiologie et directeur du diplôme universitaire de cardiologie du sport. Ancien praticien attaché à l’INSEP, il exerce au sein de l’Institut Cœur Effort Santé à Paris et à l’Hôpital Américain de Neuilly-sur-Seine. Il est cardiologue consultant pour plusieurs équipes sportives : le Racing Métro 92 Rugby, le Stade Français Rugby, le PSG Handball et le Paris Levallois Basket. Il vit à Paris.
Idée reçue nº 1 : Commencer à entretenir son cœur à 50 ou 60 ans, cela ne sert à rien
Faux
Commencer à s’occuper de son cœur, quel que soit son âge, améliore ses facteurs de risque et diminue la probabilité de faire un infarctus. Ainsi, chez les personnes de 80 ans, un réentraînement régulier fait baisser la tension, augmente les capacités cardiaques et musculaires, fait baisser le cholestérol. De plus, le mécanisme de néoangiogenèse (la création de nouvelles artères, permettant à l’organisme d’améliorer le passage du sang et de l’oxygène) existe à tout âge. Il n’est donc jamais trop tard pour commencer !
Idée reçue nº 2 :
Les femmes sont peu touchées par les maladies cardiaques
Faux
En France, 1 femme sur 3 meurt d’une maladie cardiovasculaire. Depuis 20 ou 30 ans, le nombre d’accidents cardiovasculaires chez les femmes augmente de manière considérable. Aujourd’hui, c’est même la 1ère cause de mortalité chez la femme, avant le cancer (alors que c’est la 2e chez l’homme). Les raisons sont nombreuses. Elles sont notamment liées au changement de mode de vie : le stress, le tabagisme, la sédentarité, la prise de la pilule… autant d’éléments qui augmentent les risques. À titre d’exemple, le fait de fumer annule la protection naturelle contre les maladies cardiaques dont disposent les femmes grâce à leurs hormones.
Selon la Fédération Française de Cardiologie, le nombre d’infarctus chez les femmes de moins de 50 ans a triplé entre 2000 et 2015. Aujourd’hui, plus de 54 % des victimes des maladies cardiovasculaires sont des femmes.
Idée reçue nº 3 : Pour prévenir les problèmes cardiaques, il faut diminuer toutes les matières grasses
Faux
Il existe, certes, un rapport entre le cholestérol, la consommation de matières grasses et la fréquence des accidents cardiaques. Mais certaines matières grasses sont bénéfiques pour l’organisme. Ainsi, le « bon » cholestérol est un élément constitutif indispensable des hormones et des cellules. Parmi les bonnes graisses, citons les oméga 3 (on en trouve notamment dans les huiles de lin, de colza, de noix…), qui sont des outils de construction des cellules cardiaques. Ils ont un effet bénéfique sur la santé cardiaque car ils ont pour impact une régulation du cholestérol total et une augmentation du bon cholestérol. De manière générale, il est important de retenir que toutes les matières grasses ne se valent pas. Celles qu’il faut réduire en priorité, ce sont les matières grasses saturées, contenues dans le beurre, la crème, la charcuterie, les pâtisseries industrielles…
Idée reçue nº 4 : Les maladies cardiovasculaires, c’est génétique. Il n’y a rien à faire…
Faux
Il existe bien une base génétique aux problèmes cardiovasculaires : certaines personnes sont génétiquement « programmées » pour avoir un taux de cholestérol élevé, pour en déposer plus dans les artères, pour souffrir d’hypertension… La composante génétique fait donc partie de l’évaluation du risque, mais elle n’est pas à la base du risque. Ce n’est pas parce que le risque est présent génétiquement que vous allez le développer. De nombreux facteurs vont jouer à l’échelle des gènes pour stimuler ou, au contraire, enrayer ce risque. On sait par exemple que l’activité est un élément de régulation génétique : elle est capable d’inhiber certains gènes du risque cardiovasculaire.
Idée reçue nº 5 : Le sport peut être dangereux pour le cœur !
Vrai/Faux
De nombreuses personnes pensent que l’activité physique augmente le risque d’accident cardiaque. Ce qui est vrai en partie. Ce risque est multiplié par 2,7 quand on fait du sport sans s’entraîner. Le sport va agir alors comme le révélateur d’une maladie cardiaque qui était jusqu’alors méconnue. En revanche, ne pas bouger est beaucoup plus dangereux. Par exemple, le sédentaire qui va courir derrière son bus pour le rattraper voit son risque multiplié par plus de 100. Cela permet de comprendre l’importance de réaliser un bilan cardiaque avant de commencer toute activité sportive si vous l’avez arrêtée depuis trop longtemps, ainsi que l’intérêt de pratiquer une activité physique régulière. Le risque existe principalement au redémarrage : c’est pourquoi il est recommandé de se faire accompagner par un médecin ou un coach. Mais on constate que plus on s’entraîne, plus on fait baisser le risque. Que l’on soit cardiaque ou non, quels que soient son âge et son niveau d’activité, le risque cardiaque diminue à l’horizon de 5 ou 10 ans.
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