« Le toucher est le sens le plus important de notre corps. Sans doute est-ce lui qui intervient le plus dans les phénomènes de veille et de sommeil. Il nous donne la notion de la profondeur, de l’épaisseur, des formes. C’est par notre peau, grâce au toucher, que nous ressentons, aimons, détestons. »
J. Lione Tayler The Stages of Human Life, 1921
Parent pauvre de nos sens – qui est probablement celui ayant généré le moins de textes littéraires et scientifiques au cours de l’histoire –, le toucher n’en est pas moins le plus intime et fascinant d’entre eux.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la pandémie que nous traversons depuis plus d’un an l’a mis à rude épreuve, au point d’en devenir presque tabou : plus d’embrassades, de câlins, de bisous, de massages, d’accolades… alors que ces gestes étaient au préalable au cœur de nos pratiques sociales. Il est d’ailleurs intéressant de relever que les mots toucher, contagion et contamination ont la même origine éthymologique à savoir tangere.
Heureusement que la définition du mot toucher va au-delà d’une dimension purement physique. On peut toucher la corde sensible avec le regard, les mots, le son de la voix, la musique. On peut être touché•e par un geste, une émotion ou une danse. Et c’est là toute la beauté de ce sens. Le toucher ne fait rien comme les autres sens car, quand on les évoque, on les associe souvent à une sensibilité propre. On parle, par exemple, d’une couleur pour la vue, d’un son pour l’ouïe, d’une saveur pour le goût, alors que le toucher peut se définir à travers des qualités différentes. Ce sens n’appartient pas à une seule partie du corps : on entend avec nos oreilles, on sent avec notre nez, on voit avec nos yeux, alors que l’on touche avec tout notre corps et, de la même manière, on peut être touché•e.
Il est grand temps de rendre au toucher ses lettres de noblesses et de le mettre en lumière au travers de ce numéro estival.
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