L’histoire nous a laissé un héritage cosmétique des plus intéressant. Longtemps oubliées, de nombreuses recettes qui ont marqué le passé reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène, tant la tendance est à la naturalité et à la simplicité.
Des eaux de beauté devenues célèbres
L’eau florale de rose, la brume anti-âge
Avec un parfum fleuri, frais, enivrant et subtil, l’eau de rose a traversé les siècles sans prendre une ride. Rituel de beauté incontournable, elle est l’alliée de toutes les femmes qui veulent prendre soin de leur peau tout naturellement. Elle est obtenue par distillation à la vapeur d’eau des pétales de la rose de Damas (Rosa damascena) ou de la rose centifolia, appelée également « rose de mai » (Rosa centifolia). Véritable atout beauté 100 % naturel, l’eau florale de rose est à la fois astringente, tonifiante et anti-rides. Elle contribue à revigorer la peau et à prévenir des effets du vieillissement.
Rafraîchissante, elle apaise les peaux sujettes aux rougeurs et aux allergies. Son parfum puissant, frais et subtil apporte une douce odeur de rose à vos cosmétiques maison.
Il suffit de peu de choses pour donner à l’eau florale de rose un sacré coup de jeune. Cette eau micellaire soin (sans rinçage) saura à la fois démaquiller en douceur, mais aussi apporter ses bienfaits à la peau :
L’eau d’émeraude, un alcoolat apaisant
Hier : C’est en juillet 1865, dans une lettre de Madame de Sévigné, que l’on retrouve la trace la plus ancienne de l’eau d’émeraude. « Je mets une eau d’émeraude sur ma jambe, si agréable qu’elle console et perfectionne tout », disait-elle.
Mais il semblerait que son existence soit bien antérieure à cette date. Elle a été confectionnée pendant plusieurs siècles par des apothicaires, qui en gardaient jalousement le secret. Au début du XVIIe siècle, les Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire, monastère situé à Orléans, se mirent à réaliser et commercialiser l’eau d’émeraude. Réputée pour ses vertus purifiantes et calmantes, l’eau d’émeraude a traversé les époques sans faillir à son succès.
Que contient-elle ? De l’eau, du miel et des plantes (sauge d’Espagne, menthe poivrée et romarin).
Aujourd’hui : Sa fabrication demeure 100 % artisanale et a lieu dans un nouveau monastère à Bouzy-la-Forêt, à l’orée de la forêt d’Orléans. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un alcoolat, à savoir une eau aromatique alcoolisée. Le miel est dilué avec de l’eau, puis les plantes sont ajoutées. On laisse macérer le tout pendant 12 jours à température constante dans une pièce ventilée. Les sucres du miel se transforment en alcool et les plantes libèrent leurs vertus bénéfiques. Le macérât est ensuite distillé dans un alambic en cuivre où le degré d’alcool va passer de 11 à 50. L’eau d’émeraude est enfin stockée dans des cuves en inox, puis mise en flacons.
Elle s’utilise en friction, compresse, lotion et même en bain de bouche.
L’eau précieuse, l’alliée des peaux à problèmes
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle fut précieuse à de nombreuses femmes ! Commercialisée en 1890 par le pharmacien Charles-Rémy Dépensier (1860-1929), elle était destinée aux soins d’hygiène, en particulier l’élimination et l’aseptisation des imperfections de la peau, ainsi que des ulcères variqueux et des phlébites. Son action sur l’acné lui procura le succès. En 1942, elle fut décrétée « médicament ». Appliquée avec un coton, elle régule le sébum, limitant l’apparition des points noirs et autres boutons, désinfecte et soulage les brûlures légères.
Si tout le monde connaît l’existence de cette eau de soin, on ignore souvent sa composition. Décryptage d’une formule qui a fait ses preuves. Elle contient :
- De l’eau déminéralisée (solvant sans propriété).
- De l’acide borique, possédant une activité antiseptique et une légère activité fongicide (antichampignons), d’où son efficacité sur l’acné.
- De l’acide salicylique, purifiant et kératolytique*, qui stimule le renouvellement cutané.
- De la glycérine, humectante et hydratante, qui maintient ainsi la teneur en eau naturelle de la peau.
- De l’acide tannique, polyphénol fréquemment utilisé pour dénaturer l’alcool (le rendre imbuvable). Antioxydant, antibactérien et astringent (resserre les pores), il décolle et élimine la couche de kératine de la peau.
- Un extrait de feuilles d’eucalyptus globulus, antiseptique et antifongique.
- De l’alcool, qui optimise la conservation du produit et resserre les pores, mais qui peut être irritant pour les peaux sensibles.
- De l’eucalyptol, tonifiant et antiseptique.
- Du menthol, rafraîchissant, purifiant et bactéricide.
* décolle et élimine la couche de kératine de la peau.
L’eau de Botot
Premier produit d’hygiène buccale, cette eau fut inventée en 1755 par Edme François Julien Botot, homme de sciences et médecin de Louis XV, afin de soulager les maux dentaires du roi. Cannelle, girofle, benjoin, menthe et alcool composent cette solution aux vertus calmantes et décongestionnantes. En bains de bouche réguliers, elle est idéale pour conserver une bonne hygiène buccale et une haleine agréable.
Voici une recette de bain de bouche 100 % naturelle qui vous permettra de garder une haleine fraîche en toutes circonstances :
L’eau de Cologne
Hier : Vous pensiez que l’eau de Cologne est originaire d’Allemagne ? Eh bien non, elle est née dans un petit village italien à la fin du XVIIe siècle. C’est dans son arrière-boutique que Gian Paolo Feminis aurait élaboré l’« aqua mirabilis » – l’eau miraculeuse –, une eau parfumée aux vertus thérapeutiques, composée de romarin, bergamote, néroli, cédrat, citron et d’orange.
Quelques années plus tard, Gian forme son neveu Giovanni Maria Farina à la parfumerie. Ce dernier poursuit son apprentissage à Venise, puis à Grasse, et séjourne ensuite dans plusieurs cours européennes, notamment à Versailles. Il devient dès lors le fournisseur attitré de souverains comme Louis XV et Frédéric de Prusse. Des hommes de lettres, Voltaire et Goethe, notamment, s’arrachent eux aussi ses précieux flacons.
En 1709, Gian Paolo Feminis s’installe à Cologne avec son neveu. Ensemble, ils rebaptisent « eau de Cologne » leur « aqua mirabilis », en hommage à leur ville d’adoption. Mais, quelques décennies plus tard, cette appellation ne sera plus protégée et les contrefaçons seront légion. La plus célèbre d’entre elles est celle mise au point par l’entrepreneur allemand Wilhelm Mülhens, qui baptise sa composition « 4711 ». Pour la petite histoire, cette eau de Cologne est toujours commercialisée par la marque Mäurer & Wirtz. En 1853, la maison Guerlain lance son « Eau Impériale », qui était initialement destinée à l’impératrice Eugénie. Conquise par cette attention à son égard, l’épouse de Napoléon III nomme Pierre-François-Pascal Guerlain Fournisseur officiel de Sa Majesté, participant ainsi à la renommée internationale de la maison Guerlain.
Aujourd’hui : On désigne par le terme générique « eau de Cologne » tout parfum à faible fragrance contenant un pourcentage d’extrait variant entre 3 et 5 pour une solution d’alcool 70 à 80°.
L’eau de la reine de Hongrie En 1370, l’eau de la reine de Hongrie fait son apparition. Ce parfum à base de romarin, d’esprit de rose – eau de rose –, de fleur d’oranger, d’extraits de citron et de menthe sert de remède contre les maladies. C’est d’ailleurs le plus ancien parfum à base d’alcool que l’on connaisse. Une légende raconte que cette eau, très prisée, aurait permis à Donna Isabella, reine de Hongrie, alors septuagénaire, de retrouver la jeunesse et la beauté de ses 20 ans pour séduire un jeune roi de Pologne. |