Lors de la saison estivale, les jours sont longs, la chaleur est puissante, les végétaux s’épanouissent et fleurissent : c’est l’énergie feu qui domine. La médecine traditionnelle chinoise nous apprend que cette énergie nous met en mouvement et nous pousse vers les autres. Elle est associée au couple de méridiens cœur/intestin grêle. Chacun de ces organes a un rôle physiologique et psychique. Le cœur, du point de vue organique, est responsable de la circulation sanguine. Du côté psychique, il abrite « l’esprit » : il est lié à l’intellect et à la conscience. Le rôle de l’intestin grêle est d’assimiler les aliments (digestion et absorption des nutriments : glucides, lipides, protides, eau, vitamines…) et de diriger ceux qui sont « purs » vers la rate, et ceux qui sont « impurs » vers les viscères d’élimination : gros intestin et vessie. Mais il joue, en plus, un rôle émotionnel et psychique de tri et de nettoyage, qui reste fondamental pour éviter la surcharge de notre palais qu’est le coeur.
L’alimentation de l’été
La diététique chinoise nous enseigne qu’en été, il faut se nourrir d’aliments de nature froide ou fraîche – qui « purgent » la chaleur, régulent la température du corps, favorisent les écoulements (liquides organiques), rafraîchissent le sang – et de saveur amère, qui tendent à évacuer la chaleur, assécher et soutenir le cœur.
En été, les fonctions digestives sont faibles car l’énergie est davantage centrée sur l’extérieur que sur l’intérieur. Il convient de manger moins vite et dans le calme, en privilégiant une alimentation plus yin afin de calmer l’excès d’énergie yang. C’est la saison par excellence pour consommer des légumes verts à feuilles et des légumes aqueux, qui rafraîchissent le corps, et des fruits rouges favorables à la circulation sanguine. Dans une même logique, il est plutôt conseillé de limiter les grillades (pourtant largement répandues) qui, par leur mode de cuisson, renforcent la dimension chaude des aliments, surtout quand ceux-ci sont de la viande, dont la plupart est déjà de nature chaude. Il est préférable de réduire également les épices fortes, l’alcool, le tabac, le café (buvez du thé vert !) et les aliments yang, tels que les abats, charcuterie, viandes rouges, produits laitiers, boissons alcoolisées, préparations trop grasses et trop sucrées.
Il est important d’équilibrer le cru et le cuit en augmentant progressivement la part de cru et en privilégiant des méthodes de cuisson respectant la vitalité des aliments : al dente, à la vapeur douce, émincés finement et saisis rapidement au wok avec un peu d’huile d’olive.
Il convient d’éviter aussi les boissons glacées. Mieux vaut boire à température ambiante et ne pas abuser de crèmes glacées, qui risquent de produire une « attaque de froid » dans l’abdomen et entraîner des troubles digestifs, notamment des diarrhées. Froides, humides et sucrées, les crèmes glacées représentent tout ce que déteste la rate !
Attention, ne pas confondre température de l’aliment et nature de l’aliment ! La nature d’un aliment résulte de l’effet thermique et physiologique qu’il va produire sur l’organisme après avoir été digéré. Le mode de cuisson peut changer la nature de l’aliment.
Alors, comment composer nos menus ?
Nous nous délecterons de salades variées, d’algues, de pourpier et d’herbes aromatiques, qui rafraîchissent, de légumes de saison cuits al dente à la vapeur douce, à l’étouffée ou sautés au wok, de poissons et de fruits frais.
Les aliments vedettes de l’été :
Les légumes/fruits estivaux : concombres, courgettes, poivrons, aubergines, tomates… qui comportent effectivement un fond d’amertume masqué ensuite par l’accommodement ou leur taux de sucre en pleine maturité, que nous dégusterons avec des poissons, crustacés, œufs coque, tofu… Les aliments qui proviennent d’un milieu aquatique sont de nature plus froide que ceux issus de la terre : ainsi, il est préférable de manger du poisson que de la viande en été.
Quelques exemples à retenir :
– produits animaux : poissons, mollusques, crustacés, volailles, œufs à la coque, fromages frais de brebis ou de chèvre…
– céréales et légumineuses : riz, orge (contient du gluten), soja sous forme de tofu, haricots blancs…
– légumes : tous les légumes aqueux et tous les légumes verts, notamment à feuilles (épinards, salades diverses…), tomates, courgettes, concombres, oignons rouges, poivrons, aubergines, pourpier, asperges, haricots verts, poireaux nouveaux… Tous les légumes aqueux et à croissance rapide apportent de l’eau à notre organisme afin de compenser la déshydratation due à l’augmentation de la transpiration.
– les fruits de saison : fruits rouges et baies noires (framboises, myrtilles, cassis, mûres…), abricots, pêches, pastèque, melon…
Recettes proposées par Christine Calvet :