Les souffrances engendrées par le stress sont multiples. Lorsqu’il devient chronique, ce mal-être empoisonne la vie quotidienne sous des formes très variées, telles que l’irritabilité, les troubles du sommeil, l’anxiété, l’hyperactivité ou, au contraire, l’inhibition, les manifestations physiques ou douleurs diverses.
L’idée que la chimie constitue la solution au mal-être est encore bien ancrée dans les mentalités. Nous restons ainsi le pays le plus gros consommateur d’anxiolytiques et d’hypnotiques d’Europe. Selon l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine en 2012. Il existe pourtant des solutions alternatives, telles que la cohérence cardiaque ou l’homéopathie pour déjouer le stress le plus naturellement possible.
Le saviez-vous ?
Le stress est une notion bien plus ancienne qu’on pourrait le penser. Il est d’origine anglaise (force, effort, tension), lui-même issu du latin stringere, qui signifie lier, serrer, comprimer, et qui a donné naissance au verbe étreindre mais aussi au nom commun détresse. Si le terme n’apparaît qu’au XXe siècle en France, il est employé dès le XIVe siècle en Angleterre, où il qualifie déjà une vie faite d’aléas, de luttes et de difficultés.
Le dossier du mois
le stress est-il aussi une histoire de perception ?
avec Sylvie Espellet
Sophrologue
OUI, bien entendu, car le stress peut se définir également comme un DÉSÉQUILIBRE que l’on ressent entre un objectif à atteindre (une tâche, un résultat, une épreuve à surmonter, une situation à régler, une problématique, une conjoncture de changement…) et les ressources dont on pense disposer pour y parvenir. C’est quand le déséquilibre devient trop grand entre ce que je perçois et les ressources dont je pense disposer que je suis en état de stress important, d’où perte de repères, de moyens et des mauvaises réponses face aux circonstances. Notre perception est façonnée par notre vécu et nos croyances, mais aussi par notre mode de pensée et notre capacité à savoir utiliser nos ressources (physiques, émotionnelles, mentales, financières, temporelles,…).
En effet, dans des conditions stressantes, nous sommes en capacité (consciente ou inconsciente) d’apporter deux types de réponse, diamétralement opposées : soit je perçois la situation comme un défi (+), une épreuve qui est l’occasion d’aller chercher mes ressources au fond de moi, de me surpasser, de créer, d’évoluer ; et, dans ce cas, j’analyse, je cherche et je mets en place des solutions. Soit je ressens la situation stressante comme une menace (-), un danger, une source de problèmes ; dans ce second cas, je n’arrive pas à prendre le recul nécessaire à la réflexion et j’apporte alors – souvent – des réponses inadaptées. Ce n’est donc pas la situation en soi qui est stressante mais bien le regard que l’on porte sur elle ; c’est notre façon de la percevoir et nos réactions émotionnelles associées qui vont déterminer son niveau.
Nos pensées influent beaucoup sur notre état de stress, et vice versa. La relation corps-émotion- mental est indissociable. Une des clés puissantes est l’apprentissage de la relativisation, du lâcher-prise. L’art de porter un autre regard sur ce que nous vivons, accorder moins d’importance, dédramatiser. Combien de fois stressons-nous pour des événements anodins ? Pour des suppositions, des rumeurs qui ne sont même pas réelles ? Toutes les situations imaginées ne font pas forcément partie de notre réalité ; de ce fait, toutes les pensées négatives deviennent alors des stimuli auxquels nous devons nous adapter. S’habituer à lâcher prise sur nos pensées et les transformer en positif nous libèrera de beaucoup d’angoisses non fondées. Nous avons tendance à nous identifier à nos propres pensées sans nous demander si ce que nous pensons est vrai.
C’est pourquoi j’ai envie aujourd’hui de partager avec vous, chers lecteurs, une astuce en or, juste 3 petites questions très puissantes à afficher en grand sur votre réfrigérateur et qui vous aideront à considérer les faits autrement, à rendre votre niveau de stress plus acceptable, à vivre plus sereinement :
- Est-ce VRAI ?
- Est-ce GRAVE ?
- Mon attitude est-elle juste et appropriée ?
Je m’explique. Prenons un exemple : le fameux « coup de fil » des enfants ou petits-enfants pour avertir qu’ils sont bien arrivés. Supposons que le coup de téléphone ou le SMS tarde un peu, notre imagination va alors battre son plein et la peur qu’il leur soit arrivé quelque chose sera grandissante. Nous aurons tendance à penser « ce n’est pas normal, ils auraient déjà dû appeler. Mais qu’est-ce qui se passe ? » Si ces pensées viennent à votre esprit, il faut alors les stopper net, respirer profondément plusieurs fois et se poser cette première question : est-ce vrai ? Est-ce vrai qu’il leur est arrivé quelque chose de fâcheux ? NON, dans la mesure où rien n’a été affirmé dans ce sens. Votre pensée est juste la pure vision de votre imagination et de votre état émotionnel. Est-ce grave ? NON, puisque vous venez de répondre négativement à la première question. Ils sont juste trop occupés pour pouvoir vous prévenir ! Mon attitude est-elle juste ? Est-ce que cela vaut la peine que je me mette dans cet état de stress et d’angoisse ? NON, car rien n’est réel au moment de votre pensée. Tout est pure imagination, c’est juste l’émotion de la peur qui a créé en vous ces pensées anxiogènes. Je dis souvent que notre mental est notre meilleur ami si l’on sait s’en servir, comme notre pire ennemi si c’est lui qui nous gouverne…
Regagner le pouvoir sur nos pensées et développer un esprit positif est indispensable pour vivre mieux et être plus heureux. Et, bonne nouvelle… grâce à la plasticité cérébrale, notre cerveau a la capacité de se modifier tout au long de notre existence. Ce qui signifie que, chaque fois que vous allez modifier votre mode de pensée, vous allez transformer votre perception et créer de nouvelles connexions neuronales, qui vous permettront de donner naissance à de nouvelles habitudes. L’outil qui favorise ce changement, en agissant sur la loi d’attraction, s’appelle la visualisation. Un merveilleux processus de création d’images mentales, utilisé systématiquement lors des séances de sophrologie, et qui a le pouvoir d’agir simultanément sur nos 4 cerveaux (gauche, droit, médian et cervelet). Pour que ce soit concluant, l’action ou la situation doit toujours être la plus précise possible et visualisée au présent comme si elle était déjà atteinte, réussie, acquise, en y associant les émotions appropriées. Cette technique a déjà fait largement ses preuves dans le monde du sport de haut niveau et est très pertinente en matière de gestion du stress (préparation aux examens, prise de parole en public, changements…).
En conclusion, le stress est une réalité mais n’est pas une fatalité. Il est possible, pour chacun d’entre nous, d’apprendre à reprendre le pouvoir sur nos pensées afin de nous libérer de nos freins et d’attirer plus de positif dans nos vies. La sophrologie est une méthode efficace et simple qui vous accompagnera sur ce chemin. Et, selon certaines études scientifiques, notre capacité à être optimiste dépendrait à 50 % de nos prédéterminations génétiques, à 10 % de notre environnement, de notre vécu… Il reste donc 40 % sur lesquels nous pouvons agir !
Sylvie Espellet
Sophrologue, spécialisée dans la gestion du stress, les performances et le bien vieillir.
Conférencière, formatrice, animatrice en yoga du rire et auteur du livre Un nouvel élan.