Les conseils de la thérapeute
Fériel Berraies
On se rappelle tou-te-s des premiers émois de nos étreintes charnelles, de nos préliminaires, de la passion et des papillons dans le ventre lors des premiers ébats amoureux. Ces phéromones en alerte et tout le cérébral dans la tête quand on visualise la rencontre avec l’être aimé, que ce soit notre amant-e, notre conjoint-e ou notre partenaire. Cette excitation de la découverte, de la fusion sublime.
Oui, cette sensation est incroyable, elle donne des ailes, elle exalte à l’infini. Seul bémol, elle ne dure pas, elle est conditionnelle, conditionnée par les contraintes du temps et l’habitude, par le quotidien. Et l’avancée en âge.
Oui, une fois la conquête aboutie, la consommation faite, tout rentre dans la banalité.
Si l’on prend de l’âge, que l’on ne s’entretient pas « physiquement », que l’on ne se regarde plus ou que l’on ne regarde plus son partenaire, il est clair que la libido pourrait en souffrir considérablement. Et c’est d’ailleurs dans ce genre de configuration que l’on peut mettre en danger son couple.
Des alternatives taboues peuvent alors se profiler (abandon du lit conjugal, abandon du foyer, adultère et désamour). Il ne faut pas se voiler la face… Ce tabou est devenu une norme sociale de plus en plus en vogue, comme le montrent les publicités que l’on trouve partout sur les sites de rencontre extra-conjugaux.
Nous sommes littéralement face à un phénomène de société, avec toutes les dérives que cela peut impliquer pour les familles, les couples et les enfants.
On s’aime, on se désaime, on trompe l’autre, on veut se persuader que l’on existe charnellement encore et toujours, le « fast sexe », le sexe virtuel, les jeux sexuels remplacent peu à peu l’acte charnel avec émotions. Mais c’est un phénomène de société complètement marketé aujourd’hui. Tout se fait dans cette recherche infinie du plaisir, mais sans sentiments, sans engagement. Le marché du sexe et de l’adultère n’a jamais été aussi florissant.
Beaucoup de sociologues, dont je fais partie, s’accorderont à dire que l’homme n’est pas génétiquement monogame, que la société et une certaine forme d’hypocrisie sociale mêlée à beaucoup de contraintes morales finissent par asservir l’humain.
QUE FAIRE POURTANT ? S’OUBLIER ? ARRÊTER DE VIBRER, ARRÊTER D’AIMER, ACCEPTER QUE NOTRE « TEMPS SOIT FINI » ?
Après 50 ans, on est bonnes pour la casse ? Je pense qu’il faut que la société et les médias arrêtent avec leurs sornettes relatives au jeunisme, les femmes de 40 et 50 ans sont pas des midinettes mais sont aussi des bombes sexuelles. Nous nous entretenons, nous faisons attention et nous sommes dans la plénitude de notre beauté et de notre sexualité. Eh oui, il faut beaucoup d’efforts, ce n’est pas inné. Il suffit simplement d’une super hygiène de vie : diète, sport, zen ET ÊTRE AMOUREUSE ou aimer la vie tout simplement (ce n’est pas la thérapeute que je suis qui vous dira le contraire)…
Pour autant, il ne faut pas faire n’importe quoi de notre corps et de notre sexualité… il faut des garde-fous, ne pas déraper et bien réfléchir avant.
Le respect de soi, c’est aussi le respect de l’autre et les règles sociales nous permettent tout de même de nous protéger de certaines dérives, et d’avoir un semblant de « décence », même si notre nature ne ment pas et que le changement est bien souvent synonyme de tentation. Il faut vivre sa vie, ses envies, sans culpabilité, avec respect et moralité ou pas ; c’est un libre-arbitre qui doit être donné à tout le monde et sans jugement.
Chacun de nous essaye d’être heureux et il n’y a véritablement plus de schémas prédéfinis. Mon vécu, mais aussi toutes les histoires d’humain et les humains que j’accompagne dans mon cabinet, m’enseignent que je dois continuellement apprendre et rester humble et ne jamais jeter la pierre sur l’autre. La bienveillance doit prévaloir avant tout.
MAIS NOUS DEVONS ARRÊTER DE SOUFFRIR EN SILENCE DANS NOTRE INTIMITÉ
Que faire quand votre conjoint ne vous désire plus ou qu’il ne peut plus vous donner ce que vous désirez et vice versa ?
Pour une femme, voguer sur la sphère obscure de l’adultère est impensable, comme tout le reste d’ailleurs. Tout ce qui viendrait de la femme est hautement tabou et, pourtant, beaucoup de femmes sont « très sexuelles » et font comme les hommes : elles veulent prolonger leur sexualité. Je n’émettrai aucun jugement ni encouragement pour autant. Mais, si l’on venait à moi, je m’efforcerais de conseiller et d’être à l’écoute. Sur le long terme, ce schéma pourrait être destructeur et entretenir une chimère sans fin. Surtout si la patiente est en recherche d’émotion plus que de sensations… Il faut se poser et ne pas hésiter à en parler avec votre partenaire et un thérapeute pour tenter de trouver des solutions.
LA SEXUALITÉ À L’ÉPREUVE DU CORPS ET DU TEMPS
L’âge est loin d’être aussi néfaste qu’on l’imagine pour la sexualité. Même à 90 ans, tout peut marcher très bien… à condition de s’adapter aux changements liés aux années. Mais il faut aussi accepter une certaine réalité objective liée au passage du temps.
Pour les hommes, l’érection devient plus lente à obtenir et nécessite une plus forte stimulation. Bien souvent, elle n’est complète qu’avant l’éjaculation. La période réfractaire (temps nécessaire avant une seconde érection) s’allonge elle aussi. Mais, paradoxalement, avec l’âge, les hommes deviennent plus sensuels et plus sensibles aux émotions amoureuses. Résultat, ils profitent en général beaucoup mieux des plaisirs de la sexualité.
Pour les femmes, c’est plus compliqué organiquement car, avec la ménopause, une baisse de la production d’hormones sexuelles (oestrogènes et progestérone) peut conduire à une sécheresse et une atrophie vaginales. La lubrification est alors plus lente. Mais, pour autant, les sensations et le désir restent les mêmes. Il suffit d’augmenter les préliminaires et de prendre le temps. Avec les sex toys, la femme s’assume dans son plaisir… enfin !
Oui, on en parle aujourd’hui, enfin plus ouvertement, mais cela fut pendant un temps une véritable révolution dans les mœurs et, encore aujourd’hui, dans les pays du sud, cela reste très tabou car la sexualité est avant tout orientée vers la procréation et parler de règles ou de ménopause est du ressort de l’interdit.
METTEZ DU PIMENT DANS VOTRE COUPLE ET POSEZ-VOUS LES BONNES QUESTIONS :
Faites-vous souvent des surprises à votre partenaire ? Depuis quand ne l’avez-vous pas invité-e à une soirée ou une sortie imprévue ? Savez-vous sortir de la routine même si elle vous rassure ? Avez-vous refait un voyage d’amoureux rien que vous deux ? Vous autorisez-vous seul-e à prendre le large quelques heures ou quelques jours ? Avez-vous des centres d’intérêt personnels, les développez-vous ? Quels sont vos terrains d’entente ? Quels sont vos projets et quel sens commun leur donnezvous ? Comment évitez-vous les sujets ou les situations qui fâchent ? Quelles sont les issues qui apaisent vos conflits ?
Si la majorité de vos réponses sont négatives ou si des questions restent sans réponse, suivez sans plus tarder nos conseils pratiques.
10 conseils pratiques pour réveiller le désir :
- Organisez des escapades amoureuses ;
- Surprenez votre partenaire avec un dîner aux chandelles dans un cadre intime ;
- Gâtez votre conjoint-e ;
- Monsieur, complimentez votre femme. Elle a besoin de se sentir belle et désirable ;
- Madame, mettez votre féminité en valeur en investissant dans une nouvelle garde-robe ;
- Jouez la carte de l’humour ;
- Ne vous concentrez pas sur vos difficultés sexuelles et ne pointez pas vos défauts ;
- Ne restez pas seul-e avec vos angoisses mais parlez-en à votre partenaire ;
- Faites l’amour souvent !
- La clé d’une vie sexuelle épanouie résiderait tout simplement dans la pratique… Il ne faut surtout pas arrêter de faire l’amour et ce même si l’envie fait défaut. Cela permet d’entretenir la mécanique et de conserver un contact physique, une proximité.
Retrouvez les conseils de Fériel Berraies,
www.feriel-berraies-therapeute.com
fbsophro@gmail.com – Prix Sanitas 2018
Tunisie – Prix UFA Belgique 2016