Isabelle Meurgey pratique en cabinet, et ce depuis plus de 20 ans, la médecine esthétique et la médecine préventive. Elle a à cœur de soigner ses patients de manière globale, à l’aide de médecines complémentaires qui touchent à la fois le corps et l’esprit.
Elle est la créatrice, avec le médecin Alain Butnaru, d’Epigen®, un concept novateur qui réunit une stratégie avancée dans l’application de l’épigénétique et une approche holistique des soins anti-âge. Nous lui avons posé quelques questions pour mieux comprendre la médecine épigénétique.
avec Isabelle Meurgey
Médecin
Le système de santé actuel vise à nous maintenir le plus longtemps possible en mauvaise santé. Partagez- vous cette opinion ?
Il est vrai que la médecine moderne s’éloigne de plus en plus de la médecine d’Hippocrate. Je ne suis pas du tout contre le fait d’améliorer la technologie ou les traitements médicamenteux, qui permettent de sauver des vies quotidiennement, mais je valorise la médecine intégrative, c’est-à-dire soigner avec des médicaments quand c’est nécessaire (souvent dans l’urgence), mais aussi accompagner le patient avec des conseils sur son mode de vie ou utiliser des techniques complémentaires, comme la phytothérapie, la micronutrition, l’acupuncture ou l’auriculothérapie, qui vont améliorer le terrain pour développer le potentiel d’autoguérison de la personne. Ce qui est dommage avec la médecine médicamenteuse, c’est qu’elle a tendance à éteindre le symptôme plutôt que traiter la cause de la maladie. J’essaie toujours d’aller à la cause profonde pour un résultat plus pérenne.
Qu’est-ce que la médecine épigénétique ?
Des études récentes ont démontré que l’on peut agir par notre mode de vie sur l’expression ou non de certains gènes. C’est cela, la médecine épigénétique.
Par exemple, si vous avez le gène du diabète mais que votre alimentation est équilibrée, notamment au niveau de la consommation de glucides, vous ne développerez pas cette maladie. A contrario, les déséquilibres nutritionnels finiront par déclencher ce diabète.
Ce n’est donc pas une fatalité. Le patient a une part de responsabilité dans ses problèmes de santé. De la même façon, il peut également améliorer sa santé et sa longévité en changeant son mode de vie.
Vivre le plus longtemps possible en bonne santé et sans dépendance, mythe ou réalité ?
L’espérance de vie n’a cessé d’augmenter depuis la dernière guerre mondiale, mais pas la qualité de la vie. Ce qui est le plus important dans mon métier, c’est d’aider les patients à vivre le plus longtemps possible mais en pleine vitalité, sans douleur, au maximum de leurs performances.
Cela dépend de nombreux facteurs. Ainsi, tous les aspects de la santé sont à prendre en compte de manière holistique : la santé physique par la nutrition, la micronutrition… et la santé psychique par la gestion du stress et de ses conséquences nuisibles.
Cela dépendra donc des capacités de chacun à se remettre en question et à retrouver des habitudes de vie adaptées à la bonne santé.
Le plus important n’est pas d’allonger à tout prix la durée de la vie, mais bien d’améliorer la qualité de la vie.
Vous dites que pour être « véritablement performante, la médecine épigénétique doit être individualisée, prédictive, préventive et collaboratrice ». Pourriez-vous, svp, nous expliquer pourquoi ?
Il n’y a pas deux personnes identiques, chacun a son vécu, ses prédispositions, son alimentation, sa façon de gérer son stress… On ne peut pas appliquer la même recette à tout le monde, c’est pour cela que cette médecine est individualisée. Elle est prédictive dans le fait qu’au vu de résultats d’analyse, on peut prédire que, si la personne ne change pas certaines habitudes ou ne corrige pas certaines carences, elle développera certainement une pathologie.
Nous sommes là pour aider à corriger les facteurs prédisposant pour que cela n’arrive pas. C’est pour cela que l’on parle également de prévention.
Pour y parvenir, nous avons besoin de l’adhésion et de la collaboration du patient. En effet, nous allons lui prodiguer des conseils de mode de vie, de nutrition, mais nous ne serons pas là au quotidien pour vérifier qu’il les applique bien ; cela demande un effort personnel. Mais c’est en même temps une source d’une grande satisfaction pour le patient, qui devient actif et plus autonome.
Les analyses sanguines sont-elles indispensables et le point de départ de tout suivi personnalisé ?
Par le biais de questionnaires très poussés, nous pouvons avoir une idée de certaines carences.
Néanmoins, certains marqueurs biologiques sont peu symptomatiques et seule l’analyse sanguine nous permettra de voir s’il y a carence ou excès. On retrouve effectivement souvent des excès de certaines vitamines ou micronutriments chez certains patients qui se complémentent à l’aveugle et parfois trop ou mal. Les excès peuvent être plus nuisibles que des carences.
« Que l’alimentation soit ta première médecine », la base de l’épigénétique ?
Oui, je pense que la médecine d’Hippocrate, qui insistait sur la qualité de notre alimentation, est un pilier fondamental de la médecine épigénétique. La micronutition est devenue indispensable, venant combler les travers et les manques de notre alimentation moderne.
L’alimentation santé doit-elle être sans gluten et majoritairement végétarienne ?
L’alimentation santé doit être antiinflammatoire. Pour cela, il faut éviter les aliments qui entraînent une inflammation dans le corps. Il se trouve que le blé moderne, qui a subi des hybridations, n’est pas le plus digeste des blés (par rapport aux blés anciens, comme l’épeautre ou le kamut) et crée des réactions très fréquentes d’intolérance alimentaire au niveau de l’intestin. Il faut donc en limiter la consommation ou sélectionner des farines très peu riches en gluten, comme le petit épeautre.
Nous avons besoin de protéines, que l’on peut trouver dans d’autres aliments que les animaux. Il est même possible de s’en passer en mangeant des protéines végétales (légumes secs, tofu, tempeh…), du fromage, des œufs. Privilégions la qualité à la quantité en matière de protéine animale.
Que pensez-vous de l’alimentation cétogène ?
Je n’aime pas trop, par principe, les régimes d’exclusion de certaines catégories d’aliments. Ne privilégier que les graisses dans le régime cétogène peut aider ponctuellement dans certaines pathologies, mais est à mon avis très difficile à mettre en place sur le long terme car source de grandes frustrations et de rechutes.
J’encouragerais plutôt l’alimentation low carb*, qui est plus facile à suivre dans la vie quotidienne.
* À faible teneur en glucides.
Le jeune intermittent, une hygiène de vie à adopter ?
Je vous dirais que c’est au cas par cas. Les personnes qui l’ont adopté se sentent en général tellement mieux qu’elles le font par habitude, sans réfléchir, en ayant appris à être plus à l’écoute de leur faim et de leurs véritables besoins. De nombreuses études ont montré le bénéfice du jeûne intermittent sur la santé.
Pour d’autres patients, l’idée de ne pas manger à un repas est impossible. Donc, une fois de plus, pas de généralisation. Chacun est différent et a des besoins différents. Le plus important est d’être à l’écoute des besoins de son corps.
Avons-nous tous besoin d’une supplémentation en micronutriments ?
Je dirais qu’à l’heure actuelle oui. Il nous faut à tous une complémentation car la densité micronutritionnelle de nos aliments a énormément baissé à cause de plusieurs facteurs, dont l’ajout de pesticides, les cultures intensives, l’appauvrissement des sols… Cultivons notre jardin, peut-être que cela changera.
Pourquoi manquons-nous de magnésium, vitamine D et vitamine C ?
Le magnésium est en quantité insuffisante dans l’alimentation, surtout que nous en consommons beaucoup plus actuellement dans notre société stressante.
La vitamine D nécessite les UV sur la peau pour la synthétiser. Donc, d’octobre à avril sous nos latitudes, nous en manquons tous.
Les doses journalières de vitamine C sont sous-évaluées et notre alimentation, surtout industrielle, est carencée. On a des cas de scorbut qui réapparaissent depuis quelques années, reflet de l’alimentation très pauvre en fruits et légumes d’une partie de la population.
Méditation et cohérence cardiaque, deux alliées pour vivre vieux et en bonne santé ?
Notre système nerveux autonome (SNA) est constitué de deux branches : le système parasympathique, jouant le rôle de frein, et le système sympathique, jouant le rôle d’accélérateur. La méditation, ou des techniques de respiration telles que la cohérence cardiaque, sont un moyen facile d’accès à tous pour stabiliser ce système nerveux autonome.
D’abord appliquée dans la prévention des maladies cardio-vasculaires, la cohérence cardiaque est de plus en plus utilisée dans les programmes de gestion du stress et de l’anxiété, dans la régulation émotionnelle, dans les programmes d’entraînement sportif, ainsi que dans la gestion du poids.
La facilité avec laquelle il est possible de pouvoir passer d’un état d’excitation à un état de calme est liée à la capacité du système nerveux autonome de faire varier rapidement la fréquence cardiaque.
La cohérence cardiaque est un état d’harmonie entre le système nerveux sympathique (accélérateur) et le parasympathique (frein), obtenu lors de l’inspiration et de l’expiration, en particulier par la respiration abdominale.
Cette harmonie entraîne une cascade de réactions biologiques dans tous les organes, qui vont dans le sens de la bonne santé. Il en est de même pour la méditation. Des études sur la méditation en pleine conscience en ont démontré les bienfaits sur la santé et la longévité, notamment par son action sur l’allongement des télomères.
L’important dans ces pratiques est la régularité. Des séances de quelques minutes quotidiennes seront plus efficaces que de longues séances très espacées.
Le mot de la fin ?
Un point commun à tous les centenaires, c’est un moral à toute épreuve, une gaieté constante et un réel goût de vivre. Ils sont actifs et prennent soin de leur santé, ils travaillent et continuent de viser des objectifs personnels. Ils apprécient ce qu’ils ont et sont généreux, n’hésitant pas à donner du soutien et de l’affection.
Ils ont une façon d’aborder les difficultés de la vie avec patience, tolérance et résilience.
La communauté est également très importante dans leur vie : ils restent connectés, ils s’entraident, ils ont des relations sociales.
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