Une sexualité freinée par des pathologies, le stress, la sédentarité
En France, selon certaines estimations, il faudrait compter à près de 20 millions le nombre de personnes atteintes d’une maladie chronique, soit 2 fois moins que celui prédit par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) pour 2020. Mais, parmi ces études, beaucoup font le lien avec des répercussions dérangeantes dans la qualité de la vie sexuelle des malades.
Diabète, obésité, cancer, sclérose en plaques… Ces maladies dites « organiques » entraînent, en effet, des troubles de la sexualité. Phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur en France et dans le monde. Hormis ces pathologies sévères qui génèrent une flopée de dysfonctionnements sexuels (troubles érectiles, troubles du désir, troubles de la libido, éjaculation précoce amenant frustrations et syndromes d’évitement à la chaîne, etc.), on note des répercussions psychologiques du stress et de la sédentarité sur l’intimité du couple.
Faire l’amour, oui, mais pas si simple !
En effet, entre les bobos physiologiques de notre quotidien, dont l’asthénie, la fatigue, la douleur, les contraintes physiques qui rendent inenvisageable tout rapport sexuel harmonieux, on doit également faire avec les effets psychologiques de « certaines situations » de vies.
Une pharmacologie qui inhibe aussi
À noter, aussi, que certains médicaments ont des effets inhibiteurs (notamment les traitements contre l’hypertension, les antidépresseurs ou les agents psychotropes et l’hormonothérapie chez les femmes, et les effets secondaires des traitements anticancéreux, c’est-à -dire radiothérapie, chimio, etc.).
Mais, dans les faits, c’est le psychologique qui est le plus grand frein
Les troubles du désir et/ou de la libido restent un tabou et l’on n’en parle pas beaucoup, préférant le déni et la déresponsabilisation du genre « c’est pas ma faute »…
La communication autour de la sexualité freinée est souvent biaisée. La personne en souffrance se sent moins confiante et donne l’impression à son partenaire de ne plus avoir envie de relations sexuelles. Un grand danger pour l’avenir du couple si la communication entre eux ne passe pas.
Libido en baisse ou KO ? C’est le tabou n° 1 au sein du couple
1 couple sur 2, en France, souffre de baisse du désir pour son partenaire. La baisse de désir est un tabou pour près d’1 personne sur 2, si l’on en croit une enquête IFOP réalisée en 2009.
En effet, 53 % des personnes interrogées avouent que le problème le plus fréquent est la baisse de désir pour son partenaire, loin devant les pannes d’érection ou la simulation du plaisir ou de l’orgasme. Elles ont ainsi l’impression de perdre leur désir sexuel ou de ne pas être sur la même longueur d’onde que leur partenaire en matière de sexualité.
Des chiffres et des sondages indiquent pourtant la réalité des troubles de la sexualité. En effet, c’est ce qui ressort d’une enquête sur la sexualité des Français menée par TNS Sofres en 2010, puis à l’occasion de la journée mondiale de l’orgasme en 2015.
Des chiffres montrent l’ampleur du problème : en effet, le premier sondage révélait que 30 % des hommes avaient des problèmes d’éjaculation précoce ou des troubles érectiles, et la seconde enquête indiquait que 49 % des femmes reconnaissent avoir « assez régulièrement » des difficultés pour atteindre l’orgasme. Par ailleurs, toujours selon le sondage Les Français et la sexualité dans le couple, plus des 3/4 estimaient que ces troubles de la sexualité avaient des conséquences néfastes sur leur vie de couple et 36 % d’entre eux pensaient que cela allait jusqu’à perturber son harmonie. Ces différentes statistiques expliquent en grande partie la demande croissante d’accompagnement observée ces dernières années dans les cabinets des sophrologues.
Qu’est-ce qui cause les troubles de la libido ?
Les causes de la baisse de la libido sont multiples. Le stress (professionnel, familial, etc.), le poids de la vie quotidienne, la mauvaise image de soi ou les problèmes de couple sont parmi les raisons les plus courantes.
Les troubles peuvent se manifester avec un partenaire spécifique, dans une situation particulière, ou alors être généralisés (avec n’importe qui, à n’importe quel moment).
Les troubles du désir touchent principalement les femmes
Mais de plus en plus d’hommes s’autorisent à en parler. Bien que ce soit un sujet tabou dans le couple, ils sont une problématique très fréquente, qui génère beaucoup de culpabilité, de frustration et d’anxiété (peur d’être quitté-e) pour le partenaire qui en souffre.
Cette baisse du désir a également un fort impact sur l’entente du couple, car l’autre partenaire ressent souvent le besoin de tester son pouvoir de séduction, sa capacité à être désirable et il peut remettre en question le bien-fondé de sa relation. ATTENTION, DANGER !
Attention au syndrome d’évitement prolongé
Lorsque la diminution du désir n’est pas enrayée, elle évolue progressivement vers de l’inhibition, voire du dégoût du partenaire sexuel ou des rapports sexuels. L’homme ou la femme développe alors des stratégies d’évitement qui poussent à surinvestir d’autres domaines de la vie (travail, enfants, loisirs, etc.).
Ce syndrome devient dangereux si l’on reste dans un déni et dans un évitement dans la durée et quel que soit le trouble (éjaculation précoce, dysfonction érectile, vaginisme, baisse de libido, etc.) car il peut provoquer la cassure du couple.
Comment intervient la sophrologie en tant que thérapie brève et verbale ?
Avant de considérer un accompagnement par une thérapie brève – sophrologie et/ou hypnose –, la première chose à faire est évidemment d’évoquer le sujet avec son partenaire, puis de consulter un professionnel de santé. En fonction de l’origine du manque de désir ou de la nature du trouble sexuel, le traitement sera différent. S’il est d’origine psychologique, une approche multidisciplinaire effectuée par un sexologue pourra être envisagée et nécessitera un certain nombre de séances individuelles ou en couple. S’il est d’origine organique suite à une maladie, ou dû à l’inhibition après un traitement médical, les thérapies brèves ne pourront pas travailler dans l’amélioration des capacités de la personne, mais on pourra l’accompagner sur une meilleure « vivance » psychologique de la situation. Ce sera alors un protocole pour un accompagnement médical. Ici, la réalité nous oblige à bien expliquer à la personne que la sophrologie n’effacera pas pour autant le trouble, qui n’est plus du seul ressort psychologique. Et l’on devra travailler avec la médecine allopathique.
Si le stress est le facteur principal du frein, le protocole pour lutter contre les troubles du désir sera un protocole d’amélioration du quotidien, car le manque de libido impacte l’état de bienêtre de l’homme ou de la femme dans sa vie de tous les jours. Ce protocole a pour objectif d’amener l’homme ou la femme à éprouver facilement du désir pour son/ sa partenaire. Pour cela, ils doivent apprendre à chasser leur anxiété et à développer leurs fantasmes.
Nota bene :
La sophrologie est un outil adapté pour répondre aux différents besoins des personnes souffrant de troubles de la sexualité. Elle utilise notamment le corps pour libérer la parole et se sert de la parole pour reprendre contact avec le corps. Elle est régulièrement recommandée par les médecins. Cependant, l’expression de ses besoins se manifeste dans différents contextes (chez le médecin, en séance de thérapie, lors d’une dispute entre conjoints, etc.), et elle est entendue par différentes personnes. En tant que sophrologue, j’adapte mon discours selon la personne à qui je m’adresse. Les propositions d’intervention doivent être claires, précises et structurées. Elles doivent présenter les bénéfices de la pratique de la sophrologie pour qui souffre de troubles de la sexualité, mais aussi pour les autres interlocuteurs. Attention, je ne suis pas là pour éliminer le trouble sexuel, mais je l’accompagne et j’aide à mieux le vivre au niveau des ressentis.
La sophrologie ne se substitue pas à la médecine ou à la psychiatrie, elle travaille en tant que soin de support. N’hésitez donc jamais à consulter un spécialiste près de chez vous et votre médecin de famille, gynécologue et ou andrologue.
Fériel Berraies Guigny est chercheur en sciences sociales et thérapeute, avec plusieurs casquettes. Sophrologue certifiée RNCP (Répertoire National de la Certification Professionnelle), elle a 7 spécialisations : cancer, sexualité, enfance, adolescence, périnatalité, personnes âgées et entreprises. Elle est praticienne en hypnose ericksonienne certifiée et est en cours de formation en naturopathie.
Retrouvez ses conseils sur :
www.feriel-berraies-therapeute.com