Nous avons repris le chemin de l’école, du bureau, retrouvé nos activités associatives et créatives : comment prendre soin de l’organe le plus important de notre corps, le cerveau ? Si la gestion du stress, l’exercice physique et le sommeil jouent un rôle important dans la prévention de la fatigue et du brouillard mentaux, des difficultés de concentration, des troubles de la mémoire, des variations de l’humeur, l’alimentation joue un rôle primordial dans la santé mentale.
I/ Consommez suffisamment de fibres
Les fibres sont la nourriture favorite de nos « bonnes » bactéries. Leur fermentation produit, entre autres, un acide gras : le butyrate, qui agit sur l’axe intestin-cerveau en stimulant la production de BDNF, une protéine surnommée « engrais miracle du cerveau ». En effet, cette protéine favorise la croissance de nouveaux neurones, la formation de nouvelles connexions, améliore les fonctions mentales telles que la mémoire et l’apprentissage, ainsi que les compétences cognitives comme l’attention, la maîtrise de soi, la planification, la capacité créative, etc. Il est donc important d’apporter à notre organisme :
• des végétaux, sous forme de légumes et fruits frais, riches en fibres : toutes les études s’accordent à dire que nous avons besoin d’environ 2 fruits et 7 portions de légumes différents chaque jour. En faisant une large place à ceux contenant de l’inuline : ail, artichaut, asperge, banane mûre, betterave rouge, oignon, poireau, endive…
• des céréales complètes de préférence sans gluten (millet, quinoa, riz, sarrasin) ou contenant peu de gluten comme le petit épeautre, et des légumineuses (haricots secs, lentilles, pois cassés, pois chiches…) ;
• des légumes lactofermentés : ils contiennent des probiotiques (les bonnes bactéries), mais aussi des prébiotiques, c’est-à-dire des fibres. Faciles à faire fermenter soi-même, on en trouve également en magasin bio : choucroute, carotte, betterave, radis noir, chou rouge… Le mieux est de les utiliser comme condiment à quasi chaque repas.
II/ Choisissez des glucides à index glycémique (IG) bas et dire non au sucre
Le cerveau a d’importants besoins d’énergie tout au long de la journée, et notamment d’un apport régulier et continu de glucose, jour et nuit, donc sans pics. Pour cela, un seul outil à utiliser : l’index glycémique.
• Privilégiez les aliments dont l’IG est bas à modéré, qui assurent un apport stable en glucose toute la journée : céréales complètes, légumineuses, légumes, noix et graines oléagineuses, pain au levain… Préférer les légumes, les légumineuses (lentilles, haricots secs, pois chiches…), les céréales complètes, le pain au levain et aux graines, c’est s’assurer, via ces aliments à IG bas à modéré, un apport stable en glucose sur la journée ;
• et évitez les aliments à IG élevé, qui, à l’inverse, provoquent de trop importantes variations du taux de glucose. Bannissez particulièrement le pain blanc, les pommes de terre en purée ou frites, les céréales raffinées (surtout celles du petit déjeuner), les boissons sucrées ;
• quant au sucre, certes, il nourrit les bactéries… mais pas les bonnes ! Il conduit à un surdéveloppement des levures et des bactéries pathogènes. Les fringales sucrées diminuent lorsque, privées de sucre, les bactéries qui s’en nourrissent deviendront minoritaires. Pour combler ces fringales, une bonne alternative est de se régaler avec des fruits secs à chair déshydratée : dattes, abricots, figues… et des fruits secs oléagineux : amandes, noix, noisettes…
III/ Foncez sur les oméga 3
Le cerveau se distingue par une quantité hors norme de lipides : c’est l’organe le plus gras du corps après les adipocytes (cellules stockant les graisses). Plus leur membrane est souple, plus les neurones fonctionnent bien. Ce sont les lipides qui rendent les membranes souples et, parmi eux, les champions sont les oméga 3, acides gras polyinsaturés que l’on trouve sous forme d’acide alpha-linolénique (ALA), et de DHA (acide docosahexaénoïque) et d’EPA (acide eicosapentaénoïque), deux oméga 3 directement utilisables par le corps. De plus, ils augmentent le flux de sang vers les zones spécifiques qui contrôlent la mémoire et l’apprentissage. Parmi les oméga 3, le DHA est le plus important pour le cerveau et la cognition.
• L’acide alpha-linolénique (ALA) que notre organisme transforme plus ou moins bien en DHA se trouve dans les végétaux : graines de chia, de lin, de chanvre, noix de Grenoble et leurs huiles, ainsi que dans les huiles de cameline et de colza. 2 g (apport nutritionnel quotidien conseillé) sont fournis par exemple par 1 cuillère à soupe d’huile de colza ou de noix ou 1 cuillère à café d’huile de cameline ou 1 à 2 portion(s) de noix (une quinzaine de noix), ou 5 g de graines de lin moulues (1 cuillère à café environ). À noter que la noix de Grenoble est très intéressante : riche également en vitamine E et antioxydants, elle permettrait de prévenir le déclin cognitif.
• Le DHA et l’EPA sont présents dans les aliments d’origine marine, surtout dans les poissons gras, comme l’anchois, le flétan, le hareng, le maquereau, la sardine, le saumon, le thon… Concrètement, manger 3 poissons gras (même en boîte) par semaine, soit environ 300 g, fournit les apports conseillés (900 mg de DHA et d’EPA). À noter que la sardine est particulièrement riche en DHA.
IV/ Mangez des légumes riches en antioxydants : caroténoïdes, polyphénols…
Les antioxydants neutralisent les célèbres radicaux libres, responsables du vieillissement de nos cellules.
• Les caroténoïdes, vaste famille des pigments vert foncé, jaunes, orange et rouges que fabriquent les végétaux et les algues pour empêcher le soleil de les « griller », sont pour nous aussi de puissants antioxydants. Parmi eux sont à privilégier la lutéine et la zéaxanthine des légumes à feuilles vertes (blettes, épinards, salades, choux… qui limiteraient le déclin cognitif ), le lycopène de la tomate (cuite, elle en contient davantage), les petits fruits rouges ou noirs qui protégeraient particulièrement le cerveau du vieillissement (baies d’açaï, fraises, framboises, mûres, myrtilles…). En pratique, manger 25 g par jour de ces petites baies serait protecteur.
• Les polyphénols flavonoïdes : très abondants dans les mûres, les fraises, les pommes, les agrumes, les oignons, les brocolis, les câpres et le thé vert, reconnu « super aliment », qui aide à protéger le cerveau des lésions et améliore le flux sanguin cérébral. C’est la concentration en épigallocatéchine gallate (EGCG) qui détermine sa puissance antioxydante : les thés verts japonais sont plus concentrés que les chinois. Dans l’ordre décroissant, Gyokuro, Sencha, Matcha (jusqu’à 6 %), mais le thé vert chinois Yunnan en contient néanmoins 2 %. À noter que 2 tasses de thé vert japonais par jour minimum, à infuser 8-9 minutes, sont nécessaires pour une teneur optimale en EGCG.
• Les autres polyphénols : parmi les plus protecteurs, nous trouvons l’acide ellagique, présent dans la noix et la grenade, les curcumines du curcuma et le resvératrol, principalement dans les raisins, le vin et le chocolat noir. Consommés en quantité importante, les flavanols du cacao boosteraient les performances visuelles et cognitives, d’après une étude sur de jeunes adultes parue en 2011 dans le journal Physiology & Behavior. Mais attention, seul le chocolat noir très concentré en cacao contient suffisamment de flavanols pour avoir un réel effet, soit la consommation 1 à 2 carré( s) de chocolat à plus de 90 % de cacao chaque jour.
Autre aliment incontournable à privilégier dans son assiette : l’œuf, et plus précisément son jaune, qui contient une quasi-vitamine, la choline. Or, cette vitamine est essentielle pour la synthèse d’acétylcholine, un neurotransmetteur associé à la mémoire. À noter qu’une carence en acétylcholine est liée à la maladie d’Alzheimer et à la démence. Et l’on peut sans aucun risque sur la santé consommer 1 œuf par jour, recommandé, du reste, au petit déjeuner !
V/ Détoxinez le cerveau
• en bannissant les aliments ultra- transformés et en mangeant « bio » : ainsi, on évite une bonne partie des polluants alimentaires (conservateurs, additifs, pesticides et herbicides des fruits et légumes, antibiotiques des animaux d’élevage…) ;
• en optant pour des petits poissons (sardines, anchois…), de préférence d’origine sauvage pour éviter la contamination par les métaux lourds ;
• en choisissant un matériel de cuisine « sain » : évitez au maximum les ustensiles en téflon, aluminium, les boîtes de conservation en plastique…
Assiette végétarienne
Blettes à la tomate, brouillade d’œufs au céleri et radis noir
Dressez l’assiette complète avec une portion de brouillade d’œufs, une portion de blettes à la tomate parsemées de gomasio, une portion de salade verte avec des copeaux de radis noir assaisonnés avec du vinaigre balsamique et de l’huile de noix, des graines germées.
Assiette avec poisson
Étouffée de chou rouge et patates douces, « rillettes » de sardines aux graines de lupin et sésame noir, betterave rouge crue
Dressez l’assiette complète avec une portion de chou rouge et patates douces arrosés d’huile de noix, une portion de betteraves rouges crues râpées assaisonnées avec de l’huile de pépins de courge et du vinaigre de cidre, des tartines de « pâté » de pois chiches (par exemple) et des graines germées.