À l’occasion de la sortie de son ouvrage Ben mon côlon !, nous avons posé des questions au Dr Serge Rafal, spécialisé en médecine douce.
Pourquoi le côlon suscite-t-il soudainement autant d’intérêt ?
Comment pourrait-il en être autrement quand nous voyons se succéder, depuis 4-5 ans, semaine après semaine, dans de nombreux laboratoires de recherche partout dans le monde, des études préliminaires et des découvertes qui, par leur contenu, suscitent une curiosité et une impatience non feintes au sein du corps médical. Si les implications se révèlent à la hauteur des espoirs, nous pourrons affirmer que nous vivons une révolution.
Pourquoi dit-on que notre intestin est notre second cerveau ?
Parce que, comme je l’explique dans le livre, les liens entre le ventre et le cerveau sont si étroits que nous pouvons presque nous demander qui commande, les ordres allant certes de haut en bas, mais également – et en plus grand nombre – de bas en haut, c’est-à dire du ventre vers le cerveau. En outre, c’est dans l’intestin qu’est produite la presque totalité de la sérotonine, un des principaux neurotransmetteurs de l’humeur. Cette jolie formule contient quand même sa petite part de vérité, même si le cerveau reste unique.
Qu’est-ce que le microbiote intestinal et pourquoi est-il si important ?
Le livre détaille l’importance des bactéries intestinales pour la santé. Alors qu’elles ont toujours représenté l’ennemi qu’il fallait combattre – avec des antibiotiques par exemple –, il s’avère que ce sont en réalité les bactéries qui constituent un des principaux systèmes de défense de l’organisme. Qui aurait pu imaginer, il y a quelques années, que nous nous préoccuperions aussi attentivement de leur devenir ?
Comment agir favorablement au quotidien sur notre intestin pour être en bonne santé ?
Comme souvent en médecine, il est possible d’agir en amont ou en aval, c’est-à -dire par la prévention ou un traitement curatif. La première solution est généralement préférable à la seconde. C’est ce que nous préconisons en essayant d’implanter ou en favorisant un microbiote assez varié dès la naissance, puis de l’entretenir par des conseils d’hygiène que nous développons tout au long de l’ouvrage. À défaut, le traitement curatif consiste principalement, pour le moment, à prescrire des pré- et des probiotiques qui, malheureusement, ne s’implantent pas de façon durable.
Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs pour prévenir les maladies inflammatoires de l’intestin ?
L’hygiène de vie est ici essentielle, ce que nous avons toujours dit et que nous pouvons à présent affirmer. Et qu’au premier rang se situe, bien sûr, l’alimentation, que nous détaillons dans notre travail.
Faut-il supprimer la viande, source d’inflammations ?
Elle ne doit plus constituer le pivot central du repas, comme cela a été le cas au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais elle ne doit pas être diabolisée non plus, comme c’est parfois le cas actuellement. À condition de choisir les bons morceaux – en particulier les moins gras – d’une bête élevée dans de bonnes conditions, la viande constitue une remarquable source de protéines, riches en oligoéléments – fer… – et vitamines – B12 –, à consommer 2 fois par semaine.
Dans quels cas est-il nécessaire de passer aux régimes d’éviction ?
De nombreux patients décident d’y recourir devant des symptômes ou des pathologies diverses ou récurrentes, que la médecine a du mal à contrôler ou supprimer. Nous ne pouvons que les encourager à stopper le lait de vache et les laitages qui en sont issus et à réduire la quantité de gluten ingérée. Il est inutile d’éliminer totalement ce dernier à partir du moment où il y a seulement une intolérance et pas une allergie, comme c’est le cas dans la maladie coeliaque.
Dans quels cas, d’après-vous, faut-il vraiment passer au SANS GLUTEN ou SANS LACTOSE, ou les deux ?
Au fur et à mesure que nous avançons en âge, nous perdons la lactase, enzyme qui sert à scinder et absorber le lactose, le sucre du lait. Cet aliment devient donc de moins en moins digestible au fil du temps. Le gluten est une protéine, qui, apportée en quantités trop importantes, comme c’est le cas actuellement avec les variétés de blé sélectionnées, déclenche ou entretient l’inflammation, avec ses conséquences digestives et générales. Il nous paraît donc utile de supprimer le lait de vache et de le remplacer, par exemple, par le lait et des laitages de chèvre, et de réduire la quantité de gluten ingérée chaque jour. Ceci peut être réalisé en surveillant les apports de pain, de viennoiseries et pâtisseries, de pâtes.
Vos 5 règles d’or pour un intestin en pleine forme ?
Il en est plus de 5, que vous trouverez détaillées dans le livre. Mais l’alimentation représente bien entendu la clé de la santé. Et manger bien est finalement beaucoup moins compliqué qu’il y paraît.
À lire absolument